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Jamais la question de l’alimentation n’a semblé aussi centrale qu’aujourd’hui. Santé publique, bien-être individuel, impact environnemental : tout place nos assiettes au cœur des enjeux contemporains. La Génération Z, plus consciente que ses aînées des bénéfices d’une alimentation équilibrée, en est la parfaite illustration. Pourtant, entre discours et pratiques, le fossé est important.
C’est ce que révèle le Vegocracy Report 2025, une vaste enquête internationale menée par Ipsos pour le compte de Picadeli, spécialiste des salades en libre service. Réalisée auprès de 12 000 personnes dans sept pays, cette étude met en lumière les paradoxes d’une génération.
Conscience accrue, pratiques hésitantes
Près de 63 % des jeunes Français de 18 à 29 ans déclarent s’inquiéter des conséquences de leur alimentation sur leur santé. À l’échelle internationale, plus de 82 % estiment qu’une alimentation saine contribue à une meilleure santé physique, et 60 % associent également cette pratique à un mieux-être mental. Mais la réalité est moins encourageante : seuls 11 % respectent les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (400 g de fruits et légumes par jour). En France, ils ne sont que 18 % à atteindre cet objectif, contre 36 % en Finlande. “La génération Z sait ce qu’elle doit faire, mais peine à le mettre en pratique”, résume David Bicheron, directeur général de Picadeli France.
Des freins bien identifiés
L’étude pointe plusieurs freins qui permettent d’expliquer ce décalage…
– Le prix : six jeunes sur dix estiment que l’augmentation du coût de la vie les empêche de consommer autant de fruits et légumes qu’ils le souhaiteraient. À Marseille, 31 % citent le prix comme principal obstacle, contre 21 % à Paris.
– L’accessibilité : un jeune sur quatre dit ne pas trouver d’options saines et abordables près de son école ou de son lieu de travail.
– Le manque d’inspiration : cuisiner sain tous les jours reste un défi. En France, 52,8 % des jeunes reconnaissent manquer d’idées.
– Le goût : 45 % des personnes interrogées mettent encore le plaisir gustatif au premier rang de leurs critères alimentaires, loin devant la santé ou l’environnement.
À cela s’ajoute l’influence grandissante des réseaux sociaux : Les médias sociaux jouent un rôle clé dans les choix alimentaires des jeunes. En France, 45,7 % des 18-29 ans admettent que leurs choix alimentaires sont influencés par Instagram, TikTok et compagnie. Globalement, à l’échelle mondiale, c’est encore plus flagrant, avec 62,5 % des jeunes qui laissent les réseaux sociaux façonner leur alimentation. Instagram, en particulier, est le roi des influenceurs alimentaires, avec 76,5 % des jeunes français qui s’inspirent de ce réseau pour choisir leur prochain repas sain… ou pas.
Quand “sain” ne rime pas avec “savoureux”
Autre paradoxe : si l’alimentation saine est plébiscitée dans les discours, elle reste associée à la contrainte plus qu’au plaisir. L’idée que “sain” et “savoureux” vont de pair demeure un mystère pour 9 jeunes sur 10. Plus préoccupant encore, 36 % avouent que le goût n’entre pas en ligne de compte dans leurs choix alimentaires.
Pourtant, rappelle l’experte en nutrition Hanni Rützler, “les jeunes générations ne recherchent pas seulement des options plus saines — elles veulent des expériences culinaires intenses, audacieuses, immersives.” L’avenir de l’alimentation dépendra donc de la capacité des acteurs à conjuguer équilibre et plaisir.
Des leviers pour changer la donne
Les jeunes ne manquent pas de suggestions pour faciliter la transition.
– 90,9 % estiment que la distribution gratuite de fruits et légumes dès l’enfance favoriserait de meilleures habitudes.
– 81,7 % pensent que la suppression de la TVA sur ces produits serait un levier puissant.
– 80,6 % choisiraient davantage d’options saines si elles étaient proposées près de leur école ou de leur travail.
La France a déjà expérimenté un instrument efficace : la taxe “sucre”, instaurée en 2018, qui a contribué à infléchir certaines pratiques. Mais les jeunes réclament désormais des incitations positives, allant de la baisse de TVA à la démocratisation des prix.
Focus France : un pays en retard
Au-delà des discours, les chiffres soulignent la difficulté française à adopter une alimentation équilibrée. Seuls 18 % des Français atteignent le seuil recommandé de fruits et légumes, contre 25 % des Lyonnais et 24 % des Parisiens. Les légumes préférés ? La salade verte (32 %), suivie de la carotte (29 %), de la tomate (23 %), de la courgette (26 %) et des haricots verts (28 %).
La France accuse un retard préoccupant par rapport à ses voisins nordiques, où les politiques publiques d’éducation alimentaire et de soutien aux familles semblent plus efficaces.
Un défi collectif
Le Vegocracy Report 2025 met en lumière une évidence : les intentions ne manquent pas, mais les habitudes tardent à se transformer. Les leviers sont connus — accessibilité, prix, pédagogie, plaisir —, encore faut-il les actionner simultanément., L’alimentation saine n’est pas seulement un choix personnel : c’est un enjeu collectif, sanitaire et sociétal.
A propos de l’étude
Le Vegocracy Report repose sur une enquête internationale menée par Ipsos, pour le compte de Picadeli. L’étude a été réalisée auprès de 12 000 personnes, hommes et femmes âgés de 18 à 65 ans, répartis dans sept pays. Elle consolide l’observation des priorités et des volonté en termes de consommation alimentaire des répondants. Un minimum de 1 000 interviews a été réalisé dans chaque pays entre novembre 2024 et janvier 2025.