La diversité alimentaire africaine sera plus que jamais représentée au prochain Sial Paris.

L’Afrique au rendez-vous des nouvelles tendances alimentaires

La diversité alimentaire africaine sera plus que jamais représentée au prochain Sial Paris. Plus de soixante pays du continent participeront en effet au Salon international de l’alimentation, de l’Afrique du Sud à l’Égypte en passant par Madagascar. Le Maroc et la Tunisie seront présents en force, au travers de pavillons nationaux. Le stand du Sénégal occupera une surface accrue. L’Ouganda et la Lybie participeront pour la première fois. L’épicerie est le premier secteur représenté.

Un parcours dédié au Sial

L’organisateur du salon, qui se tiendra du 19 au 23 octobre 2024, a prévu un parcours de visite dédié aux exposants africains et consacrera une conférence à l’Afrique, le 22 octobre. Au cœur des échanges, la souveraineté et la sécurité alimentaire du continent, l’emploi, le financement et le partage de la valeur… Mais aussi les innovations avec un prix spécial qui récompensera les initiatives « les plus audacieuses et les plus engagées, valorisant l’apport de ces territoires au service du renouveau de l’alimentation ».

Des handicaps et un énorme potentiel

Si les enjeux de lutte contre la malnutrition et de souveraineté alimentaire restent majeurs, l’Afrique dispose d’un énorme potentiel en termes de production et de développement de ses marchés comme d’inspiration des tendances agroalimentaires mondiales. Sur le plan agricole, les capacités de l’Afrique restent sous exploitées. Seulement 240 millions d’hectares étaient mis en culture annuelle et pérenne en 2019 sur près de 1 537 millions d’hectares « utiles » (exploitables pour une activité économique). Soit moins de 16 %, selon FAOSTAT.

De forts investissement dans la transformation

Traditionnellement exportateurs de produits bruts (maïs, oranges, cacao, café, noix de cajou, épices…), les pays africains aspirent au développement d’une industrie de transformation locale. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), les investissements dans le secteur agroalimentaire en Afrique se sont considérablement développés ces dernières années, pour atteindre environ 15 milliards de dollars par an… Une donnée qui pourrait atteindre jusqu’à 50 milliards d’ici à 2030 si l’on en croit les estimations de la Fondation Bill et Melinda Gates.

Les producteurs d’Afrique au fait des tendances alimentaires

Cette volonté de conquérir l’aval de la chaîne de valeur alimentaire est notamment portée par une nouvelle génération de marques innovantes. Pour le Sial, l’agence ProtéinesXTC a repéré par exemple les bouchées à la noix de coco et à la cannelle de la marque nigériane Kokari Coconuts et reprenant les codes d’une gourmandise traditionnelle baptisée shukshuk. Cette culture des produits de snacking aux ingrédients exotiques se retrouve au Ghana, avec des chips de banane plantain verte parfumées façon poulet yassa signées Sankofa Snacks. Côté boissons, la jeune pousse ghanéenne Aguma a mis au point une infusion de feuilles de manguier. Autant d’innovations qui associent gourmandise et bien-être, témoignant d’une bonne maîtrise des tendances du marché.

L’Afrique de plus en plus présente dans nos assiettes

Mais le continent africain est aussi producteur d’ingrédients qui s’invitent de plus en plus dans les recettes sur les tables des pays du Nord, tels que l’hibiscus bissap, le rooibos, la patate douce, le manioc… Certaines céréales traditionnelles (kerzna, fonio, tamarin, teff) sont de plus en plus considérées comme des alternatives saines et durables dans le cadre de la transition alimentaire et environnementale.

Des graines anciennes armées pour la transition

En France, la jeune pousse Vieilles Graines collabore avec des semenciers et des agriculteurs pour lancer des filières de diversification en Europe à partir de plantes originaires d’Afrique. Elle entend ainsi aider les agriculteurs européens à résister au réchauffement climatique. Elle présentera notamment au prochain salon du bio Natexpo des macaronis de sorgho cultivé en Italie. Ces derniers sont sans gluten, source de protéines et riches en minéraux.

L’Épicerie fine conquise par la nouvelle vague africaine

Dans la gastronomie, le jeune chef étoilé Mory Sacko, révélé par l’émission télévisée Top Chef, a mélangé les influences africaines, japonaises et française. En épicerie fine, la montée en qualité des produits transformés originaires d’Afrique est sensible depuis plusieurs années. Plusieurs d’entre eux ont été distingué au concours des Épicures de l’Épicerie fine ces dernières années, telle que l’huile d’olive tunisienne Parcelle 26, les jus et confitures togolais Hug’s…

Bien au-delà des communautés africaines

Les ingrédients et recettes africaines répondent ainsi à la soif de découvertes gustatives et aux nouvelles attentes alimentaires (sans gluten, végétalisation…). Ils irradient bien au-delà de la communauté africaine pour séduire une population de « jeunes qui veulent découvrir une façon de manger différemment et qui sont dans la découverte de nouveaux produits, sains et non transformés », comme l’explique Stela Mpoy, cofondatrice du site Kodamer. Spécialisé dans les produits de petits producteurs africains, ce dernier a été primé d’un Épicure de l’Épicerie Fine 2024.

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