Rse dans la filiere the inde copyright alexandre sattler via son entreprise « gaïa images photography »

Un « Club Durabili’Thé » pour faire progresser la RSE dans la filière thé

Commerce Équitable France vient de créer le programme « Solidari’Thé » et le « Club Durabili’Thé », afin en effet faire progresser la RSE dans la filière thé. Pour lancer ces initiatives, Commerce Équitable France a réuni le 30 septembre 2024 au Jardin d’Agronomie Tropical du Bois de Vincennes une quarantaine de professionnels.

Soutenu par trois marques pionnières du thé bio et équitable – Jardins de Gaïa, Guayapi et Éthiquable, le Club est ouvert à tous les acteurs du marché « qui souhaitent accompagner la transformation de la filière thé vers des pratiques plus justes, plus durables et plus résilientes ».

Webinaire et étude sur la RSE dans la filière thé

Dans le cadre de ce club, Commerce Équitable France travaille actuellement à l’élaboration de webinaires et rencontres sur les enjeux de durabilité de la filière thé. Animées par des experts, chercheurs et ONG, ils auront pour objectif de « renforcer l’expertise des professionnel.les ». Le club produira également une lettre d’information.

Par ailleurs le programme Solidari’Thé travaille à une étude sur les engagements des entreprises de la filière thé. Celle-ci répertoriera et analysera les données publiques afin d’établir un système de suivi « sur le modèle du Chocolate Scorecard existant pour la filière du chocolat », nous dévoile Julie Stoll, déléguée générale de Commerce Équitable France.

Campagne de sensibilisation du public

Cette étude examinera cinq thématiques : la transparence et la traçabilité, le revenu des producteurs, l’adaptation et l’atténuation du réchauffement climatique, la préservation de biodiversité et la lutte contre les polluants chimiques. Les résultats donneront lieu à une campagne de communication grand public.

Les prix payés aux producteurs ne sont pas soutenables

Bien que moins exposé aux critiques que le café ou le cacao, le thé doit pourtant faire autant que ceux-ci face à aux défis de la pauvreté des petits producteurs, de la destruction de la biodiversité et de la fragilité des plantations face au réchauffement climatique, souligne Commerce équitable France.

La multiplication des inondations ou encore l’allongement des périodes de sécheresse affectent les rendements et la qualité du thé. Les modes de production monoculturales du thé fragilisent les écosystèmes. « Le prix de la feuille fraîche de thé payée aux petit·es producteur·rices ou aux cueilleur·ses des grandes plantations n’est pas suffisant, ni pour vivre dignement, ni pour investir dans la régénération des systèmes de production du thé et renforcer leur résilience face aux défis climatiques », déplore Commerce Équitable France.

Droits humains, l’envers du décor

« Derrière des arômes délicats et un marketing souvent axé sur la santé et le bien-être, la face cachée de la filière laisse un goût amer », dénonce l’ONG. À 2,85 $ US le kilo en 2022 (source Terro), le prix composite du kilo de thé noir a de surcroit baissé de 2,4 % par an en une décennie. Sans compter que « les exactions sur les droits humains sont légion, en particulier dans les grandes plantations où le harcèlement sexuel des cueilleuses est parfois endémique », affirme Commerce équitable France, qui se réfère à une récente enquête de la BBC.

Des processus d’achat opaques

Cet envers du décor reste moins exposé médiatiquement. Paradoxalement, le fait que le thé ne soit pas une marchandise cotée en Bourse (à la différence du café et du cacao), explique en partie cette absence de visibilité. « La cotation crée des repères prix contre lesquels on peut s’indigner s’ils sont inéquitables », admet en effet la déléguée générale de Commerce Équitable France, Julie Stoll. Alors que le thé « se négocie dans la plupart des cas dans des ventes aux enchères assez opaques à des prix très variables d’une région à l’autre », décrit-elle.

La montée en gamme ne ruisselle pas

Cette opacité explique en partie que « dans le thé, les stratégies de montée en gamme ne s’accompagnent pas d’une amélioration des revenus des producteurs dans les mêmes proportions que dans le cacao ou le café », analyse Julie Stoll. Ainsi, la montée du bio dans le darjeeling (60 % de la production), n’aurait pas eu d’effets positifs sur les petits producteurs de cette variété.

Mais c’est avant l’insuffisance des organisations de producteur que explique la pauvreté de la plupart des 13 millions de petits planteurs et cueilleurs de thé dans le monde. « Les coopératives de petits producteurs équipées pour la transformation des feuilles fraîches sont très rares », relate Julie Stoll. Ceux-ci sont donc à la merci de l’aval de la filière.

Les scénarios alternatifs sont possibles

Pour montrer que d’autres scénarios sont possibles, Commerce Équitable France a réuni le 30 septembre 2024 au Jardin d’Agronomie Tropical du Bois de Vincennes une quarantaine de professionnels – marques, sourceurs, consultants, etc. Ils ont notamment permis de faire connaître trois projets « inspirants » respectivement menés par Guayapi, Éthiquable et Jardins de Gaïa.

Il y a 25 ans, la société familiale Guayapi a en effet acquis une terre cultivée en monoculture au Sri Lanka pour la transformé en jardin-forêt de thé bio commercialisé via les circuits de commerce équitable. Aujourd’hui, plus de 115 espèces d’oiseaux se sont installées dans ce jardin-forêt (contre 20 espèces recensées en début de projet) et plus de 250 espèces végétales y cohabitent dont une quarantaine sont commercialisées.

Éthiquable s’est de son côté associée à l’ONG de développement le GRET soutenir l’émergence d’une filière thé du Laos orientée vers l’export. Quelque 210 familles se sont réunis au sein d’une coopérative détenant son propre atelier de transformation de thé. Éthiquable le paye 16 % au-dessus du prix du marché et le commercialise. Les thés sont produits en jardin et présentent des profils sensoriels intéressants.

Jardins de Gaïa soutient pour sa part l’association Nitidae dans l’accompagnement de producteurs d’Ouganda en transition vers des modes de productions agroécologique et de préservation de la biodiversité. Le programme vise principalement à préserver la population des 1 500 chimpanzés du parc voisin de Kibale, menacés par l’usage des pesticides.

Un vaste public à sensibiliser

Troisième boisson vendue dans le monde (après l’eau et le café), le thé fait aussi partie du quotidien des Français. Les deux-tiers d’entre eux en consomment et la France en est le troisième marché européen. Une bonne raison pour sensibiliser les opérateurs et consommateurs français à la nécessité d’améliorer les conditions dans lesquelles il est produit.  

Partager sur :

Facebook
Twitter
LinkedIn

Abonnement Newsletter

« * » indique les champs nécessaires

En validant ce formulaire, j’accepte de recevoir les Newsletters Le monde de l'EPICERIE FINE. J’accepte également que mes données soient réutilisées conformément à notre politique de confidentialité.
Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.