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Les Jardins de Gaïa, une passion précoce pour la bio et le thé

Depuis sa création par Arlette Rohmer en 1994, la marque a défriché le marché du thé bio sans rien concéder à la qualité ni aux convictions de sa fondatrice. Une réussite écologique et entrepreneuriale.

En 25 ans, Arlette Rohmer est parvenue à faire de sa marque, Les Jardins de Gaïa, une référence en matière de thés “bio et savoureux” et à propulser son entreprise au rang de numéro une européenne des thés et infusions bio équitables, avec un chiffre d’affaires annuel de 12 millions d’euros. Un parcours remarquable dont elle ne se gargarise pas : “Certes, je suis partie de rien, mais mon objectif n’était pas de diriger une entreprise de 80 personnes ! Nous avons grandi avec nos producteurs. Ce sont les rencontres qui me nourrissent” déclare-t-elle. Des rencontres alimentées par son appétit de voyages et par sa passion pour la nature. 

Une enfance à la campagne

Ce n’est en effet pas un hasard si le nom de la marque se réfère aux jardins de thé japonais et à la figure de Gaïa, déesse “Terre-Mère” de la mythologie grecque. Enfant, Arlette qui est née en 1956, apprend à reconnaître les plantes au fil des promenades dans la campagne avec son père… Bientôt elle concoctera ses propres tisanes avec les végétaux cueillis par ses soins. Se sentant proche des écologistes, elle s’engage adolescente comme bénévole dans un magasin qui plus tard deviendra le premier Biocoop d’Alsace. Puis devient éducatrice sociale pour quelques années, avant de prendre le large. 

A l’âge de 18 ans, Arlette Rohmer quitte son emploi pour explorer la Grèce puis l’Afrique du Nord pendant un an. De retour en France, elle enchaîne les petits boulots pour financer ses voyages. La jeune femme gagne sa vie en travaillant dans un cabaret alternatif de Sélestat, vend des tisanes bio sur les salons en Allemagne… C’est là que lui vient l’idée de se spécialiser dans le thé. Elle a une trentaine d’années et se dit que “ce serait peut-être le moyen d’exercer une activité qui me plaise et me permette de subvenir à mes besoins” raconte-t-elle. Le précieux breuvage l’accompagne déjà partout et sa dégustation est souvent un sésame pour faire connaissance avec les autres au cours de ses voyages. 

De la plaine d’Alsace au pied de l’Himalaya

Mais pas question de faire les choses à moitié. “Je voulais des bons produits, de la qualité et je me suis formée aux différents goûts. J’ai rencontré Madame Tseng, maître du thé qui m’a offert mon premier bateau à thé (ustensile permettant de recueillir l’eau de la première infusion du thé, qui est ensuite jetée, NDLR)”, rapporte-t-elle. Elle commence par acheter du Darjeeling bio en Allemagne, puis se lie à un producteur bio du Sri Lanka, avant de reprendre son bâton de pèlerin pour visiter directement les producteurs… 

Le jardin de thé de Selimbourg en Inde est le premier certifié Demeter dès 1995, bio l’année suivante. Le démarrage est laborieux. “J’ai beaucoup bossé. Au début, j’ensachais à la main, dans ma cuisine. Je faisais des mélanges et des aromatisations avec des touches de couleurs, comme pour mes tisanes de jeunesse”, narre Arlette Rohmer. Autre difficulté : trouver des débouchés en France. “Les magasins bio français vendaient du thé en vrac issu de l’agriculture raisonnée. Le thé bio était méconnu. J’ai commencé par vendre sur les salons”, explique Arlette. En 1996, Gaïa obtient un référencement chez Biocoop. Vingt-cinq ans plus tard, la marque, qui réalise tous ses assemblages à la main à son siège de Wittenheim, compte 1 700 revendeurs.

Aux côtés des petits producteurs

L’autre volet de cette réussite, ce sont ses engagements sociétaux. “Quand j’ai découvert que certains faisaient mieux que du bio, en cultivant parallèlement en biodynamie et sous label Max Havelaar, je me suis lancée dans un travail de fond sur le terrain avec les producteurs” explique Arlette Rohmer. Objectif : améliorer les conditions de vie des cueilleurs de thé et de leurs familles. En 2001, Les Jardins de Gaïa obtient sa première labellisation Commerce Équitable. En 2016, la marque se soumet aux critères qu’elle décrit comme plus exigeants, de la World Fair Trade Organization. Gaïa compte aujourd’hui une quarantaine de fournisseurs partenaires dans quatorze pays, dont les trois-quarts s’inscrivent dans des projets de développement durable en faveur de petits producteurs. L’entreprise a été certifiée Bio Entreprise durable en 2018. Au terme de ce parcours sans faute, que reste-t-il à conquérir ? “Le bio ne représente qu’environ 5 % du marché du thé : il y a encore de la marge”, répond Arlette Rohmer. Elle qui confie avoir “l’âge de partir en retraite mais pas l’envie”, avoue cependant qu’elle aimerait “commencer à prendre du temps pour elle” et qu’elle “envisage une transmission douce”. Sa fille Chloé est dans l’entreprise où elle s’occupe de l’événementiel. Comme elle, elle avait commencé par faire un tour du monde… 

Des thés militants à l’image des combats qu’ils défendent

À côté des grands crus et autres thés d’exception ou sauvages, on trouve parmi les 600 références Les Jardins de Gaïa, une gamme de “thés et rooibos militants” dont une partie du prix de vente est reversée à des associations. Chaque produit soutient un projet concret et sa recette est inspirée par l’action menée : thé vert “Oiseau lune” au sureau et à la poire pour aider la LPO à sauver cette espèce menacée, rooibos “Le chant de la terre” avec des graines et des extraits de rose pour la campagne “Semences sans frontières” de l’association Kokopelli qui œuvre pour l’autosuffisance alimentaire des populations rurales d’Afrique…
En cinq ans, la marque a ainsi versé 125 000 €
aux associations. 

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