pineau des charentes

Le Pineau des Charentes

Relancer le pineau des Charentes.

JC RIBAUT
Le pineau des Charentes participe de la très ancienne histoire du cognac.
En 1589, un vigneron charentais versa par distraction dit-on, une quantité de moût de raisin dans une barrique qui contenait de l’eau-de-vie et l’oublia. La fermentation du moût, aussitôt entravée par l’alcool (mutage), conserva le sucre du raisin. Quelques années plus tard, le breuvage s’avéra délicieux, le pineau des Charentes était né.

Il occupe la première place parmi les vins de liqueur (macvin, floc de Gascogne, ratafia…). Longtemps Réservé à une consommation familiale, il ne fut Commercialisé qu’à partir de 1921 par Émile Daud, viticulteur à Burie (Charente-Maritime). Succès immédiat, confirmé par l’une des premières AOC , obtenue en 1945, mais au cahier des charges draconien. L’aire d’appellation s’étend sur l’ensemble du vignoble du cognac, le rendement est limité à 45 hectos à l’hectare. Moût de raisin et eau-de-vie d’au moins un an (30 %), doivent provenir de la même exploitation viticole, être mis en bouteille dans la région et titrer entre 16° et 22° d’alcool. Seuls les cépages locaux – nombreux il est vrai – sont autorisés. Un vieillissement de 12 mois au minimum est imposé pour le blanc et de 8 mois pour le rosé et le rouge.

Dès lors, chaque bouteille est un produit spécifique. Le pineau blanc, légèrement acide quand il est jeune, développe des arômes de fleurs, de miel et de noix pour les pineaux plus vieux. Le pineau rosé, plus riche en sucre, génère des arômes de fruits rouges. Par tradition, le pineau des Charentes est consommé à l’apéritif, avec le foie gras ou les fromages persillés, à une température inférieure à 10 °C. Il entre aussi dans de nombreuses préparations culinaires : moules, magret, foie gras. Les amateurs, eux, recherchent les pineaux Vieux (7 ans), Très Vieux ou Extra Vieux avec un vieillissement de 12 ans et plus. Mais le pineau des Charentes n’a échappé ni à la réduction générale de la consommation des spiritueux, ni à la guerre des prix entre les enseignes de la grande distribution. Sur les 4200 vignerons charentais, 600  élaborent du pineau. Depuis 2015, ils cherchent activement, avec le Comité National du Pineau des Charentes, à actualiser l’image de cette boisson, puisque à la différence du cognac exporté à 98 %, la France consomme 70 % de leur production, devant la Belgique et le Canada.

La jeune génération de vignerons charentais s’interroge : pourquoi le pineau des Charentes ne réussirait-il pas où la Suze, l‘Apérol et la Salers séduisent une clientèle plus jeune,  à travers l’apéro ou les cocktails ? C’est ce qui a poussé le jeune Frédéric Bourgoin,  à Tarsac sur la commune de Saint-Saturnin (Charente), élaborer un pineau des Charentes plus léger en sucre, moins riche en tannins grâce à un élevage oxydatif pour dégrader le fructose, donc gagner en buvabilité .

Autres innovations, la crème de pineau des Charentes (sirop condimentaire) et les nouveautés du domaine familial Gouzilh (liqueur de cognac, pineau, produits de la ferme) Saint-Aigulin en Charente-Maritime. L’univers de l’épicerie fine se doit d’être attentif à ces initiatives.

 

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