Inaugurée en octobre dernier, l’Épicerie Baeck a tout de suite été bien accueillie par la clientèle de ce quartier résidentiel où, depuis la fermeture d’une épicerie portugaise généraliste qui occupait les lieux, aucune offre alimentaire comparable n’avait vu le jour.
L’heure de la retraite avait sonné et les précédents gérants du local commercial ont préféré baisser le rideau avant de trouver un repreneur. Heureusement pour eux, deux habitants du quartier pensaient reconversion. Après vingt années à travailler chacun de leur côté sur deux activités bien différentes, le graphisme pour l’un et la restauration pour l’autre, Yann Bourquin et Laurent Esseghir ont eu envie de changer d’horizon, de rythme et d’atmosphère. “Nous savions que le local était disponible et cela nous a donné le temps de mûrir un peu notre projet déclare Laurent Esseghir. La vente a eu lieu début 2022. Nous avons fait six mois de travaux durant lesquels nous avons tout repris de A à Z.” De l’épicerie portugaise ne reste que la morue séchée que les commerçants continuent de vendre au détail et font transformer chaque semaine en une centaine d’acras qui disparaissent en deux jours.
Une sélection faite au fil des rencontres
Réalisée sur la base de produits qu’ils connaissaient déjà, la sélection continue de se compléter au fil des salons professionnels et des rencontres. “Pour constituer notre offre affirme l’épicier fin, nous avons choisi de ne pas vendre ce qui ne nous plaisait pas. Nous proposons de l’épicerie fine avec un axe très méditerranéen, nous avons fait entrer de la charcuterie italienne et espagnole, des fromages de chez Tourrette (un affineur local), une soixantaine de références en vin, quelques légumes de saison et des produits alsaciens comme le lard et le jambon fumé.” L’offre est complétée par du café de la maison laGrange, du chocolat du Comptoir du Cacao, les mélanges d’épices de La Plantation, de l’huile d’olive tunisienne (Parcelle 26), d’autres huiles aromatisées, des pâtes italiennes, des conserves de poisson espagnoles et quelques spécialités maison comme le pâté en croûte (au comté et au vin jaune) et des sandwichs. En tête des ventes, les produits à la coupe. Et une recette de sandwich réalisé à partir de pain ciabatta, de jambon de Parme, pesto et salade vendu 6 euros. Les planchettes proposées pour l’apéritif ont elles aussi beaucoup de succès : elles sont à 9 euros pour 3 personnes. Le panier moyen est très variable mais sa moyenne s’établit entre 20 et 30 euros.
L’exploitation de la terrasse pour les beaux jours
“La clientèle du quartier est plutôt aisée nous précise Laurent, mais nous nous efforçons de rester raisonnables en prix. Du coup, poursuit-il, nous avons fidélisé à la fois les jeunes familles nouvellement installées dans ce quartier qui bouge beaucoup, tout comme les personnes plus âgées présentes ici depuis de longues années.” Heureux de leurs premiers mois d’ouverture – bien qu’ils trouvent leur nouvelle activité très chronophage – les deux associés consacrent leur temps libre à l’embellissement du local commercial. De nouvelles étagères devraient bientôt être installées, elles permettront de compléter l’offre – des moulins à poivre Peugeot ont fait leur arrivée depuis Noël dernier. Les beaux jours devraient également voir l’exploitation de l’espace en terrasse et les fêtes de 2023 seront peut-être l’occasion de proposer un peu de caviar. “Nous nous sommes posé la question avant d’ouvrir mais comme c’est un investissement important, nous nous donnons encore le temps de la réflexion.” Ce qui est certain, c’est que les habitants de ce quartier de Strasbourg ont gagné deux commerçants passionnés !