La filière jus de fruit souffre fortement de la concurrence des autres boissons sans alcool. Pour enrayer son déclin, l’Union Nationale Interprofessionnelle des Jus de Fruits (Unajus), plaide pour « une distinction claire entre les jus et les autres boissons sucrées dans les recommandations de santé publique. »
Sévère baisse des ventes de la filière jus de fruits
Les ventes de jus de fruits et nectars ne cessent de reculer en France. En dix ans, elles ont chuté de 28 % dans la grande distribution, selon NielsenIQ, principalement au profit des autres boissons sucrées. Celles de boissons plates ont augmenté deux fois plus vite (+10,8 %). Les ventes de boissons gazeuses sans alcool ont ainsi progressé de 5,3 % depuis 2019. En 2023, NielsenIQ constatait que les volumes de ventes de boissons plates sans alcool avaient dépassé ceux de jus de fruit.
Même si leur marché n’est pas comparable à celui de la grande consommation, les jus de fruits artisanaux n’échappent pas à la tendance : « c’est la raison pour laquelle nous avons développé des thés grands crus et des ginger beer », explique Romain Font, dirigeant comme l’admet Romain Font, dirigeant du producteur de jus Patrick Font. D’autres marques qualitatives ont pris des orientations similaires, comme Alain Milliat ou Pressoirs de Provence qui vient de lancer une préparation aux fruits pour cocktail.
Différencier les jus des boissons sucrées
Dans ce contexte, la filière appelle à une « réhabilitation des jus de fruits ». Objectif : mieux les différencier des autres boissons sucrées sur le plan nutritionnel. Unijus s’appuie notamment sur les premiers résultats de l’étude multisectorielle Nutrimétrie 2024. Réalisée par l’institut de sondages C-Ways pour le compte du Comité de Liaison des Interprofessions Agricoles et Alimentaires (CLIAA), elle dresse le constat d’un appauvrissement général de l’alimentation en vitamines et minéraux de la population. Les apports journaliers en vitamine C auraient ainsi baissé de 40 % en dix ans.
« Dans un contexte d’inflation et de baisse de la consommation de fruits et légumes frais, les jus & nectars figurent parmi les principaux contributeurs en vitamines et minéraux pour les ménages les plus modestes », commentait une communication de l’interprofession en début d’année.
Comme le veut la réglementation, « Tous les jus de fruits/légumes sont sans sucres ajoutés », rappelait la même communication qui poursuivait : « Grâce à leur haute teneur en fruits, nos catégories de produits présentent des atouts nutritionnels indéniables (vitamines, minéraux, polyphénols), et sont à dissocier des autres boissons sucrées. »
Cinq fruits, légumes et jus par jour ?
Le problème est que les autorités et les campagnes de santé publique ne font pas toujours le distinguo. Même naturel, le sucre contenu dans une portion de jus de fruits continue d’inquiéter, eu égard aux risques d’obésité et de diabète. Dans la perspective du prochain Programme national nutrition santé (PNNS) en cours d’élaboration, la Unijus appelle néanmoins les pouvoirs publics à réintégrer les jus de fruits parmi les cinq portions quotidiennes de fruits et légumes, ou bien à créer une catégorie spécifique qui permette de distinguer les jus des autres boissons sans bénéfices nutritionnels.
« Les enseignements de l’étude Nutrimétrie rappellent une évidence : les jus de fruits sont des produits simples, issus du fruit, porteurs de bénéfices nutritionnels réels. Il est temps de rétablir une distinction claire entre les jus et les autres boissons sucrées dans les recommandations de santé publique. C’est un enjeu pour la filière, mais c’est aussi un enjeu de cohérence, de santé et d’accès à une alimentation équilibrée pour tous les Français », conclut Emmanuel Vasseneix, président d’Unijus. Réhabiliter les apports nutritionnels des jus de fruit redonnerait des arguments à la filière. Même si cela ne suffira sans doute pas à la relancer.
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