Avec Mi Tiendita, Ingrid Paillet propose le meilleur du Mexique
La catégorie épicerie fine étrangère était notamment disputée cette année par quelques épiceries fines italiennes, une épicerie nord-américaine, une grecque et une méditerranéenne. C’est l’originalité du positionnement de Mi Tiendita, authentique ambassade de la gastronomie mexicaine avec une offre de qualité, complète et sourcée directement dans ce pays, qui a séduit le jury.
D’origine mexicaine, Ingrid Paillet a toujours eu à cœur de faire découvrir la gastronomie de son pays, encore méconnue en France. Après une première boutique dans les Yvelines fondée en 2010, elle a inauguré à Paris dans le 9e arrondissement, un nouveau point de vente où elle présente un peu plus de 300 références rigoureusement sélectionnées et importées du Mexique.
LMEF – Vous attendiez-vous à gagner le Prix Épicures de l’Épicerie Fine Étrangère de l’Année ?
Ingrid Paillet – Pas du tout ! Quand on a rempli le dossier, on a vu qu’il y avait à la fin, des questions qui parlaient de l’impact écologique du commerce, et comme nos produits viennent de loin, je pensais que cela ne jouait pas vraiment en notre faveur. Mais je suis heureuse parce que je fais l’effort d’aller moi-même au Mexique chaque année où je sélectionne des entreprises qui travaillent proprement, dans le respect des traditions et avec des produits naturels ; et que faisant cela, je soutiens une filière vertueuse qui a besoin d’être reconnue.
LMEF – Comment êtes-vous arrivée à ouvrir un deuxième point de vente à Paris ?
I.P – Ce sont les clients que nous avons dans le petit village des Alluets-le-Roi dans les Yvelines qui nous ont fait grandir. Nous avons conservé cette première boutique que nous ouvrons tous les samedis et sur rendez-vous, et où nous stockons toutes nos références qui servent à la boutique de Paris et à notre site marchand. Je connaissais l’adresse où nous sommes aujourd’hui depuis longtemps, elle était occupée par une artiste peintre qui faisait des locations éphémères. C’est dans ce contexte que je l’avais rencontrée et quand j’ai su qu’elle partait à la retraite, je me suis positionnée pour prendre la suite. Malheureusement, nous avons signé la veille du premier confinement et on a payé un loyer pendant quasiment un an et demi et les travaux intérieurs comme extérieurs, sans pouvoir rien faire…
Une cuisine inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco
LMEF – Que défendez-vous comme valeurs ?
I.P – Je vais une fois par an au Mexique où je cherche les produits les plus “sains” possible, qui ont le goût authentique des spécialités culinaires du pays. Nous avons eu la chance que la cuisine mexicaine ait été inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco peu de temps avant notre ouverture : cela a attiré beaucoup de curieux. Il y a encore beaucoup de travail à faire car les gens se font une fausse idée de la cuisine mexicaine à travers ce qu’ils trouvent dans les supermarchés, autrement dit des produits qui ne sont pas mexicains, ni dans leur composition, ni dans les recettes.
LMEF – Qui sont vos clients ?
I.P – Principalement des gens qui ont voyagé et qui veulent retrouver les ingrédients de là-bas. Nous avons des Mexicains mais ce n’est pas la majorité de mes clients ; la qualité n’est pas forcément leur priorité. En revanche, nous avons des personnes qui veulent mettre une note différente dans leur cuisine de tous les jours, avec des piments par exemple. Enfin, nous avons des professionnels : une dame qui fabrique des pralinés est venue de Lille pour trouver ici des parfums différents, et je travaille beaucoup avec des chefs français qui font de la cuisine fusion avec nos produits. L’idée, ce n’est pas que tout le monde fasse de la cuisine mexicaine, mais qu’au moins on connaisse la qualité de nos produits en sachant qu’ils peuvent s’adapter, comme c’est souvent le cas avec la cuisine japonaise. Enfin, j’ai pas mal de Californiens qui me disent qu’ils se retrouvent un peu chez eux ici !
Mi Tiendita. 19 Rue Pierre Fontaine, 75009 Paris http://mitiendita.fr