Ferréol de Bony

Ferréol de Bony

Responsable des achats et de la logistique à La Grande Épicerie de Paris, Ferréol de Bony s’est attaché au développement de l’enseigne parisienne, rive gauche et rive droite. Un poste stratégique à plus d’un titre, qui fait de lui un observateur très avisé du marché depuis trois ans et demi.

Le Monde de l’Épicerie Fine – Dans les circonstances actuelles, les clients de votre enseigne ont-ils toujours la même envie de consommer ?

Ferréol de Bony – Oui, ils ont réservé un excellent accueil à nos deux opérations “La Rentrée des Vins” et “Il était une fois la Belgique.” Et depuis le confinement, on note une appétence pour les produits frais, les produits bruts et pour tout ce qui permet de cuisiner. Évidemment, comme il y a moins de touristes, cela a été plus compliqué pour certains produits.

LMEF – On vous voit de plus en plus actif sur la toile, avec récemment la mise en ligne d’une sélection de vos produits sur le site de La Belle Vie…

FdB – On regarde bien évidemment tout ce qui se passe, et le confinement nous a conduits à nous interroger sur la capacité que nous avions à projeter La Grande Épicerie de Paris en dehors de ses murs. Nous avions déjà un site e-commerce dont l’activité a été multipliée par dix durant cette période compliquée, mais nous avons vite réalisé que cela ne nous permettait pas de livrer nos clients parisiens assez rapidement. L’idée du partenariat avec La Belle Vie a germé à l’occasion de Pâques, quand nous nous sommes retrouvés avec des quantités importantes de stock commandées avant. Pour éviter les invendus, nous avons contacté les responsables de La Belle Vie dont on connaissait la capacité de livrer en 1 heure 30 dans Paris, 3 heures en Île-de-France. C’est une compétence que nous n’avions pas. En une journée, ils sont parvenus à mettre notre offre en ligne et cela a parfaitement bien marché. Si bien qu’après le confinement, nous avons passé un partenariat en deux semaines sur notre marque La Grande Épicerie de Paris. Il y a aujourd’hui 400 produits en ligne et nous allons aller encore plus loin en élargissant ce partenariat à des produits frais. Clairement, cela nous permet de nous adresser à une clientèle différente, plus digitalisée, qui a besoin de se faire livrer, qui ne se déplace plus comme avant et qui est notre clientèle du futur.

“La concurrence nous pousse à sortir de notre zone de confort”


LMEF – La Grande Épicerie, c’est 700 produits qui portent la marque de l’enseigne. Comment sont-ils accueillis ?

FdB – Sept-cents produits qui sont à 99 % fabriqués par des artisans français. Cela marche bien et c’est même significatif en termes de chiffre d’affaires, si je compare avec ce qui se passe dans la grande distribution que je connais bien. Leur quote-part est chez nous supérieure avec ce que l’on peut observer ailleurs. C’est l’image de notre savoir-faire et c’est pourquoi nous allons la développer en frais emballé.

LMEF – Comment se porte La Grande Épicerie de Paris à Passy ?

FdB – C’est un magasin qui a explosé pendant le confinement alors que le marché de Passy était fermé. Je pense que les gens du quartier l’ont découvert ou redécouvert à cette occasion. Ils se sont rendu compte que nous n’étions pas forcément plus chers qu’ailleurs, et surtout que nos équipes étaient à leur service et à leur écoute, capables de les conseiller… C’est important.

LMEF – Ces dernières années, Paris a vu s’ouvrir de nouvelles grandes surfaces de vente pour l’épicerie fine. Y a-t-il de la place pour tout le monde ?

FdB – Je n’ai pas les chiffres de tous les magasins qui se sont ouverts, mais je pense tout de même que le marché de l’épicerie fine est un marché difficile sur les grandes surfaces. Ce que je constate, c’est que nous avons été énormément copiés, sur la signalétique notamment. En tout cas, toutes ces ouvertures nous challengent et nous font sortir de notre zone de confort. Mais pour parler marché plus globalement, ce qui m’interpelle, c’est la rapidité avec laquelle l’écosystème alimentaire s’adapte à la fois à la digitalisation des ventes mais aussi à la grande surface. Je rencontre de plus en plus de jeunes qui s’investissent dans l’agroalimentaire de qualité et qui ont inscrit dans leur business plan, le projet d’aller voir directement Monoprix et Franprix. J’ai envie de leur montrer qu’ils sont capables de monter des belles entreprises uniquement avec les acteurs de l’épicerie fine et qu’ils ne sont pas obligés d’aller chercher du volume pour créer de la valeur.

LMEF – Comment faire quand on est producteur et que l’on souhaite vous rencontrer ?

FdB – Pour ça il y a un outil formidable : LinkedIn. Tous mes acheteurs y sont ; il suffit de taper La Grande Épicerie de Paris pour les trouver. J’ai une foule de fournisseurs qui m’ont contacté comme ça. Si c’est intéressant, les échanges peuvent se faire rapidement et nous sommes très réactifs : une semaine pour retrouver à la vente un produit frais qui nous plaît, entre dix et quinze jours pour de l’épicerie sèche.

Propos recueillis par Bruno Lecoq

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