Le prochain Salon international de l’alimentation (Sial) se tiendra à Paris du 19 au 23 octobre 2024. Quatre mois avant son ouverture, le salon a publié son cahier Sial Insights des grandes tendances alimentaires mondiales, réalisées par les experts Protéines XTC, Kantar et Circana. Découverte ci-dessous, servie en « formule complète ».
– ENTRÉE –
L’émotion, valeur refuge
des tendances alimentaires mondiales
« La place centrale du plaisir dans l’alimentation se renforce », annonce Karin Perrot, experte de Kantar. Il fait désormais partie des attentes des trois-quarts des consommateurs interrogés, soit 5 points de plus qu’en 2022, selon le panel consommateurs international Food 360 de Kantar.Le plaisir demeure par conséquent un levier majeur de l’innovation alimentaire. En effet, 52 % des nouveaux produits alimentaires sont liés au plaisir, contre 47 % il y a deux ans, selon l’agence de veille Protéines XTC.
Le plaisir pour soi ou avec les autres, moteur de consommation
« Le plaisir, c’est du réconfort pour soi mais aussi pour les autres à travers le plaisir de cuisiner et donc du partage », complète Karin Perrot. La découverte de nouveaux goûts est un moteur de la consommation en Chine, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Le Vieux Continent, est plus tourné vers la socialisation et donc la restauration. Dans les deux cas, « c’est une raison de se réjouir pour l’avenir de la filière », complète l’experte.
On ne sacrifie pas les petits réconforts du quotidien
Selon Emily Mayer, directrice des études du panel distributeur Kantar, « « Les consommateurs ont vraiment cherché à ”optimiser” leurs façons d’acheter et de consommer pour éviter de devoir se priver. Le maintien des petits plaisirs du quotidien est à ce titre très parlant : les bonbons, cookies, biscuits apéritifs, produits entre 2 et 3€, ont continué à progresser alors même que la consommation globale baissait. » Xavier Terlet de ProtéinesXTC, complète : « L’alimentation – surtout dans la période difficile que nous traversons – est souvent le seul vecteur de plaisir multi-quotidien fait d’émotions, de sensations voire de clins d’oeil ludiques ». C’est la notion de « comfort food ».
Explosions sensorielles et snacks gourmands
L’explosion sensorielle des bubble tea, les pauses gourmandes et repas plaisir sur le pouce sont représentatifs de cette tendance. En Europe, les achats de biscuits, chips et snacks et le chocolat connaissent des croissances à deux chiffres selon Circana. Il en va de même dans la grande distribution française pour les pâtes à tartiner, chips, cookies et autres bonbons ou sucettes.
– PLAT –
Le lien, composante des repas
à l’extérieur et à domicile
La convivialité reste un ingrédient essentiel du plaisir de manger. Pour une personne sur quatre en moyenne – une sur trois en France et au Moyen-Orient, une sur cinq en Espagne – recevoir chez soir participe au plaisir de manger, selon Kantar. Mais la convivialité fait aussi partie des motivations de sortie au restaurant pour un tiers des personnes interrogées, selon le panel Crest de Circana.
Les deux dimensions de l’exotisme
Les food-court permettent de lier « l’utile (shopping) et l’agréable (famille et loisirs) », détaille Maria Bertoch, experte Foodservice chez Circana. Le choix très varié y permet de tester différentes cuisines facilement. Selon Xavier Terlet, « l’exotisme emprunte deux directions. La première appelle à plus de précision sur la région d’où vient le plat : couscous de Marrakech, recettes de Malaisie, etc. La seconde conduit à découvrir de nouveaux territoires gastronomiques, comme la naturalité, les goûts puissants ou des cuisines initiées par la restauration comme la streetfood coréenne ». Le Bibimpap (bol de riz coréen) est ainsi apparue en tête des recherches de recettes sur Google l’an dernier.
La tradition remise au goût du jour
À l’opposé, les bistrots traditionnels tirent leur épingle d’un jeu très tendu pour cause d’inflation. Près d’une personne sur quatre apprécie particulièrement les plats traditionnels. Ce renouveau fait le succès des recettes et des produits qui racontent une histoire et contribuent à la préservation et à l’évolution des savoir-faire. Mais aussi la redécouverte d’ingrédients d’autrefois et la revisite de recettes d’antan pour des raisons économiques et écologiques. « Le retour aux sources devient gage de qualité, et les marques commencent à rivaliser de relancements aux couleurs ”vintage” », relève Sial Insights. C’est le mouvance « Tradi Trendy ».
– DESSERT –
L’attention, troisième pilier de l’alimentation
Oui au plaisir mais à condition qu’il n’induise pas de doute sur ses éventuels effets néfastes pour notre santé ou l’environnement ! Les trois-quarts des répondants pensent que leur alimentation peut présenter un risque pour leur santé. Les attentes de réassurance persistent et les consommateurs se tournent vers des signes facilement décodables, décrit Sial Insights.
Des produits moins transformés mais pas tous bio
L’attention aux ingrédients ainsi gagné 7 points en deux à 44 %, selon Kantar. Le choix de produits peu transformés (72%, +2pts) progresse également, de même que la préférence pour les produits locaux. Le bio reste toutefois contesté. Seulement un quart des sondés associent bio et qualité, une part qui tombe même à 15 % en France, « pointant en creux la nécessité de rationnaliser l’offre et ses marqueurs », analyse l’étude.
La consommation responsable s’invite au menu
La notion de consommation responsable étend son influence. Les consommateurs sont plus nombreux à attendre une réduction de l’empreinte carbone des produits (+5 pts.) et une réduction ou une meilleure recyclabilité des emballages (+ 3 pts.). Les interrogations sur la consommation de viande et ses conséquences en termes de production (rémunération des éleveurs, bien-être animal…) sont également en hausse (+ 6 pts.)
L’éthique fait partie des ingrédients
Pour Emily Mayer (Kantar), la progression du commerce équitable est « impressionnante sur le long terme et constitue un changement massif. Si un décalage entre ces valeurs et la réalité de l’alimentation, pour des raisons de prix ou de manque de clarté de l’information, il n’en demeure pas moins que sept consommateurs sur dix ont envie d’acheter des produits qui les aident à faire les bons choix. » Cette quête de transparence est facilitée par les outils numériques. Même si les applications type Yuca plafonnent (un cinquième des répondants en font usage), près des deux-tiers des sondés cherchent de l’information sur les aliments qui prévoient d’acheter.