Sur un marché national qui se maintient, le succès des cocktails et la tendance à la prémiumisation se confirment avec une montée en gamme et une segmentation des différentes catégories. A l’export, le chiffre d’affaires des spiritueux dépasse pour la première fois le seuil symbolique des 4 milliards d’euros. Une consommation à domicile stable dans un contexte de guerre des prix
Les ventes en grande distribution par rapport à 2016 montrent une relative stabilité en volume (279 millions de litres soit -0,4%) et en valeur (4,76 milliards d’euros soit +0,4 %)1. Trois catégories de produits tirent le segment : portés par la tendance cocktail, les rhums affichent +10% en valeur (+7% en volume), les gins progressent de 10 % en valeur (+8% en volume), tandis que les amers (bitters) affichent +5% en valeur (+4% en volume). Marqué par la prémiumisation, le marché des spiritueux en GMS se distingue par des nouveautés toujours plus nombreuses. Depuis 2 ans, le rayon whisky affiche 5 nouvelles références et celui des rhums en compte 6 avec un fort dynamisme de la catégorie des rhums vieux.
Le dynamisme de certaines familles de produits ne peut, cependant, contrebalancer les conséquences négatives de la guerre des prix et de promotion destructrice de valeur. Il est urgent de rééquilibrer le rapport de force actuel pour permettre aux entreprises de recréer en France les conditions d’une compétitivité retrouvée permettant aux entreprises d’investir, d’innover et d’exporter, tout en s’adaptant aux nouvelles attentes des consommateurs.
L’univers du cocktail dynamise les ventes
Représentant 10% du volume des ventes, le secteur des cafés-hôtels-restaurants (CHR) progresse. Les ventes en CHR atteignent ainsi 29,4 millions de litres2 pour 4,39 milliards d’euros, soit une croissance de 1,6% en volume et de 2,1% en valeur. Dans un contexte de renouveau des bars et de l’activité touristique, les établissements font la part belle aux cocktails. On observe donc également sur ce circuit la progression des volumes de gins (+18%), amers (+15%), rhums (+11%) et liqueurs (+6%) portée par la tendance cocktail.
L’excellence française reconnue à l’export
La barre des 4 milliards d’euros est franchie ! Les exportations de spiritueux atteignent le montant historique de 4,2 milliards d’euros (+6%) pour un volume de 437 millions de litres (+2,4%) soit l’équivalent de 52 millions de caisses de 12 bouteilles3. Ces bons résultats reposent principalement sur les performances du Cognac, qui représente 70% de la valeur des exportations (3 milliards d’euros) et réalise encore une fois une année record aussi bien en volume (+8,7%) qu’en valeur (+10,8%), d’autres catégories de spiritueux concourent également à cette croissance à l’export. Le rhum progresse de 14,1% en volume et de 23,8% en valeur tandis que les autres eaux-de-vie de vin, parmi lesquelles le brandy, affichent une croissance de 4,3% en volume et de 5,9% en valeur. Cette dynamique mondiale est tirée par les principaux pays consommateurs que sont les Etats-Unis
(première destination des exportations de spiritueux en valeur, +5%), la Chine (+29%), la Grande-Bretagne,
l’Allemagne et la Canada. Les chiffres confirment l’avis des 78% des Français qui considèrent que les spiritueux contribuent au rayonnement de la France à l’international . Avec les vins, les spiritueux sont le deuxième poste excédentaire de la balance commerciale.
1 Source : Panel Nielsen Scantrack : ventes en grande distribution [hypermarchés (HM), supermarchés (SM), harddiscount
(HD), proxi et drive], taxes incluses
2 Source : CGA Nielsen
3 Chiffres FEVS
Une dynamique maintenue malgré une fiscalité écrasante
Les producteurs et distributeurs de spiritueux réussissent à maintenir leur position sur le marché français malgré une pression fiscale extrêmement forte. Les recettes fiscales atteignent aujourd’hui un des niveaux les plus élevés d’Europe : les spiritueux contribuent à hauteur de 3 milliards d’euros de droits d’accise5.
Les trois quarts des Français interrogés estiment d’ailleurs ce niveau de taxation des spiritueux injustifié6. Il est temps de redonner des marges de manoeuvre aux 200 entreprises de la filière, dont 90% sont des TPE et PME, particulièrement fragiles face à cette fiscalité très lourde.
Il est à noter que moins de 0,2% des 4 milliards d’euros de recettes fiscales avant TVA sur l’ensemble des boissons alcoolisées (spiritueux, bières, vins) sont alloués à la prévention des comportements à risque.
Une importance économique positive dans les territoires
En 2017, pour la première fois la Fédération Française des Spiritueux a réalisé l’empreinte socioéconomique de la filière. Bilan : les producteurs et distributeurs de spiritueux soutiennent plus de 100 000 emplois directs et indirects en France métropolitaine et Outre-mer. L’Île-de-France et la Nouvelle-Aquitaine en concentrent près de la moitié avec respectivement 20 000 et 28 000 emplois. Parmi les 100 000 emplois soutenus par la filière en France, on dénombre 73 000 emplois soutenus par la production des spiritueux français et 27 000 emplois dans les circuits de distribution (GMS, grossistes, CHR…). Au total, un emploi direct produisant des spiritueux permet de soutenir 7,7 emplois supplémentaires dans l’économie française.
Parmi les autres effets économiques générés par la filière, on note que les entreprises de spiritueux valorisent 700 millions d’euros de matières premières agricoles françaises (fruits, raisins, cannes à sucre, céréales et plantes). Enfin, le développement du spiritourisme contribue à mettre en valeur les savoir-faire et les métiers des producteurs de spiritueux. En 2017, 1,6 million de visiteurs en métropole et en Outre-mer ont pu découvrir les sites d’élaboration de nos entreprises.
4 Enquête IFOP pour la Fédération Française des Spiritueux, avril 2017
5 Chiffres DGDDI
6 Enquête IFOP pour la Fédération Française des Spiritueux, avril 2017