Local & Vous vient de célébrer ses trois ans d’existence, malgré les défis rencontrés

Contenu proposé par Laura Margis.
Le 15 avril 2025

Fondé par Yann Guiguen, Local & Vous propose à sa clientèle des produits artisanaux en circuit court, issus des quatre coins de l’Île-de-France. Après un contexte post-pandémie de Covid-19 difficile, le commerce a enregistré une croissance à deux chiffres lors de ses deuxième et troisième années d’activité. Malgré cela, le bilan reste mitigé. Rencontre avec le commerçant.

Le monde de l’épicerie fine – Comment l’idée d’ouvrir une épicerie fine spécialisée dans la vente de produits en circuit court vous est-elle venue ?
Yann Guiguen – Je suis fils de paysans, et manger local fait partie de mon quotidien depuis mon enfance. Quand on vit à la ferme, on consomme les produits qui en proviennent : légumes, fruits, viande… En 2012, après mes études, je suis venu m’installer à Paris pour le travail et j’ai exercé pendant un peu plus de 10 ans en tant que chef de produit pour un grand tour opérateur parisien. La pandémie de Covid-19 a bouleversé l’activité touristique, qui a brusquement cessé. Cela m’a permis de réfléchir à un projet que j’avais toujours eu en tête : devenir entrepreneur. Après quelques semaines de réflexion, l’idée s’est imposée : j’allais ouvrir une épicerie fine dédiée aux produits gourmets d’Île-de-France. Pendant un an, j’ai parcouru la région pour rencontrer les producteurs locaux et constituer mon offre.

LMEF – Faites-vous quelques exceptions ou proposez-vous uniquement des produits d’Île-de-France ?

Y.G. – 99 % de ma gamme est composée de produits franciliens. J’ai fait quelques exceptions en bordure de l’Île-de-France pour des produits que je ne pouvais pas trouver dans la région. Par exemple, j’ai des chips de Reims, car il n’y a pas de fabricants de chips en Île-de-France.

LMEF – Pouvez-vous nous présenter votre offre ?
Y.G. – Mon offre se compose d’un large rayon de légumes et de fruits, d’un beau rayon d’épicerie fine sèche, aussi bien salée que sucrée, ainsi que d’un espace cave. J’ai aussi un rayon frais avec de la charcuterie, des produits de crèmerie et une petite sélection de produits d’entretien et de cosmétiques. Pour les fruits et légumes, comme pour le reste de l’offre, mes clients ne trouveront que des produits cultivés en Île-de-France, donc je n’aurai pas d’agrumes, par exemple. Dès l’arrivée des beaux jours, je mets en place une petite terrasse devant ma boutique avec trois tables, où mes clients peuvent venir déguster un café, une bière, un saucisson découpé ou encore une petite terrine, accompagnée de pain provenant d’une boulangerie avec qui je collabore pour offrir du pain frais quotidiennement. 100 % de mon offre est artisanale et 50 % est bio. Je porte une attention particulière à la composition des produits, qui sont tous sans colorants synthétiques et sans conservateurs. Par ailleurs, j’ai fait le choix de travailler en direct avec mes 70 producteurs, à qui je rends visite dès que possible pour maintenir un lien de proximité et découvrir leurs nouveaux produits en avant-première.

LMEF – Quels sont les produits qui se vendent le mieux ?

Y.G. – Ma large gamme de bières artisanales rencontre un grand succès et représente à elle seule 20 % de mon chiffre d’affaires. Le rayon des boissons sans alcool (bières sans alcool, cocktails sans alcool, kéfir, kombucha…) est également en forte croissance depuis que j’ai élargi l’offre. Je constate un véritable engouement du public pour ces produits. Les fruits et légumes, pour lesquels je mets un point d’honneur à proposer des prix justes et attrayants, se vendent très bien ; ce sont un peu mes produits d’appel.

LMEF – Comment qualifieriez-vous l’atmosphère qui règne dans votre épicerie ?

Y.G. – La majorité du mobilier est en bois, et au centre de la boutique se trouve un îlot, tel un petit stand de marché, pour les fruits et légumes. J’ai aussi chiné de vieux objets aux puces de Saint-Ouen, ce qui confère un style « épicerie d’autrefois » à la boutique. J’ai également installé des guirlandes qui apportent une atmosphère chaleureuse.

LMEF – Faites-vous souvent des animations ?

Y.G. – Oui, j’organise régulièrement des animations avec mes producteurs. Étant donné que nous ne sommes jamais à plus de 100 kilomètres de distance – c’est la limite maximale que je me suis fixée – les producteurs viennent assez facilement pour animer des dégustations. Par ailleurs, pour fêter les trois ans de la boutique, qui ont eu lieu le 5 avril dernier, je songe à organiser un événement hors des murs à la rentrée scolaire prochaine, dans un lieu à proximité de la boutique, sous la forme d’un marché de producteurs. Cependant, il est encore trop tôt pour vous en dire plus.

LMEF – Quel bilan pouvez-vous tirer après trois ans d’ouverture ?

Y.G. – J’ai ouvert Local & Vous après la pandémie de Covid-19, ce qui n’a pas été facile. Si les commerces de proximité ont très bien fonctionné pendant la pandémie, les gens ont rapidement retrouvé le chemin des supermarchés par la suite. La première année a été difficile. En revanche, sur la deuxième et la troisième année, la progression à deux chiffres est encourageante, mais le bilan reste mitigé. Côté retour clients, c’est très positif. Il y a beaucoup de nouveaux arrivants à Saint-Ouen-sur-Seine, notamment des Parisiens qui s’installent en banlieue, et c’est une clientèle qui pousse ma porte. J’ai aussi un beau socle de clients fidèles qui viennent régulièrement. Pour faire grimper davantage le chiffre d’affaires, je développe de plus en plus le service aux professionnels. Depuis la fin de l’année dernière, j’ai transformé mon site vitrine en un site marchand, où mes clients peuvent découvrir des exemples de box que je peux composer. Je vais enrichir cette offre en ligne dans les prochains mois. Je réalise aussi des compositions sur mesure pour les professionnels, mais aussi pour les particuliers. Les ventes de mes box sont déjà très satisfaisantes, et j’ai pour ambition de continuer à me faire connaître sur cette partie et continuer de la développer.