Alain Andreolli (Moulin des Moines) : « à chaque crise sanitaire, le bio progresse »
Pendant les premières semaines du confinement, la minoterie bio alsacienne a tourné à plein régime pour répondre à la ruée des consommateurs sur la farine. Selon son directeur marketing, la crise du Covid-19 renforce l’attrait des produits bio et locaux.
Comment s’est poursuivie votre activité depuis le début du confinement ?
Les magasins ayant été dévalisés en farines et produits de première nécessité nous avons du répondre à une demande accrue. Et ce, d’autant plus que le public, qui ne trouvait plus de produits d’épicerie sèche dans la distribution traditionnelle, s’est précipité dans les magasins bio ! Résultat, les moulins comme le nôtre ont tourné à plein régime. Dans un premier temps, tout le monde s’est rué sur l’épicerie sèche et les fruits et légumes ont été oubliés. Mais cela va se réguler. Les consommateurs ont pu constater qu’il y a encore de la marchandise en magasins. Nous avons d’ailleurs constaté le même « rush » de clients dans nos trois magasins bio, avec une fréquentation qui a quadruplé les premiers jours mais cela s’est calmé depuis.
Quelles mesures avez-vous prise pour préserver votre personnel de l’épidémie ?
Nous avons procuré des gants et des masques à tous les salariés, généralisé le travail posté en production de manière à réduire le nombre de personnes présentes sur le site et placé le personnel administratif en télétravail. Par chance, personne n’a été malade et nous n’avons pas eu besoin de recourir au chômage partiel.
Quid de la logistique et des approvisionnements ?
Pour les livraisons à nos clients, nous avons nos transporteurs auxquels nous assurons des flux réguliers, cela s’est donc réglé sans trop de difficultés. Cela s’est révélé un peu plus compliqué en ce qui concerne nos approvisionnements, avec quelques retards qui ont occasionné des décalages qui ont créé des délais supplémentaires en production.
Avez-vous mené des actions de solidarité ?
Nous avons fait des dons de produits alimentaires aux secouristes et personnels du Samu regroupés dans l’association Terre Neuve 67 et notre la source Celtic, qui nous appartient, a fourni des flacons à la faculté de pharmacie de Strasbourg, destinés à être remplis de gel hydroalcoolique. Celtic a également offert des bouteilles d’eau à la Banque alimentaire du Bas-Rhin pour les sans domicile fixe.
Quelle est votre vision de l’avenir après le confinement ?
Par le passé, le bio a grimpé d’une marche supplémentaire après chaque nouvelle crise sanitaire ou alimentaire. Il y a un désir de manger des aliments qui procurent une bonne immunité. Avec le Covid-19, les consommateurs ont aussi commencé acheter autour de chez eux, auprès de petits producteurs qui avaient besoin d’écouler leur marchandise et dont le succès est tel que certains d’entre eux tiennent aujourd’hui de véritables petites épiceries ! Les gens ont peut-être pris de nouvelles habitudes mais il est un peu tôt pour en tirer des conclusions. Personne n’a encore de visibilité sur ce qui va réellement se passer à partir du 11 mai.