Spécialisés dans la distribution de produits issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique et des circuits courts, les deux magasins du réseau L’Épicerie Équitable continuent de prospérer malgré une conjoncture difficile. Entretien avec Romain Gaidioz, fondateur du concept.
Le monde de l’épicerie fine – Pouvez-vous revenir sur la genèse du concept L’Épicerie Équitable ?
Romain Gaidioz – Initialement, L’Épicerie Équitable est un pure player, avec le lancement de son site internet, www.epicerie-equitable.com, en décembre 2004. Il a d’ailleurs été récemment mis à jour pour la première fois. En 2005, j’ai ouvert la première épicerie physique à Lyon, puis en 2007, une seconde à Lille, au sein des Halles de Wazemmes, un espace regroupant 25 commerçants de bouche. Cette dernière est actuellement gérée par Alexandre Sabau. En 2019, Chloé Achille, une ancienne épicière de la boutique de Lyon, a décidé d’ouvrir une troisième Épicerie Équitable à Nantes. Malheureusement, cette boutique n’a pas survécu à la pandémie de Covid-19, suivie par l’inflation, qui a durement affecté les commerces équitables et bio. Chloé a dû cesser son activité il y a trois mois. Le concept de L’Épicerie Équitable repose sur des commerces spécialisés dans la distribution de produits issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique et des circuits courts, avec une démarche zéro déchet et de vente en vrac. Bien que 90 % de nos produits soient certifiés biologiques, L’Épicerie Équitable ne se revendique pas comme une épicerie bio, car ce n’est pas notre critère principal. Nous pensons que le critère social est plus important que le critère environnemental : le respect de l’environnement découle souvent du respect social, alors que l’inverse n’est pas toujours vrai. Pour nous, le label bio n’est donc pas suffisant, tout comme le vrac ou le zéro déchet, qui ne répondent qu’à une partie du problème. En plaçant l’humain au cœur de notre démarche, tout le reste suit naturellement.
Notre concept va au-delà de l’incitation à une consommation responsable : si nous devons choisir des consommables pour la petite restauration ou entreprendre des travaux en magasin, nous sélectionnons des prestataires et des produits respectueux de l’humain et de l’environnement. En résumé, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est notre raison d’être.
LMEF – Comment se portent les épiceries à Lyon et à Lille ?
R.G. – Comme pour de nombreux commerces et épiceries fines bio et de consommation responsable, les temps sont durs depuis l’été 2021. De nombreux confrères, indépendants comme franchisés, ont dû fermer. À L’Épicerie Équitable de Lyon et de Lille, nous nous maintenons grâce à un socle de clients fidèles. Nous observons une reprise depuis quelque temps, avec une clientèle plus ponctuelle qui revient en magasin. Nous redoublons d’efforts et d’innovations pour attirer davantage de monde. À Lyon, nous proposons une offre de petite restauration, avec une carte régulièrement renouvelée pour diversifier notre offre. À Nantes, ils se sont spécialisés dans les boissons – chaudes, froides, alcoolisées ou non – tout en offrant une belle sélection de produits d’épicerie.
LMEF – Comment procédez-vous pour sourcer vos produits ?
R.G. – Tout d’abord, nous examinons la provenance : s’agit-il d’une production locale ou plus lointaine ? Nous privilégions le local, et pour les acteurs plus éloignés, nous demandons qu’ils participent activement à l’économie équitable, de préférence en filière intégrée, comme les entreprises répertoriées par l’association Minga. Ensuite, nous portons une attention particulière à la composition et à la qualité du produit. Enfin, pour rester fidèles aux principes du commerce équitable, nous ne négocions pas les prix, car cela irait à l’encontre des fondements de notre projet et de nos valeurs.
LMEF – Quels sont les produits que vous vendez le mieux ?
R.G. – Les produits les plus vendus varient d’une boutique à l’autre. À Lille, ils vendent plus de 20 000 cafés par an ! La vente de thés, infusions et cafés en vrac représente une part importante du chiffre d’affaires. À Lyon, les huiles, vinaigres, fromages et fruits et légumes se vendent très bien. La vente de plats à emporter est également forte, en raison des nombreux bureaux autour de l’épicerie.
LMEF – Organisez-vous des animations en points de vente ?
R.G. – À Lyon, nous organisions autrefois une fête de la bière appelée la « Nano fête des micro-brasseries ». La cinquième édition a eu lieu en 2019, mais nous avons ensuite arrêté. À l’époque, la bière artisanale n’était pas aussi connue et répandue qu’aujourd’hui ; cet événement nous permettait donc d’attirer du monde et de nous démarquer. En septembre dernier, nous avons lancé la « Nano fête populaire », un événement convivial où nous fermons la rue pour proposer boissons, nourriture et danse. L’ambiance était très conviviale et chaleureuse.
LMEF – Quelle est la prochaine étape ?
R.G. – À Lyon, nous continuons à enrichir notre proposition de nourriture préparée sur place par notre cheffe cuisinière. En plus de notre offre de petite restauration salée (plats et sandwichs), elle développe progressivement l’offre sucrée avec des biscuits faits maison, variant en fonction de la saisonnalité et des arrivages. Un autre axe de développement est notre service de traiteur, aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels.
Propos recueillis par Laura Margis
Fiche technique (informations sur la boutique de Lyon)
Date d’ouverture de la première boutique : 03 décembre 2014
Nom des gérants : Romain Gaidioz
Surface de vente : 75 mètres carrés
Nombre de références : 2000
Nombre de personnes sur la surface de vente : 6
L’Épicerie Équitable
78 rue Montesquieu
69007 Lyon
04.37.28.07.71
Facebook : @L’Epicerie Equitable Lyon Guillotière
Instagram : @epicerie_equitable