Plus de 11 000 professionnels ont visité le salon professionnel des produits bio du 22 au 24 octobre derniers au parc des expositions de Paris Nord – Villepinte. Au delà des chiffres, les participants ont affirmé leur confiance dans les capacités de rebond du marché. Bilan du salon Natexpo 2023.
Quand le marché bio redémarrera-t-il ? Les exposants du salon Natexpo auxquels nous avons posé la question sont moins pessimistes qu’on aurait pu le craindre. Après les sévères reflux de 2020 et 2021, la demande de produits bio donne quelques signes d’amélioration. Naturalia avait annoncé renouer avec la croissance dès mai dernier. Le numéro un de la distribution spécialisée, Biocoop, a confirmé en marge du salon une légère augmentation de son chiffre d’affaires au cours des huit premiers mois de l’année. Inflation oblige, la hausse des volumes n’est pas encore au rendez-vous mais la fréquentation des magasins augmente.
Vers une stabilisation des réseaux bio ?
Du côté de fournisseurs, « on sent un redémarrage mais nous restons loin des niveaux de croissance de 2018-2019 », précise Vivien Lamaud, cofondateur de Biofruisec. Pour Aïda Soumaoro responsable de la communication de la marque de produits africains Racines, « les croissances passées étaient hors-normes. La bio va renouer avec une croissance plus faible à partir de l’an prochain. »
Selon le président d’Organic Alliance (Vitafrais – Pronatura) Pierrick Leroux, « La crise est en large partie imputable au trop grand nombre d’ouvertures de magasins bio. Il y a eu beaucoup de fermetures ces deux dernières années. En 2024, le circuit spécialisé devrait se stabiliser. À périmètre constant, on commence à retrouver de la croissance. Le marché devrait redécoller en 2025 sans retrouver 100 % de sa croissance perdue. »
Cédric Richard, président de Nature & Expression, pense pour sa part que « le marché repartira courant 2024. Les magasins bio ont compris qu’il fallait rafraîchir l’offre et s’ouvrir à des techniques commerciales plus modernes (merchandising, etc.) ». Pour Guy Deberdt, président du chocolatier Kaoka, le rebond n’interviendra « pas avant la fin 2024, voire en 2025. Il reste un gros travail à faire pour redonner confiance dans le bio. Le consommateur est perdu, la bio doit renouer avec ses fondamentaux. Elle a pris du retard dans l’affirmation de ses engagements sur le climat. »
« Le bio doit sortir de la crise par le haut »
Quels seront les leviers pour rebondir ? On sait que les spécialistes de la bio ont fait de gros efforts pour contenir et resserrer leurs prix ces derniers mois. L’inflation alimentaire est d’ailleurs moindre dans les réseaux bio qu’au sein des enseignes généralistes. Mais le bio restera toujours plus cher et les acteurs n’ignorent pas qu’il leur faut redorer l’image de la bio. « Le prix bas n’est pas la première motivation de la clientèle des épiceries fines, de la proximité et des magasins bio, énonce ainsi Guy Deberdt. La bio doit sortir de la crise par le haut. Cela passe par les engagements et la qualité du produit. »
Pierrick Leroux complète : « Il faut retrouver les règles d’un commerce qui a du sens et s’adresser aux consommateurs des messages qui leur parlent. Le local les rassure. Il faut aller à sa rencontre sur les petits salons régionaux. Et mieux expliquer les composantes de l’impact carbone des produits alimentaires car le transport n’en représente qu’un part minoritaire, l’essentiel provenant de sa production et de sa transformation. La bio n’a pas assez communiqué à destination du consommateur final ces dernières années. » Une carence dont les acteurs ont aujourd’hui pris conscience et qu’ils ont déjà commencé à corriger.