LA CATALANE A REOUVERT LE 10 AVRIL
Entre les professionnels qui ont fait le choix de rester ouverts et ceux qui peu à peu réouvrent leurs commerces, les partages d’expérience qui nous parviennent sont tous très instructifs. C’est notamment le cas de celui que nous a fait parvenir Corinne Clouet-Lagarde, gérante de l’épicerie fine La Catalane à Nantes.
« J’ai créé l’épicerie fine La Catalane, proposant des spécialités artisanales de producteurs et artisans Catalans (Français comme Espagnols) car moi-même je suis née à Perpignan. Cette épicerie a vu le jour il y a deux ans et demi, au cœur du centre-ville de Nantes, où je vis désormais depuis plus de 7 ans.
À l’issue du discours du Président de la République décrétant le confinement général le 17 Mars, j’ai pris la décision de rester portes ouvertes jusqu’à ce que je vende toute la marchandise périssable, le rayon frais ainsi que la charcuterie ibérique. J’ai ainsi liquidé – avec une remise de 30% – ces familles de produits.
Puis, le samedi 21 Mars, j’ai préparé 100 Bocadillos (sandwiches Catalans) destinés et offerts aux équipes du CHU et celles du Samu de Nantes. C’est un véhicule du Samu qui est venu les récupérer, cela m’a fait songer que c’étaient les Bocadillos les plus rapides de l’Ouest ! 🙂
Après son départ, j’ai fermé les portes de l’épicerie, le cœur lourd.
Ayant des amis en Italie, j’étais persuadée que le gouvernement français allait lui aussi durcir le confinement et ainsi me faire fermer. J’ai en effet un commerce alimentaire, mais ne considère pas que j’ai des produits de première nécessité. De plus, je revenais d’un séjour à Paris et craignais d’être porteur sain, pour ma santé comme pour celle de mes clients, j’ai préféré fermer ce samedi 21 au soir.
J’ajoute ici qu’à l’heure de ma fermeture, j’ai vu des « guetteurs » filmer l’intérieur de ma boutique, et craignant pour la sécurité de celle-ci, j’ai décidé de tout vider, et placer mes produits dans ma remise. (J’avais déjà subi un cambriolage en Janvier…)
Les deux semaines qui ont suivi, où je suis restée confinée chez moi, j’ai passé mon temps à chercher toutes les aides et solutions envisageables. J’ai la chance d’avoir un expert-comptable et son équipe qui m’ont aiguillée, soutenue. Je n’en dirais pas autant de mon conseiller bancaire.
J’ai pris la décision de rouvrir
Apprenant la réouverture d’un commerce alimentaire réputé le 8 Avril, j’ai pris la décision de faire de même, en aménageant mes horaires et la disposition de la boutique, afin de recevoir les clients dans les conditions optimales de sécurité. (Marquage au sol, zone condamnée : autour de l’endroit où je prépare mes sandwichs, tapas et Planxas apéritives, panneau à l’extérieur signifiant les gestes barrière et une seule personne à la fois en boutique). Je me suis également équipée de masques et gants.
J’ai réouvert vendredi 10 Avril, la semaine dernière. Mes horaires sont passés de 10h-13h30/ 15h19h30 à 9h30-14h. Je ferme l’après-midi car je suis en livraison que je propose sur l’agglomération Nantaise, gratuite dès 40€ d’achat. Pour le moment, quelques planxas apéritives livrées, quelques bouteilles de vin et de sangria.
Il est encore tôt pour formuler à quel point le chiffre d’affaires d’avril sera impacté car cela ne fait pas encore une semaine que j’ai réouvert. Mais bien évidemment, le festival de cinéma espagnol prévu début Avril me ramenait beaucoup de monde, la braderie nantaise également, et tous ces évènements sont bien évidemment annulés.
Mon propriétaire a gentiment accepté un report de 3 mois de loyer
Je note que la fréquentation est bien sûr en énorme baisse, néanmoins mon panier moyen a augmenté de façon significative. (De 27€ à 36€)
Concernant les aides, je n’entre dans aucune case. Ayant fermé plus tard en mars, mon CA était supérieur à la perte des 50% demandées ; d’autant qu’en entamant cette troisième année je me devais clairement une hausse de CA…
J’ai pris la décision à contrecœur de faire la demande d’un prêt garanti par l’état, mais seulement du montant des charges sur trois mois, de peur qu’on ne me le refuse, et parce que je ne souhaitais pas m’endetter davantage. Celui-ci a été accepté, j’attends encore son versement. J’ai également demandé à mon propriétaire le décalage de trois mois de loyer, qu’il a accepté gentiment de lisser sur 18 mois.
Je n’ai en revanche pas demandé le report des autres charges, craignant la lourdeur d’un tel décalage à la reprise. La trésorerie est très faible mais avec le peu de chiffre d’affaires que je fais et moins de commandes pour le moment, j’espère pouvoir tenir mes charges. »
La Catalane Épicerie Fine 18, rue Franklin 44000 Nantes
Tél : 0251824772