L’Agence Bio a publié le 13 juin dernier son Panorama des chiffres du marché bio 2023 alimentaire en France. Une publication très attendue après la décrue de l’année 2022. Le bilan 2023 fait part d’une stagnation du marché global et d’une baisse des volumes. Plusieurs filières tirent cependant leur épingle du jeu en misant principalement sur la vente directe.
En 2023, le marché français des produits bio alimentaires a atteint 12,081 milliards d’euros hors restauration, selon le Panorama des chiffres du marché bio 2023 en France établi par l’Agence Bio. Ce total cumule les consommations dans et hors domicile. Il est en progression de 5 millions d’euros, soit un quasi stagnation par rapport à 2021.
Les chiffres du marché bio 2023 impactés par l’inflation
Cette croissance zéro des produits AB est la résultante de la hausse des prix des produits alimentaires bio et d’une baisse des volumes d’environ 7 %. Le bio n’a en effet pas échappé à la hausse des prix. Celle-ci a atteint 7,7 %. Ce qui reste toutefois inférieur de plus de 4 points à l’inflation globale alimentaire.
La stabilité du marché des produits AB s’inscrit dans un contexte de déconsommation. En effet, les dépenses alimentaires des ménages français hors inflation ont baissé pour la deuxième année consécutive de 4,7 % à 180 milliards d’euros en 2023, selon l’Insee. Un recul encore plus marqué que l’année précédente (-3,6 %).
Les cantines n’ont pas encore pris le relais
Malgré l’instauration par la loi Egalim d’un quota minimum de 20 % de produits bio en restauration collective, la consommation hors-domicile n’a pas encore pris le relais de la consommation à domicile. Cette dernière représente en effet 91 % du marché. Le poids de la restauration collective et commerciale n’a augmenté que de 1 point entre 2022 et 2023. La part du bio dans les cantines a même reculé de 6 %, alors qu’elle progressait de 1 % en restauration commerciale.
Les magasins bio, la vente directe et les artisans progressent
Au niveau de la vente au détail, les ventes bio de la grande distribution généraliste baissent de 240 millions d’euros. La distribution spécialisée bio gagne 70 M€ de chiffre d’affaires. À l’inverse, la vente directe gagne 134 M€. Le chiffre d’affaires des artisans et petits commerçants augmente de 40 M€.
La grande distribution perd 2 points de parts de marché, à 50,6 %. Les magasins bio gagnent 0,6 point à 27,5 %, les artisans-commerçants 0,5 point à 8,1 %. Le canal de distribution qui progresse le plus est la vente directe des producteurs, en hausse de 1,7 point, à 13,8 %.
Le recul de la grande distribution est en large partie dû aux déréférencements massifs que celle-ci a opéré à la suite du retournement du marché bio. Nombre de producteurs voyant ce débouché se fermer se sont reportés sur la vente directe.
Cinq familles de produits en hausse de chiffre d’affaires sur 12
En vin, la vente directe représente désormais la moitié des ventes. Sa part de marché est en hausse de 2,3 points. En légumes, plus du tiers du chiffre d’affaires passe par la vente directe (34,4 %), soit une augmentation de 1,9 point. Les fruits sont particulièrement impactés par les réductions de gamme en grande distribution, tandis que leurs ventes dans les magasins bio spécialisés et en vente directe restent stables avec respectivement +0,2 % et +0,1 % d’évolution… La grande distribution domine encore le marché pour 4 groupes de produits à savoir l’épicerie, l’alimentation animale, le traiteur/surgelés/produits de la mer et les alcools.
Recul des grandes cultures et du cheptel bio en France
Le solde en producteurs est positif avec 2% de nouveaux producteurs bio. Les producteurs sont 7% à rentrer dans le bio cette année, versus 5% de sortants. Ce taux reste stable et prend le contrepied des propos parfois alarmistes sur la crise du bio. Le paysage agricole évolue avec davantage d’exploitations plus petites : ces 2% de producteurs en plus s’accompagnent d’une baisse des surfaces bio de 2% représentant 54 000 hectares en moins, essentiellement dû au recul des surfaces fourragères (qui représentent 58% des surfaces bio en France) et des grandes cultures (27%). Le bio passe de 10,5 à 10,4% des surfaces agricoles françaises.
Et pourtant la bio continue de tenter de futurs agriculteurs…
Les cheptels bio sont en recul à l’exception des brebis à viande et des ruches.Toutefois, « le mode de production biologique est garant de l’attractivité de l’emploi agricole afin de remplacer les 100 000 départs à la retraite prévus dans les 10 ans« , souligne l’Agence Bio. Celle-ci souligne que 40 % des projets d’installation recensés sur les points d’accueil des chambres d’agriculture prévoient d’être certifiés bio. « Il est donc vital d’accueillir ces nouveaux talents et leurs garantir des débouchés, que ce soit en consommation à domicile ou hors-domicile« , conclut l’Agence.
MÉTHODOLOGIE DU PANORAMA DES CHIFFRES DU MARCHÉ BIO 2023
