En 2024, les dépenses des ménages français en produits alimentaires bio ont augmenté de 8 % en valeur, pour atteindre 12,2 milliards d’euros TTC. La France reste le deuxième marché bio européen derrière l’Allemagne (17 Mds €) et devant l’Italie (6,5 Mds €). Mais ces deux pays enregistrent une croissance plus vivace que la France (+ 5,7 % chacun). Au sein de l’Union européenne, l’Hexagone fait mieux que la Suède(- 1,5 %), numéro quatre européen. Mais moins bien que l’Espagne (+ 8 %) qui est numéro cinq. Hors UE, le Royaume-Uni (4,5 Mds €, + 7,3 %) et la Suisse (4,4 Mds €, +1,8 %) sont également en plus forte hausse.
Un recul du marché bio du à la grande distribution
En France, « la grande distribution a marqué le pas. Les magasins bio, la vente directe, les artisans et petits commerces sont en augmentation de chiffre d’affaires. La part du bio dans la consommation se maintient autour de 6 % », décrit Jean Verdier. Or la grande distribution reste le premier circuit de vente de produits bio avec 47,7 % du marché de la consommation alimentaire à domicile (5,8 Mds €, – 5,1 %).
Les 2 697 magasins bio pèsent 23 % à 3 ,53 Mds € (+6,5 %). Les ventes directes à la ferme arrivent ensuite à 13,5 % (1,65 Md €). Pratiquées par 27 600 producteurs (45 % des fermes bio), elles affichent la plus forte hausse (+7,4 %). Le secteur des artisans et commerçants, qui pèse 9,8 % du marché grand public avec 1,19 Md €, se montre également dynamique, avec une hausse de 6,9 %. À cela s’ajoutent 826 millions d’euros HT de ventes en gros à la restauration. La restauration commerciale (325 M€) affiche une progression de 7,7 %, la restauration collective (501 M€) augmente de 3,3 %. L’export (1,16 Md €) est en hausse de 10 %.
Les vins bio et fruits et légumes résistent
Par catégories de produits, l’évolution des ventes demeure contrastée. Les vins bio (+8 %) et les légumes (+9 %) affichent les plus belles croissances. L’épicerie salée, la boulangerie-pâtisseirie fraîche les boissons végétales et les fruits maintiennent la tête hors de l’eau entre +2 % et +3 %. Les ventes d’épicerie sucrée, de crémerie et d’autres boissons alcoolisées sont à -1 %. Le traiteur/produits de la mer/surgelés (-7 %), les viandes (-6 %) et les boissons sans alcool (hors végétales) sont les trois grands perdants. En magasins bio, les produits phare sont les conserves de fruits et légumes, les légumes et fruits frais, les produits laitiers transformés et les huiles.
En termes de consommation, l’optimisme est de mise pour 2025. Depuis le début de l’année en effet, « on observe un dynamisme certain en épicerie », précise Laure Verdeau, directrice générale de l’Agence Bio. « Le circuit spécialisé bio maintient sa croissance entre 5 et 7 % selon les enseignes. Les ventes bio dans les magasins de proximité de la grande distribution connaissent eux aussi un regain de croissance. Les grands transformateurs pure players bio historiques confirment une remontée de l’activité en 2025 par rapport à 2024 », complète Jean Verdier.
Le renouvellement des fermiers bio sous tension
Mais ces encourageantes nouvelles côté demande s’accompagnent de moins bonnes du côté de l’offre. « En surface bio cultivée, la France recule, déplore en effet Jean Verdier. Elle est désormais dépassée par l’Espagne. Cette année, nous avons perdu 56 000 hectares bio, l’an dernier 54 000. Nous avons perdu les grandes cultures, tandis que gains de surfaces intègrent 6 000 hectares de coriandre destinée à la filière non alimentaire des plantes aromatiques et médicinales. » La France est au milieu du classement européen en termes de surfaces agricoles bio.
Mais la part du bio dans les surfaces cultivées se tasse légèrement à 10,1 % (10,3 %) l’an dernier. Laure Verdeau décrit ainsi un solde de nouveaux exploitants bio qui reste positif (+1 %) « mais qui s’amenuise. La tension va se jouer maintenant avec la reprise de la demande. Il serait dommage que celle-ci se traduise par une augmentation des importations ». Une perspective inquiétante, alors que les filières bio françaises sont jusqu’à présent globalement restées autosuffisantes.
Les entreprises de transformation en berne
À l’aval de la production agricole, les difficultés de la filière restent par ailleurs très présentes. Le nombre d’opérateurs (24 975) recule de 4,5 %. Parmi ces derniers, seul le nombre des entreprises de stockage et de conditionnement augmente. Les transformateurs sont en recul de 4,2 %, les détaillants certifiés bio de 5,2 %. Artisans et petits commerçants se replient de 5,5 %, les restaurants de 5,8 %. Au moment où la consommation frémit, le redressement de la filière bio reste un défi. Les pouvoirs publics, qui viennent de sabrer drastiquement dans les aides aux investissements de la filière, y sont manifestement indifférents.
Cliquez ici pour visualiser les chiffres et infographies de l’Observatoire de la Consommation Bio que vient de rendre public l’Agence bio.