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Le changement climatique affecte les récoltes agricoles françaises

Des grandes cultures à la noix AOC du Périgord, en passant par le miel et la viticulture, de nombreuses productions agricoles ont souffert en 2024. Après la sécheresse de 2023, les récoltes subissent les effets d’un trop plein de pluies en 2024. D’une année sur l’autre, l’imprévisibilité météorologique souligne à quel point l’adaptation au changement climatique est un défi pour les filières agricoles.

En 2024, la production céréalière française reculerait de 10 millions de tonnes par rapport à 2023. Soit une baisse de 15,5 % de la production par rapport à 2023 et de 14,3 % par rapport à la moyenne 2019-2023, selon les estimations arrêtées au 1ᵉʳ août dernier d’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture. En cause, « les pluies incessantes depuis mi-octobre ont perturbé les semis, les interventions des agriculteurs dans les champs ainsi que les chantiers de récolte. Le défaut de rayonnement pendant la floraison ou en fin de cycle a également affecté le développement de certaines cultures. » Après la sécheresse de 2022-2023, c’est donc le trop-plein de pluie qui a affecté les récoltes cette année.

La production viticole au plus bas

Les grandes cultures ne sont pas les seules concernées. Toujours selon Agreste, la production viticole nationale se situerait en 2024 entre 40 et 43 millions d’hectolitres, un niveau inférieur à 2023 et à la moyenne 2019-2023. La quasi-totalité des bassins viticoles est concernée. « Cette année, de nombreux vignobles ont été marqués par des phénomènes de coulure (chute des fleurs ou des jeunes baies) et parfois de millerandage (taille variable des baies), conséquence de conditions humides et fraîches lors de la floraison », décrit Agreste. Le mildiou, favorisé par les conditions humides du début de l’été, touche la plupart des bassins viticoles et pourrait causer des pertes importantes… Un nouveau coup dur pour un secteur confronté à une crise de la demande.

Surmortalité dans les ruches

En juin dernier, les apiculteurs français alertaient de leur côté sur les mauvaises perspectives de production 2024 « dans la plupart des régions françaises ». Le printemps maussade, ses pluies, gelées et températures en deça des normes de saison ont privé les abeilles de nectar et accru la mortalité dans les ruches. « Ce printemps 2024 souligne une fois de plus la vulnérabilité de l’apiculture face aux changements climatiques. Les apicultrices et apiculteurs, déjà confrontés à des défis structurels, voient leurs difficultés s’aggraver », analyse l’Union Nationale de l’Apiculture Française.

Restructurer les noyeraies du Sud-Ouest

Autre production traditionnelle, la récolte de noix s’annonce faible dans le Sud-Ouest, notamment de celles sous AOP Périgord, où de nombreux arbres sont morts du fait des pluies, tandis qu’un manque de pollinisation entravait la pousse des noix. Cette nouvelle mauvaise année frappe une profession atteinte par la surproduction mondiale il y a deux ans et affaiblie par des maladies arboricoles l’an dernier. Toutefois, les productions concurrentes du Chili et des États-Unis (victimes notamment de chaleurs excessives) sont en baisse. Les cours ne devraient donc pas être affectés.

Par ailleurs, l’autre grande aire française de production, Grenoble et la région Aura, s’en sort mieux que le Sud-Ouest. Mais les difficultés de cette dernière pourraient bien repousser le projet de création d’une filière « noix » nationale. D’ores et déjà, un programme de partenariat promotionnel entre les deux AOP françaises de noix pour relancer la consommation domestique en berne, semble avoir fait long feu. « Nous devons nous concentrer sur la restructuration des vergers, d’autant qu’il faut au minimum cinq ans pour pouvoir récolter », a confié Fabien Joffre, président du Syndicat professionnel de la noix du Périgord au média Freshplaza. Outre les demandes d’aides aux pouvoirs publics, la réflexion porte sur la recherche variétale et le stockage des excédents d’eau en hiver. Un programme de longue haleine.

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