Selon le transformateur Reitzel, impliqué dans la relance de la production de cornichons français, la récolte 2024 a souffert de conditions climatiques défavorables. L’entreprise confirme toutefois la poursuite de son soutien à la reconstruction à cette filière encore fragile.
En 2024, la filière de cornichons français soutenue par le groupe Reitzel a produit 464 tonnes de cornichons. Soit dix fois plus qu’en 2020. Et encore, le tonnage aurait pu être meilleur si les conditions climatique n’avaient pas été aussi défavorables. La saison a en effet démarré avec deux semaines de retard, mi-juillet, pour s’achever avec deux semaines d’avance.
L’an dix de la relance des cornichons français
« Le cornichon s’épanouit entre 15 et 35°C, et peut voir sa taille doubler en l’espace d’une journée. La plante a besoin d’un ensoleillement important et d’apports réguliers en eau. Une saison trop fraiche ou humide peut limiter fortement les rendements », communique le transformateur. Pour Reitzel, l’année 2024 est donc « une année de transition avant la 10è année de la relance, en 2025 ». Selon Léopoldine Mathieu, Responsable Filières et Développement Durable du groupe, « il reste du chemin à parcourir pour obtenir une filière mature mais nous poursuivons ce travail passionné, main dans la main avec les agriculteurs en leur garantissant les mêmes engagements que les années précédentes ».
Un engagement auprès des producteurs
D’origine suisse, Reitzel a investi dans l’agroalimentaire français à partir des années 1990. Commercialisés sous les marques Hugo (en grande distribution) et Hugo Reitzel (en restauration), ses cornichons sont cultivés par des agriculteurs de la Sarthe, du Maine-et-Loire et d’Alsace. Le groupe leur garantit notamment un dédommagement à hauteur des frais d’installation en cas de pertes dues à la météo. La production se répartit entre 328 tonnes cultivées en agriculture conventionnelle et 128 tonnes en bio.
Des récoltes non mécanisables
En France, 98 % des cornichons consommés sont importés, pour la plupart d’Inde. La récolte des cornichons n’étant pas mécanisable, les industriels du secteur ont en effet massivement délocalisé la production dans les années 1990 pour bénéficier de bas coûts de main d’oeuvre. Reitzel elle-même n’a pas fait exception.
L’exception Maison Marc
N’ont résisté au mouvement de délocalisation que quelques rares artisans comme la Maison Marc. Bien connu dans les épiceries fines, ce producteur est établi dans l’Yonne depuis 1923. Henri Jeannequin, petit-fils du fondateur Marc Jeannequin, a repris l’exploitation en 2012 et construit la conserverie sur le terrain de la maison de son grand-père.
Henri Jeannequin considère toutefois les affichages des industriels de l’agroalimentaire en faveur du made in France comme « l’arbre qui cache la forêt » des importations, qui reste très majoritaires. Dans le cornichon en particulier, il indique que le tonnage est un indicateur insuffisant de l’engagement de la marque.
L’année des gros cornichons français
Pour avoir une vision plus exacte, il faudrait de « prendre compte le calibre des cornichons car souvent les industriels se contentent des plus gros, plus faciles à récolter », commente le dirigeant de Maison Marc. De fait, Reitzel indique avoir transformé cette année « davantage de gros cornichons » mais précise qu’il s’agissait d’une adaptation aux mauvaises conditions climatiques et non d’une volonté de sa part…
Vertueux en panne de cornichons bio
En 2021 , un autre fabricant, Vergers de Gascogne, a de son côté tenté de démarrer une filière de cornichons bio dans le Lot-et-Garonne, sous la marque Vertueux. Mais la production n’a pas suivi : « nous n’avons pas trouvé suffisamment d’agriculteurs intéressés par la culture du cornichon, qui est difficile à rentabiliser. Les enseignes bio étaient demandeuses mais nous avons du arrêter faute de pouvoir tenir nos engagements de volumes contractés avec elles », explique Pascal Lafont, directeur général de Vergers de Gascogne. Vertueux a en conséquence été repositionnée sur les alternatives végétales.