Récemment approuvé par le Parlement européen, le projet de directive dite « Petit Déjeuner » doit aboutir dans les prochaines semaines. Si les nouvelles règles d’étiquetage d’origine et lutte contre l’ajout de sucre dans le miel ont été très médiatisées, d’autres concernant les jus de fruit et les confitures sont moins connues. Elles apportent de nouvelles garanties en matière d’information des consommateurs, notamment sur la teneur et la nature du sucre contenu dans ces produits.
Initiée par la Commission européenne le 21 avril 2023, la révision des normes européennes de commercialisation du miel, de la confiture et des jus de fruits avait fait l’objet d’un accord provisoire en début d’année 2024 avec le Parlement (voir le lien vers le texte en fin d’article). Ce dernier l’ayant entériné, il ne reste plus qu’à le faire adopter par le Conseil des ministres européens, ce qui devrait intervenir rapidement. La directive devra ensuite être transcrite dans les textes des États membres dans les 20 jours.
L’étiquetage d’origine des miels pour décourager la fraude
Les nouvelles règles d’étiquetage et de traçabilité du miel visent à lutter contre les fraudes sur l’origine et l’authenticité des miels importés de pays hors Union européennes et à mieux informer les consommateurs. Jusqu’à présent, l’indication d’origine « UE » ou « non UE » du miel sufffisait. S’estimant victimes de concurrence déloyale, les apiculteurs réclamaient que le pays d’origine du miel soit clairement indiqué sur l’étiquette. Par ailleurs, une étude de l’Union européenne soupçonnait une grande quantité de miels importés d’être modifiée par ajout de sucre. Une altération rarement détectée aux frontières.
Afin de lutter contre ces fraudes et de mieux informer les consommateurs, les pots de miels devront donc désormais indiquer de façon claire, à proximité du nom du produit, les pays de provenance du miel, et non plus seulement s’il provient ou non de l’UE, comme c’est actuellement le cas pour les mélanges de miels. Les pourcentages de miel provenant des quatre premiers pays d’origine au moins doivent également être indiqués. Si cela ne représente pas plus de la moitié du miel total, les pourcentages doivent être indiqués pour tous les pays.
De cette façon, l’Union étend à l’ensemble des pays membres la règle d’étiquetage d’origine appliquée jusqu’ici par sept pays européens seulement, dont la France, à la satisfaction des apiculteurs. « L’une des grandes avancées de cette directive est la fin de la distorsion intra européenne de l’affichage des origines des miels », souligne ainsi Marie Lecal-Michaud, directrice générale de Famille Michaud Apiculteurs.
Vers une traçabilité de la ruche à la tartine ?
La dirigeante de Famille Michaud déplore toutefois « l’absence d’obligation des analyses avant commercialisation, (…) seul moyen de garantir les origines florales, géographiques et la non-adultération du miel. » La marque qui fait contrôler la totalité de ses miels, souligne que ces analyses sont peu coûteuses, entre 40 € et 190 € selon elle. La dirigeante redoute de nouvelles fraudes, à l’étiquette cette fois. L’Union a préféré la « mise en place d’un mécanisme de traçabilité du miel. » Il prendra la forme d’un dispositif d’identification unique permettant de retracer le miel jusqu’aux apiculteurs. Un groupe d’experts européens sera mis en place afin de le préparer et de proposer les moyens d’améliorer les contrôles et de détecter les altérations du miel.
La notion de « sucre naturel » homologuée pour les jus de fruits
Concernant les jus de fruit, deux nouvelles mentions vont désormais être autorisées. D’une part, les fabricants « continent uniquement des sucres naturels » sur l’étiquette des jus de fruits. Ce qui permettra de mieux différencier les jus, qui sont obligatoirement purs, des autres boissons aux fruits comme les nectars ou sodas. Par ailleurs, la quantité autorisée de sucre ou de miel ajoutée aux nectars sera réduite, révèle le magazine Rayons Boissons qui cite l’interprofession Unijus.
Les jus de fruits à faible teneur en sucre désormais autorisés
Autre innovation du texte, les jus pourront être étiquetés « jus de fruits à teneur réduite en sucre » si au moins 30 % des sucres naturels ont été retirés. Le texte autorise « certains traitements et ingrédients » permettant de réduire la teneur en sucre sans altérer les caractéristiques du produit final. Il s’agirait en l’occurrence de microfiltrations ou levures mais non d’édulcorants qui sont proscrits. Cette disposition vise à « répondre à la demande croissante de produits à faible teneur en sucre », précise un communiqué du Parlement européen.
Plus de sucre dans les confitures
La directive Petit Déjeuner réhausse enfin le taux minimum des fruits que doivent contenir les confitures. En règle générale (mais il y a des exceptions pour certains fruits), une confiture doit contenir 35 % de fruits et une confiture « extra » 45 %. Ces deux seuils passent respectivement à 45 % et 50 %. Le taux de sucre baissera donc symétriquement.
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