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Double désillusion pour les 40 ans du label AB

Amer anniversaire pour la certification Agriculture Biologique. Ce jeudi 22 mai dernier, l’Agence Bio célèbrait les 40 ans du label AB au cours d’un festival organisé au siège du quotidien Le Monde à Paris. Une joyeuse occasion de dévoiler le premier spot de la campagne publicitaire « C’est bio la France » orchestrée par la même Agence Bio. Las ! Quelques jours auparavant, le ministère de l’Agriculture s’était chargé de refroidir l’ambiance en décidant une baisse drastique des crédits de l’Agence, dont il a la tutelle.

La diffusion de la première campagne TV pour les produits bio sera écourtée du fait des coupes budgétaires.

Une cure d’austérité pour les 40 ans du label AB

Le budget de l’Agence bio passera en effet de 18 millions à 8,7 millions d’euros entre 2025 et 2026… Sans compter les cinq millions de la campagne de publicité « C’est bio la France », qui ont été purement et simplement annulés ! Les premiers spots « C’est Bio la France » ont néanmoins fait leur apparition la semaine dernière sur les écrans nationaux et une deuxième vague prévue pour septembre sera maintenue. Elle est en effet financée sur les budgets 2024. Mais la suite programmée pour 2026 est annulée.

« À l’heure où la consommation de bio redémarre et où la grande distribution remet des produits
bio en rayon, la première campagne TV du bio sur les écrans (…) visait à soutenir cette dynamique. Aujourd’hui, le Gouvernement fait le choix d’abandonner (…) avant même les résultats de sa première année
 », déplore un communiqué de Jean Verdier, président de l’Agence Bio et administrateur du Syndicat des transformateurs et distributeurs de produits bio.

La relance la consommation bio mise en sourdine

Cette campagne télévisée avait pour ambition de contribuer à la relance de la consommation de produits bio, en baisse ces dernières années. Elle a été décidée en 2022 dans le cadre d’un plan de relance financé par la ministère de l’Agriculture, alors dirigé par Marc Fesneau et par le secrétariat général à la planification écologique. Annie Genevard, l’actuelle ministre de l’Agriculture, l’a écourtée en application de la politique de réduction du déficit public.

« Le ministère vient de trouver 30 millions d’euros pour sauver la filière noisette qui représente 350 fermes en France, mais ses poches sont vides quand il s’agit des 60 000 fermes bio qui produisent une alimentation saine et protègent les ressources », critique Loic Madeline, coprésident de la Fédération nationale de l’Agriculture biologique, qui a été la première à donner l’alerte.

L’aide aux investissements de filière délestée

Mais le plus inquiétant aux yeux des professionnels de la bio, c’est la coupe claire opérée sur le budget du Fonds Avenir Bio. De son vrai nom « Fonds d’accompagnement de structuration des filières biologiques », celui-ci a été mis en place en 2008 à l’occasion du Grenelle de l’Environnement. Il joue un rôle d’amorçage le financement d’infrastructures collectives en France. Selon l’Agence Bio, chaque euro distribué par le Fonds permet de libérer un à trois euros de financements complémentaires, publics et privés, pour ces projets d’infrastructures.

Plus de 350 d’entre-elles ont ainsi bénéficié de ses aides : silos à grains, moulins, laiteries, ateliers de découpe de viande, plateformes logistiques… En 2024, le fonds Avenir Bio a été abondé de cinq millions d’euros au titre des crédits de la planification écologique pour atteindre 18 millions d’euros.

Sa réduction drastique l’an prochain empêchera donc l’Agence Bio de « satisfaire toutes les demandes des porteurs de projets », ne peut que constater Jean Verdier. « Une fois payé les projets validés l’an dernier, il nous restera 3 millions à distribuer. Or les projets affluent : 28 entrepreneurs ont déposé les dossiers et sont en attente », a pour sa part précisé Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio, devant la Commission sénatoriale d’enquête sur les Agences de l’État, le même 22 mai dernier.

Un revirement est-il encore possible ?

Dans ce contexte, Jean Verdier nous a affirmé qu’il « ne désespère pas de convaincre les Parlementaires de restaurer nos budgets ». Qui sait ? En janvier dernier, l’Agence Bio est parvenue à sauver son existence après le vote d’un amendement sénatorial supprimant purement et simplement son budget de fonctionnement (2,9 millions d’euros). L’amendement avait été finalement retiré en commission mixte paritaire après une levée de boucliers des syndicats et filières agroalimentaires.

L’auteur de cet amendement n’était autre que le sénateur Duplomb, auteur de l’actuelle proposition de loi visant à « faciliter le métier d’agriculteur ». Ce dernier cristallise, on le sait, l’opposition entre les acteurs et soutiens respectifs des agricultures conventionnelle et biologique. Quant à la ministre de l’Agriculture, elle ne s’était pas opposée à la suppression de l’Agence Bio, espérant générer des économies en la regroupant avec d’autres services de l’État en charge de la bio. Changera-t-elle d’avis ? « Sur la période 2021-2024, le Fonds Avenir Bio a pu être exceptionnellement renforcé par le Plan France Relance et par les moyens consacrés à la planification écologique », explique un communiqué de ministère de l’Agriculture publié pour les 40 ans de la création du label AB. Si ce n’est pas une réponse, cela lui ressemble…

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