
La société d’études ProtéinesXTC a récemment tenu un webinaire sur les grandes tendances de son Baromètre de l’Innovation alimentaire mondiale. Principale conclusion : les nouveaux produits sont aujourd’hui à la fois plus « joyeux » et plus fonctionnels.
Tous les ans, le Baromètre analyse l’ensemble des produits innovants lancés dans le monde au cours de l’année précédente, recensées sur la base de données New Food Data alimentée par ProtéinesXTC. Et pour ce millésime 2025, « il y a clairement un changement : on est sur une innovation à la fois plus fonctionnelle et plus joyeuse », déclare Xavier Terlet, expert innovation de l’agence. La notion de plaisir alimentaire prend en effet de nouvelles dimensions.
Manger reste un plaisir
Certes, l’association entre alimentation et plaisir n’est pas nouvelle. C’est même, rappelle Xavier Terlet, « la règle numéro 1 » de l’innovation alimentaire. À l’échelle mondiale, 55,6 % des nouveaux produits alimentaires affichaient une dimension de plaisir en 2024. En France, pays de la gastronomie, c’est 63,7 %. Et cet attribut progresse. En 2023, les chiffres étaient de 60,8 % pour la France et de 52,1 % pour le monde.
Compenser les angoisses
Mais le fait marquant de 2024 est que ce plaisir devient « plus léger, plus joyeux », souligne Xavier Terlet. Cela se traduit par l’apparition de « produits un peu plus sympas avec de la couleur, des formes nouvelles, des clins d’œil », décrit l’expert. Ils seraient un moyen de « repeindre la vie en rose » dans le contexte d’enchaînement de crises (Covid, Ukraine, inflation…) que l’on vit actuellement…
À la recherche de sensations fortes
Parallèlement, le consommateur éprouve le besoin de sensations fortes. « Le mot intense revient très régulièrement aujourd’hui sur les packagings des produits. Le consommateur veut de la puissance de goût », remarque Xavier Terlet. L’explosion de la consommation de piments se confirme. De même que d’autres ingrédients dans l’air du temps : le gingembre « et aussi la truffe, une saveur qui n’est pas nouvelle mais qui se maintient », indique-t-il. La stimulation sensorielle passe aussi par les textures, des bubbles aux effilochés…
Le boulet de l’ultra-transformation
Cette quête de légèreté et d’intensité s’accompagne d’une évolution dans la notion de naturalité. Le végétal se transforme. Le bio ne triomphe plus et l’offre de nouvelles alternatives végétales se stabilise. « Les produits de substitution à la viande ont progressé rapidement en 2017-2018 mais s’est stabilisée depuis à 6-7% de l’innovation en France », décrit l’expert. Si leur goût s’est amélioré, le caractère ultra-transformé de ces produits reste une de leurs faiblesses.
Les métamorphoses du végétal
Face à la critique, « même les start-up communiquent sur leurs listes courtes d’ingrédients. Et l’on voit apparaître des arguments autour du ”naturellement végétal”, à base de légumineuses notamment », explique en substance Xavier Terlet. Ces innovations prennent position sur des moments ou modes de consommation porteurs, comme l’apéritif ou le snacking. Ce qui leur permet de tenter de conquérir les « flexitariens ». Cette population soucieuse de végétaliser partiellement sont alimentation est au moins dix fois plus importante que celle des végétariens.
Aliments et compléments convergent
Mais l’année 2024 est surtout celle d’un « virage, celui de la progression des bénéfices fonctionnels », annonce Xavier Terlet. Celle-ci se traduit par la multiplication des promesses liées à la performance physique ou mentale, au bien-être et plus généralement à la santé. Ils conduisent à une convergence entre alimentation et compléments alimentaires dans un mouvement qui d’ailleurs conduit ProtéinesXTC à se rapprocher de la société de conseil en innovation nutritionnelle Nutrikeo.
Protéines et électrolytes pour le corps
La première promesse d’alimentation fonctionnelle reste le renforcement des défenses immunitaires. « Elle a explosé après le Covid et continue de s’affirmer aujourd’hui », expose-t-il. Le renforcement de la teneur en protéines des aliments est une autre tendance. Elle vise notamment à satisfaire les besoins en énergie. Dans le prolongement, l’alimentation sportive des marques et magasins de sport. Un intérêt plus récent pour l’hydratation prolonge la tendance. Il est soutenu par des boissons incluant des électrolytes, ces minéraux qui permettent d’améliorer la fonction musculaire.
Adaptogènes et moringa pour l’esprit
Les aliments anti-stress « reviennent également en force avec de multiples ingrédients » souvent présentés comme naturels ou végétaux. Les champignons adaptogènes sortent du ghetto et les extraits de moringa – « que l’on appelle aussi l’arbre au mille bienfaits » – débordent de l’univers des tisanes ou des compléments alimentaires pour être intégrés dans les recettes de produits de consommation courante.
Collagène pour tous
Parmi les ingrédients fonctionnels à succès, on trouve enfin le collagène. Cette protéine associée à la formation des cellules osseuses, du cartilage et de la peau est plébiscitée pour ses supposés bienfaits sur l’épiderme, les articulations, les muscles… Son usage s’inscrit dans une tendance transversale en matière d’alimentation fonctionnelle : l’individualisation de la promesse en fonction du besoin de chacun, qu’il corresponde à une étape de la vie (enfant, senior, grossesse…), un état de santé, une activité ou un moment de consommation.