Présentatrice des « Carnets de Julie » sur France 3, Julie Andrieu nous permet de revisiter chaque samedi une région au travers de ses recettes et traditions culinaires. Auteure de nombreux livres à succès, cette gourmande hyperactive est également la créatrice d’une gamme d’infusions distribuée en épiceries fines…
Toute la France vous connaît grâce à vos émissions de télévision et vos livres de recettes. On pense plus particulièrement aux « Carnets de Julie » : comment préparez-vous cette émission ?
J. A. : Avec l’équipe très compétente qui est derrière moi. Et notamment des enquêtrices – que des filles ! – avec qui nous choisissons la destination à traiter. L’une d’elles part en repérage sur le terrain, prend toutes sortes de contacts et, à son retour, nous travaillons sur ses propositions. J’ai entre-temps fait des recherches de mon côté et nous écrivons ensemble le scénario de l’émission en fonction de notre angle éditorial qui est la préservation d’un certain patrimoine gastronomique, plutôt familial, basé sur la transmission orale des recettes. Chaque tournage dure quatre jours.
Il y a dans votre programme une atmosphère intimiste à mille lieux des shows culinaires que l’on peut voir sur d’autres chaînes où la cuisine est un défi, presque une performance : que vous inspire ces émissions concours ?
J. A. : Ce choix éditorial correspond vraiment à mon parcours personnel. Le fait de ne pas avoir reçu cette transmission fait que je suis d’autant plus éveillée à la nécessité de la préserver. En ce qui concerne les autres émissions, pour être honnête, je ne les regarde pas tout simplement parce que je regarde très peu la télé. Ce qui ne veut pas dire que ces émissions ne soient pas importantes, notamment pour les jeunes auprès de qui elles ont permis de revaloriser l’image de la cuisine en la rendant plus moderne, plus attrayante. Je trouve ça très bien. D’autant que cette culture de la compétition en cuisine est une réalité : on ne parle pas d’une brigade pour rien…
Pensez-vous exporter un jour votre émission à l’étranger ?
J. A. : Elle est diffusée sur TV5 Monde, mais elle n’a pas été conçue pour ça. Si un jour je devais faire quelque chose pour l’étranger je le ferais pour ce public-là, spécifiquement. On me l’a déjà proposé aux Etats-Unis par exemple, mais comme il fallait complètement s’impliquer et vivre là-bas notamment, cela ne s’est pas fait. Mais pourquoi pas ?
Votre émission nous fait découvrir chaque semaine des artisans des métiers de bouche installés dans des villages… Sont-ils menacés comme on le dit parfois ?
J. A. : Souvent. Et je dois dire que je suis très sensible à la désertification des commerces dans les villages au profit des grandes surfaces. Même si je suis aussi cliente des grandes surfaces, je regrette que ces commerces de proximité, où l’on vient autant pour discuter que pour se renseigner auprès de gens qui savent ce qu’ils vendent et acheter des produits locaux, disparaissent les uns après les autres. Ils ont une valeur humaine irremplaçable et je trouve ça très précieux : c’est une particularité française qu’il faut réussir à préserver.
Vous arrive-t-il, à titre personnel, de pousser la porte d’une épicerie fine à Paris ?
J. A. : Oui, mais plus rarement aujourd’hui avec l’émission. Je suis tellement souvent chez les producteurs que je rapporte chaque semaine des paniers pleins des régions de France où je tourne. S’il me manque quelque chose, je vais au Lafayette Gourmet.
Avec Julie Infuse vous avez votre propre marque d’infusions distribuée en épicerie fine : comment vous est venue cette idée ?
J. A. : Cela faisait longtemps que je faisais infuser des tas de choses : des épices, des racines, des herbes, des fleurs… mes copains m’appelaient « le druide ». Cela m’a donné l’idée de développer une petite gamme d’infusions. Il y avait beaucoup de choses dans le thé, mais moins dans les infusions et j’ai pensé qu’il y avait peut-être autre chose à raconter que la verveine contre laquelle je n’ai rien. J’ai imaginé un packaging un peu nouveau, inspiré de l’art des pliages japonais et je suis partie sur quelques parfums qui m’amusaient ; sans être trop originaux pour ne pas dérouter le public, mais avec des goûts assez tranchés. On a développé ça avec très peu de moyen.
Propos recueillis par Bruno Lecoq