En novembre 2023, Capucine Jacquemain et Nil Bouaouni, anciens Parisiens, ont décidé de reprendre un commerce de bouche situé à l’Île-d’Yeu, où ils passent leurs vacances depuis leur enfance. Entretien avec Capucine, qui tient les rênes de Délicatesses aux côtés de Laetitia, sa salariée.
Le Monde de l’Épicerie Fine – Comment êtes-vous arrivés dans l’univers de l’épicerie fine ?
Capucine Jacquemain – Nous sommes arrivés dans cet univers un peu par hasard, finalement. Nous avions pour projet de quitter Paris, mais sans savoir précisément quand ni où. Nous sommes tous les deux très attachés à l’Île-d’Yeu, où nous avons passé de nombreuses vacances et où j’ai d’ailleurs rencontré Nil. Un jour, lors d’un énième séjour sur l’île, nous avons appris que le fonds de commerce d’une chocolaterie-épicerie fine était en vente. Nous nous sommes alors dit : « pourquoi pas nous ? ».
Après avoir rencontré les propriétaires et pris le temps de réfléchir, nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure ! Avec Nil, nous nous sommes associés, mais lui a conservé son emploi salarié, tandis que je gère la boutique au quotidien avec Laetitia, mon employée.
Je viens initialement du monde de l’hôtellerie et de la restauration, et je trouve que l’épicerie fine représente un bon compromis, notamment grâce à des horaires plus compatibles avec une vie de famille.
LMEF – Pouvez-vous nous présenter les évolutions majeures de votre offre par rapport à celle de vos prédécesseurs ?
C.J. – Comme je vous le disais, auparavant il s’agissait d’une chocolaterie-épicerie fine. Nous avons choisi de recentrer l’offre sur une épicerie fine généraliste, à laquelle nous avons ajouté un espace café, avec trois places assises à l’intérieur et douze à l’extérieur. Le local est doté d’une grande baie vitrée modulable, que l’on peut ouvrir ou fermer selon la météo, ce qui rend l’endroit chaleureux et convivial. Certains habitants du coin viennent chaque jour y prendre leur café, tandis que d’autres viennent pour se faire plaisir dans nos rayons ou trouver un cadeau à offrir.
Les anciens propriétaires avaient déjà une belle sélection de produits : nous en avons conservé un certain nombre et enrichi l’offre avec de nouvelles références. J’avais à cœur de mettre en avant la diversité des régions françaises, c’est dans cette optique que j’ai affiné la gamme. Ayant beaucoup voyagé, je tenais également à proposer une sélection de produits de cuisine du monde, notamment des spécialités asiatiques fabriquées en France ou en Europe, lorsque cela est possible.
LMEF – Quels sont les produits qui se vendent le mieux ?
C.J. – Cela dépend évidemment de la saison. Nous sommes ouverts toute l’année, mais en basse saison, l’île compte environ 5 000 habitants, alors qu’en haute saison la population peut avoisiner les 35 000 personnes.
Toute l’année, et particulièrement en hiver, les meilleures ventes concernent la confiserie, les biscuits et le chocolat : des produits réconfortants. Le rayon thés et cafés fonctionne également très bien tout au long de l’année.
En été, ce sont sans surprise les produits liés à l’apéritif qui dominent, comme les tartinades, les terrines, les biscuits salés ou encore les huiles d’olive.
Par ailleurs, les locaux viennent aussi chez nous tout au long de l’année parce qu’ils y trouvent des produits introuvables ailleurs sur l’île.
LMEF – Quel est le montant de votre panier moyen ?
C.J. – En haute saison, le panier moyen s’élève à environ 30 euros, tandis qu’en basse saison il se situe plutôt entre 10 et 15 euros.
LMEF – Faites-vous des dégustations ?
C.J. – Oui, très régulièrement. En haute saison, nous testons chaque année différentes formules. L’an dernier, nous avions choisi les trois semaines de plus forte affluence et proposé, chaque jour, la dégustation d’un produit différent. Cette année, nous avons privilégié les week-ends les plus fréquentés et fait découvrir plusieurs produits en même temps. Ouvrir certaines références pour les faire déguster est une véritable opportunité commerciale, notamment pour des produits qui sortent de l’ordinaire. Par exemple, nous avions une terrine de porc à la noix de coco et au caramel qui peinait à se vendre. Le jour où nous l’avons proposée à la dégustation, nous avons écoulé tout notre stock ! C’est la force de la dégustation.
En basse saison, nous organisons des ateliers de cuisine avec des chefs qui aiment partager leur savoir-faire avec nos clients tout en cuisinant les produits de l’épicerie fine. C’est aussi un excellent levier de vente.
LMEF – Avez-vous des axes de développement en tête pour Délicatesses ?
C.J. – Oui, nous avons notamment un projet qui nous tient particulièrement à cœur. L’un de nos produits « pépites » à l’épicerie est une huile originaire de Chine, dénichée chez un producteur irlandais : la chili crisp oil. Il s’agit d’une huile aromatisée et pimentée, agrémentée de petits morceaux croquants et aromatiques, dont la composition peut varier légèrement selon le producteur. Comme ce produit rencontre un vrai succès en boutique — certains clients l’achètent par deux ou trois pots — nous aimerions collaborer avec un producteur français pour créer notre propre chili crisp oil (sourire). L’idée serait de commencer par développer ce produit, puis pourquoi pas d’autres par la suite. Nous sommes encore en pleine phase de réflexion… Affaire à suivre !
Propos recueillis par Laura Margis
Fiche technique
Date d’ouverture : novembre 2023
Nom des gérants : Capucine Jacquemain et Nil Bouaouni
Surface de vente : 35 mètres carrés
Nombre de personnes sur la surface de vente : 2
Délicatesses
11 Rue de la République
85350 L’Île-d’Yeu
07 82 50 98 39
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Instagram : @delicatyeu