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Interview commerçant : Dominique Ferrero

« LE MOIS D’AVRIL S’ANNONCE ASSEZ PROMETTEUR »

Gérante de la Maison Ferrero à Ajaccio, Dominique Ferrero a choisi de maintenir son commerce ouvert après le 17 mars. Horaires d’ouverture de circonstance, précautions sanitaires indispensables… Bien lui en a pris : son chiffre d’affaires a augmenté de 12% en mars et le mois d’avril s’annonce assez prometteur.

 

 

LMEF – Le 17 mars vous avez décidé de garder ouverte votre boutique : quelles sont les dispositions que vous avez prises ?

Dominique Ferrero – On a évidemment appliqué et renforcé tous les gestes barrière, porté des masques (que du personnel de santé à l’arrêt -des dentistes parmi nos clients- a eu la gentillesse de mettre à notre disposition) et l’accès à la boutique a été régulé, le matériel du type TPE désinfecté après chaque départ de client… Tout a été fait dans les règles pour la sécurité de tous, clients comme personnel. Comme je n’ai pas trouvé de gel hydro alcoolique au début, j’ai utilisé des désinfectants alimentaires bactéricides que j’avais en stock. Récemment je tiens à dire que j’ai été choquée par le devis que m’a fait le transporteur Géodis pour m’expédier 3 masques à visière : 95 €, c’est une honte ! Enfin, j’ai aussi conservé l’emploi de mes deux collaboratrices et j’ai bien fait car l’activité a été soutenue tout le mois de mars.

LMEF – Comment s’annonce le mois d’avril ?

D.F – J’ai eu un peu peur parce que j’avais des problèmes de réapprovisionnement mais ça vient de s’arranger. Mes collaboratrices sont toujours au travail, je n’ai mis personne au chômage technique, en revanche j’ai adapté les horaires pour qu’on ne fasse pas trop d’allers et venues entre nos domiciles et le magasin. Nous sommes ouverts tous les matins et 7 jours sur 7. Je fais en sorte que l’on soit toujours deux dans la boutique, une à la coupe et au service et l’autre à la caisse en faisant en sorte que nous n’ayons pas à nous croiser. Et je m’occupe des livraisons.

LMEF – Comment fonctionne ce service bien utile en ce moment ?

D.F- En ce qui nous concerne, le drive et les livraisons ont explosé : c’est plus de 50% du chiffre. J’ai toujours eu un site marchand avec une offre drive mais c’était vraiment quelque chose que les gens utilisaient rarement. Là, forcément, ce service très sécurisé est particulièrement demandé : les gens passent commandes via le site ou par téléphone, ils payent leurs achats et nous passe un coup de fil quand ils approchent le magasin … Ils n’ont même pas besoin de sortir de leur voiture, nous plaçons directement leurs courses dans le coffre ! Il m’a quand même fallu adapter mon site marchand pour y proposer les produits frais à la coupe et au poids : désormais les gens peuvent passer commande de la totalité des articles du magasin sur le drive.

LMEF – Du coup votre chiffre d’affaires a dû augmenter ?

D.F –Oui, j’ai fait plus 12% au mois de mars par rapport à l’an passé, mais mars l’année dernière n’avait pas été bon. On est bien parti pour avoir une augmentation du chiffre également en Avril. Si bien sûr j’arrive à m’approvisionner. Au tout début, j’ai eu l’impression que les grandes surfaces passaient avant tout le monde et j’ai donc dû aller chercher moi-même les colis dans les entrepôts ce qui était une perte de temps et d’énergie. Depuis peu, j’ai demandé à tous mes fournisseurs d’inscrire sur les colis « Magasin alimentaire, à livrer en priorité » et ça marche ! 

LMEF – N’aviez-vous pas assez de stock ?

D.F – Tout est parti très vite. C’est-à-dire que les gens ont acheté en quantité des produits qu’ils n’achetaient pas régulièrement. Ils ont carrément fait leurs courses entières pour la semaine : quand ils prenaient un pot de soupe, ils en prennent 6. Tout le monde est à la maison et tout le monde mange en général 3 fois par jour. Du coup, même s’il y a moins de monde en magasin les paniers se sont agrandis de façon conséquente. Mon panier moyen a pris au minimum 10 € : habituellement je suis autour de 35 €, là je dépasse 45 €. J’ai noté que les gens achètent plus de bio et de produits sains, bons pour la santé.

LMEF -Est-ce qu’ils se font plaisir avec des tablettes de chocolat, des petits gâteaux, de la confiserie ?

D.F – Oui, mais ils cuisinent surtout beaucoup. Ils achètent énormément de farine, des épices, des condiments : vraiment des produits de première nécessité. Mais pas seulement : je vends aussi beaucoup de caviar – essentiellement des petites boites de 10 g. et puis il y a encore des anniversaires et les gens veulent marquer le coup. Enfin, il y a l’apéro qui permet de décompresser, je viens de recevoir une palette de vins à petits prix qui tombe à pic parce que je m’étais faite dévaliser. Mais je regrette de ne pas pouvoir proposer des articles comme de la pâte feuilletée ou brisée : je ne saurais pas vers quel fournisseur me tourner.

LMEF – Au niveau de l’information inter professionnelle pensez-vous avoir été bien informée ?

D.F – La Fédération des Epiciers de France à fait un travail génial et nous a tenu informés de toutes les mesures prises par le gouvernement, les chambres de commerces etc. Ils ont aussi créé un groupe sur whatsApp où chacun peut poser ses questions : on se sent moins seul.

 

Propos recueillis par Bruno Lecoq

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