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Didier Suberbielle : « les épiceries fines ne peuvent plus se passer du bio »

Ancien président du groupe alimentaire Nutrition & Santé (marques Gerblé, Gerlinéa, Céréal Bio), Didier Suberbielle a pris la présidence du groupe Naturgie Favols, suite au départ à la retraite de son fondateur Jean Verdier. Par ailleurs actionnaire de Caviar de Neuvic via son fonds DS Participations et administrateur du label Ecocert, cet ancien dirigeant des champagnes Pommery explique pourquoi le bio s’impose aussi aux épiceries fines.

LMBG : Le bio, autrefois confiné aux magasins spécialisés, est aujourd’hui au cœur des stratégies de conquête de la grande distribution. Comment l’expliquez-vous ?

D.S. : Il faut analyser ce développement dans le bio dans le contexte du déclin de l’hypermarché et des grandes surfaces et du développement du commerce spécialisé. Le bio, un marché qui connaît une croissance à deux chiffres depuis dix ans, est le seul domaine où les grandes et moyennes surfaces alimentaires enregistrent une croissance en volume. Elles ont donc mis un énorme coup d’accélérateur sur le bio en jouant sur les promotions. Au terme de cette décennie, on est ainsi parvenu à un équilibre entre grandes surfaces spécialisées bio et grandes surfaces alimentaires généralistes (GSA). Le bio devient ainsi une manière pour les consommateurs d’accéder au premium. Le phénomène de « premiumisation » de la consommation est général. Les volumes baissent et la valeur augmente parce que les gens consomment moins mais mieux.

Banalisé par la grande distribution, le bio ne risque-t-il pas d’y perdre son âme ?

Aujourd’hui, le bio est devenu une condition nécessaire mais non suffisante. Un produit doit non seulement être bio mais présenter des garanties en termes d’approvisionnement et une vraie traçabilité.

L’épicerie fine, qui propose des produits de qualité, avec un savoir-faire, une origine, répond déjà à ces attentes sans forcément passer par le bio…

Le bio est devenu une demande de base des consommateurs en quête de qualité, a fortiori s’il s’agit de produits chers. C’est valable également pour l’épicerie fine. Elle ne peut passer à côté du bio car ce sont les clients qui le demandent. Lorsqu’un produit haut de gamme n’est pas bio, les acheteurs sont de plus en plus nombreux à demander pourquoi. La réponse qui consiste à dire qu’un produit n’a pas besoin d’être bio pour être bon et produit dans des conditions vertueuses ne suffit plus. Si le producteur est vertueux, qu’est-ce qui l’empêche de l’assumer en se certifiant ? Dans le luxe, ce n’est pas un argument commercial mais c’est un prérequis. Château Latour, a été le premier des 1ergrand crûs classé de Pauillac à obtenir sa certification Ecocert, sans faire de battage publicitaire !

Va-t-on vers une convergence entre l’assortiment des épiceries fines et celui des magasins bio ?

Dans les circuits spécialisés bio, on ne peut être que frappé du niveau de qualité et de prix des produits. La frontière entre l’épicerie fine et le magasins bio est… mince. Le consommateur qui cherche des produits de qualité fréquente aussi bien les magasins bio que les épiceries fines.

Propos recueillis par Olivier Costil

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