1.etude affichage integral harmonise en verite x appinio 08 10 2024

Est-il réaliste d’obliger l’alimentaire à un « affichage intégral harmonisé » ?

Après avoir obtenu du gouvernement qu’il initie le label Origin’Info, le Collectif En Vérité complète son plaidoyer en faveur d’une transparence totale sur les produits alimentaires. Test consommateur à l’appui, il propose un « affichage intégral harmonisé » qui synthétiserait les informations nutritionnelles, environnementales et sur l’origine des produits.

Qu’est-ce que serait l’affichage intégral harmonisé alimentaire ?

L’affichage intégral harmonisé prendrait la forme d’une étiquette imprimée sur packaging qui rassemblerait les logos Nutriscore, Planet-Score et Origin’Info. « La combinaison de ces trois informations permet de répondre clairement aux 3 questions qu’ils posent en permanence sur ce qu’ils mangent : d’où ça vient, par qui c’est fait et comment c’est fait », explique David Garbous, directeur général du Collectif En Vérité, qui regroupe une soixantaine de PME alimentaires.

Le rapprochement de ces trois indices ne tient pas du hasard. Un sondage mené par l’institut Appinio (voir méthodologie ci-dessous) confirme en effet que 92 % des Français connaissent le Nutri-Score et que 72% d’entre eux prennent en compte ce label dans leurs décisions d’achat.

Le précédent du label Origin’Info

L’enquête montre par ailleurs que 86 % des sondés souhaitent connaître l’origine des produits et de leurs ingrédients. Cette attente a motivé la création du label Origin’Info par l’ancienne ministre des PME et du Commerce Olivia Grégoire. Autre affichage émergent, le Planet-Score, qui informe sur l’impact environnemental, commence à être connu. « Les consommateurs plébiscitent en outre sa complémentarité avec l’affichage » sur l’origine, se félicite le Collectif En Vérité.

Les consommateurs sont-ils favorables à ce nouvel affichage ?

L’étude établit que sept personnes sur dix « trouvent que l’affichage intégral harmonisé est plus clair pour le consommateur et simplifie le choix ». Et pour plus d’un français sur deux cet affichage « apporte plus de transparence et donne toutes les informations dont ils ont besoin ».

Quels seront les impacts en termes de ventes ?

Comme il l’avait fait pour Origin’Info, le Collectif a fait mener une étude pour évaluer l’effet de son projet d’affichage intégral sur les intentions d’achat dans trois catégories de produits. Sur chacune d’entre elle, le leader a été confronté à deux challengers, dont un membre du Collectif En Vérité. Les résultats sont éloquents.

Dans la catégorie des pâtes à tartiner, « dès que les informations sont affichées, les marques plus vertueuses voient leurs intentions d’achat multipliées par près de 20 ». Ce phénomène se vérifie dans une moindre mesure, mais avec des multiplicateurs significatifs, pour les alternatives végétales (x3,5) et les sauces tomates (x4,4).

Y a-t-il des risques de manipulation ?

L’étude a également mesuré les conséquences d’un affichage partiel. Et parvient à la conclusion qu’une marque qui ne met en avant que les indicateurs qui l’arrangentparvient à influencer les consommateurs en sa faveur. « Cela peut marcher à court terme mais sur le long terme, cela poserait des problème de confiance » envers les marques, s’inquiète David Garbous. Le Collectif recommande de rendre l’affichage intégral harmonisé obligatoire pour tous les produits alimentaires.

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Le dispositif est-il sans faille ?

La généralisation d’un affichage intégral pose cependant des problèmes techniques, stratégiques et politiques. Techniquement, il n’y a pas toujours la place pour une étiquette supplémentaire sur les emballages. Dans ce cas-là, la solution du QR-Code s’impose. Mais « cette dématérialisation ne fonctionne pas très bien » admettait Sébastien Loctin, cofondateur du Collectif En Vérité et gérant de Biofuture (marques Quintesens Bio et .nod), lors de la présentation de l’étude.  Très peu de consommateurs s’astreignent en effet à scanner un QR-Code en magasin.

Autres difficulté avancée par un représentant de la marque Sojade : la dimension nationale de ce projet d’affichage intégral. Lorsque l’on crée des produits vendus dans toute l’Union européenne, apposer un affichage qui n’est pas reconnu par les autres consommateurs européens n’a pas de sens et en créer un spécifique pour le marché domestique a un coût.

Un consensus est-il possible ?

Pour Origin’Info, la ministre, Olivia Grégoire avait mené une concertation qui a abouti à une charte à laquelle ont adhéré 119 marques. C’est beaucoup et peu à la fois. Les marques signataires les plus connues appartiennent à des groupes familiaux français ou des ETI nationales (Bonduelle, Fleury Michon, Panzani…). Mais aucune multinationale n’a suivi.

Origin’Info est donc resté facultatif, comme le Nutriscore avant lui… Lequel est aujourd’hui remis en cause par certains de ses soutiens historiques. Tel le groupe Danone, qui vient de le retirer le Nutriscore de ses produits les plus sucrés suite au durcissement de l’échelle de notation du label. Ou encore  la marque bio de grande consommation Bjorg, qui a choisi de ne miser que sur le Planet-Score.

Le gouvernement a-t-il envie de s’engager ?

Dans ce contexte, le Collectif En Vérité poursuit son action militante. Il a notamment pris contact avec le cabinet de Laurence Garnier, la nouvelle secrétaire d’État chargée de la Consommation. Reste à savoir si cette dernière aura envie de s’engager plus avant et quelle sera son influence sur le gouvernement français et ses homologues européens.

Selon Sabine Bonnot, porte-parole du Planetscore, « le contexte européen ne permet pas de rendre le dispositif obligatoire en France ». L’affichage intégral harmonisé devra donc vraissemblablement s’imposer par le seul engagement des marques qui l’adopteront. Cela risque de prendre du temps. Comme cela a été le cas pour le Nutriscore, aujourd’hui devenu un indicateur de référence dans l’esprit des consommateurs.

*Méthodologie

Étude menée du 5 au 19 septembre 2024 sur les comportements des consommateurs français face aux produits alimentaires. Ce travail a été conduit en deux volets : une enquête nationale auprès de 1000 répondants âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population française et une étude approfondie auprès de 300 acheteurs de pâte à tartiner, 300 acheteurs de sauce bolognaise et 250 acheteurs de steaks/substituts végétaux).

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