Taxe sur les sucres ajoutés 2026 : l’épicerie sucrée en résistance

L’adoption, mercredi 29 octobre 2025, d’un amendement instaurant une taxe sur les produits alimentaires transformés contenant des sucres ajoutés a provoqué un tollé parmi les artisans, industriels et syndicats de l’agroalimentaire. Intégré au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, ce projet de taxe sur les sucres ajoutés vise à inciter les fabricants à réduire la teneur en sucre de leurs produits. Pourtant, il est perçu comme une menace existentielle par des entreprises fragilisées par des années de crises successives.

Taxe sur les sucres ajoutés 2026

Une taxe sur les sucres ajoutés inspirée de la « taxe soda »

Porté par une quinzaine de députés du groupe Renaissance, cet amendement créant une taxe sur les sucres ajoutés prévoit une contribution progressive (de 4 à 35 € par quintal) sur les produits contenant des sucres ajoutés, calquée sur le modèle de la « taxe soda ». Les petites entreprises (moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires) en sont exemptées, ce qui épargne une large partie des fabricants artisanaux d’épicerie fine, mais pas toutes les PME et ETI de spécialités régionales.

« Nous avons résisté à tout : les crises sanitaires, l’explosion des coûts des matières premières… Mais cette taxe, c’est la cerise sur le gâteau empoisonné », proteste Marie-Claude Stoffel, directrice générale des nougats de Montélimar Chabert et Guillot, sur LinkedIn. Son entreprise, qui est sur le point de lancer une nouvelle gamme en épicerie fine, craint les répercussions de cette fiscalité.

Une « fiscalité punitive » selon les professionnels

Dans un post publié le 30 octobre 2025, Nelly Bonnet, secrétaire générale du syndicat Biscuits, Gâteaux et Panifications de France, alerte sur la situation critique des entreprises du secteur. « Ce n’est plus la goutte d’eau mais un raz-de-marée », dramatise-t-elle, citant l’exemple de La Trinitaine (spécialiste des biscuits bretons), dont la filiale industrielle a été placée en redressement judiciaire.

Un communiqué commun des syndicats des Biscuits, Gâteaux et Panifications, des Confiseurs de France, du Chocolat et des Céréales du Petit Déjeuner qualifie cette taxe de « fiscalité punitive et déconnectée » qui « mettrait en péril des dizaines de milliers d’emplois et des savoir-faire uniques », soulignent-ils, craignant une perte de compétitivité à l’export et un frein à l’innovation.

La controverse santé publique vs. tradition culinaire

Les défenseurs de la taxe mettent en avant un double objectif : améliorer la santé publique (l’obésité touche 10 millions de Français) et financer des programmes de prévention via la Caisse nationale d’assurance maladie. Les professionnels, eux, brandissent les drapeaux de la souveraineté alimentaire et du patrimoine gastronomique français.

« Ces entreprises font bien plus que produire des biscuits et gâteaux : elles font vivre nos territoires, soutiennent nos filières agricoles et portent l’image de la France à l’international », rappelle Nelly Bonnet. Pour Marie-Claude Stoffel, « taxer le nougat, c’est taxer notre identité. Que restera-t-il de notre culture culinaire si on détruit ce qui fait sa richesse ? ».

L’alternative des accords collectifs

Les professionnels soulignent leurs engagements volontaires en faveur d’une alimentation équilibrée. Les fédérations de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie et des nectars ont d’ailleurs été citées en exemple par le gouvernement pour leurs travaux de reformulation visant à réduire les teneurs en sucres, sels et acides gras saturés. Des efforts considérables d’un point de vue métier mais dont les experts en santé publique doutent qu’ils suffisent à eux seuls à atteindre l’objectif de limiter les effets néfastes de la surconsommation de sucre dans la population.

Le débat parlementaire n’est pas clos

Si l’amendement a été adopté en commission, le projet de loi doit encore être examiné en séance publique à l’Assemblée Nationale, puis au Sénat. Les syndicats appellent les pouvoirs publics à « reconsidérer cette mesure » et à privilégier « l’éducation au mieux-manger » plutôt qu’une taxe sur la consommation.

Exemple révélateur, la dernière hausse de la taxe soda a entraîné une augmentation moyenne des prix de 10 % en un an en grande distribution (source : Nielsen), tandis que les ventes de boissons sucrées y ont chuté de 4,2 % en deux mois. Un scénario que les professionnels de l’épicerie fine sucrée redoutent pour leurs propres produits.

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