Les Français ont basculé « d’une alimentation axée sur des préoccupations santé et environnement vers une alimentation plaisir », constate l’édition 2024 du Baromètre des produits biologiques publié tous les ans par l’Agence bio.
D’abord réduire le gaspillage alimentaire
Crise du pouvoir d’achat oblige, les français ont ajusté la hiérarchie des priorités en matière d’environnement. Ainsi, si près des trois-quarts des personnes interrogées sont préoccupées par les questions environnementales, cette proportion est en baisse de 8 points par rapport à 2022.
C’est également le cas pour leurs engagements dans le domaine de l’alimentation. Depuis deux ans, la volonté d’éviter les pertes et le gaspillage arrive en tête de leurs priorités (67 % contre 56 % en 2021). Le désir de consommer des produits de saison (56 %) et d’acheter des produits locaux (43 %) arrivent ensuite.
La santé relégué à l’arrière-plan
Plus surprenant, la part des sondés qui se disent attentifs aux effets de l’alimentation sur leur santé est en recul de 4 points par rapport à 2022 même si elle reste élevée, à 65 %. La part de ceux qui sont tout-à-fait d’accord avec le fait de veiller à manger des produits sains et variés est même passée de 42 % à 27 % entre 2021 et 2023. Celle des Français qui regardent systématiquement la composition nutritionnelle a chuté de 11 points pour tomber à 15 %…
Certes, pour 43 % des Français, « bien manger » signifie avant tout avoir une alimentation équilibrée. Ce critère est resté à peu près stable (- 2 points) d’une année sur l’autre. Mais il est désormais rattrapé par celui du « plaisir des sens » (+ 15 points à 42 %), tandis que satisfaire « un moment de convivialité partagée » recueille l’adhésion de 32 % (+ 10 points). Ces deux items devancent désormais l’idée d’une « alimentation qui ne porte pas atteinte à la santé » (28 %, – 6 points).
Les prix plus élevés moins acceptés
Ce changement d’attitude a un effet direct sur les motivations à manger des produits bio. La préservation de leur santé ne motive plus que 53 % des consommateurs mensuels de bio (- 4 points en un an, – 6 points en quatre ans). Le goût des produits n’est incitatif que pour 37 % d’entre eux (- 5 points en un an, – 14 points en quatre ans), à égalité avec la préservation de l’environnement (respectivement – 6 points et – 8 points).
Les Français sont aussi moins nombreux à se sentir bien informés sur l’impact sur la santé des produits bio (- 4 points par rapport à 2022 à 41 %) et sur leurs effets sur l’environnement (- 4 points à 39 %). Dans ce contexte, les prix plus élevés du bio leur paraissent moins justifiés. Désormais, 38 % des personnes interrogées sont tout à fait d’accord avec l’affirmation selon laquelle « le bio, c’est surtout du marketing » (+ 11 points) et 36 % avec l’idée que le bio sert surtout à justifier des prix plus élevés (+ 21 %).
Le nombre de consommateurs bio réguliers baisse moins
En toute logique, cette prise distance avec le bio se traduit par une baisse de part de ceux qui consomment des produits bio au moins une fois par mois (- 6 points à 54 %), de même que celle des consommateurs hebdomadaires (- 4 points à 30 %). Ces baisses sont toutefois moins fortes que celles qui ont eu lieu entre 2021 et 2022 (respectivement – 16 et – 18 points).
Dans ce contexte, l’Agence Bio a réorienté ses actions de communication autour de la notion de plaisir. Elle a pour cela noué des partenariats avec des chefs cuisiniers ambassadeurs et organise une tournée en bus en France pour expliquer la bio, comme nous l’a expliqué Jean Verdier, président de l’Agence Bio. Constatant par ailleurs une forte attente de produits bio en restauration commerciale et collective, l’organisation a par ailleurs lancé le programme « Cuisinons plus bio » pour promouvoir le bio dans les restaurants et cantines.
Méthodologie du Baromètre des Produits Bio
Le Baromètre de perception et de consommation des produits biologiques en France est publié chaque année par l’Agence Bio. Il est réalisé par l’ObSoCo auprès d’un échantillon représentatif de 4000 consommateurs. Rendue publique la semaine dernière au Salon de l’Agriculture, l’édition 2024 marque un retournement.