Les enseignements du bilan 2022 de l’épicerie bio

L’étude du détail des chiffres 2022 publiés par l’Agence Bio souligne les faiblesses des magasins bio. Ces spécialistes reculent plus fortement que les autres circuits sur toutes les catégories. En épicerie, ils cèdent du terrain aussi bien à la grande distribution qu’aux commerces de bouche.

Les ventes de produits bio alimentaires ont reculé de 4,6% en 2022, à 12,1 milliards d’euros, voyant leur part de marché se tasser de 0,38 point selon l’Agence Bio. Principal canal de vente de l’AB (53 % du marché), la grande distribution a reculé dans la même proportion. Le réseau des magasins bio (27 % du marché) est celui qui en le plus souffert, avec un recul de 8,6 %. Les 80 000 artisans et petits commerçants (boulangers, bouchers, primeurs, cavistes, épiciers fins…) sont également en repli mais dans une moindre mesure (-2,6 %). Ils totalisent 8 % du marché. Le seul circuit en progression est celui de la vente à la ferme. Son chiffre en d’affaires, en hausse de 3,9 %, a dépassé la barre de 1,5 milliard d’euros l’an dernier. Ce qui représente 13 % du marché des produits bio alimentaires.

Des dégâts de l’amont à l’aval

Ce retournement du marché a eu des effets d’un bout à l’autre de la chaîne agroalimentaire. En amont, les conversions d’agriculteurs bio sont en baisse mais le solde reste positif (+3,5 %). Cette hausse nette s’explique par le fait que convertir une exploitation en AB demande trois ans. Les agriculteurs engagés ont poursuivi la démarche. Les nouveaux entrants sont cependant moins nombreux.

Les dégâts ont à l’inverse été immédiats chez les transformateurs et distributeurs. « En prise directe avec une consommation bio en berne, les entreprises de l’aval certifiées pour une activité bio passent de 29 184 à 28 187, soit une baisse inédite de 2 % », précise l’Agence Bio. Le nombre d’entreprises qui ont arrêté de transformer ou de vendre du bio est de 3 637. Parmi elles, un certain nombre de détaillants ont disparu. Le parc de 3 086 magasins bio recensé par le magazine Biolinéaires se serait ainsi contracté d’une centaine de points de vente en solde net.

Le frais globalement plus impacté

Le recul du marché bio atteint presque toutes les catégories de produits mais à des degrés variables. La baisse est plus forte sur la viande (-13 %), le traiteur de la mer et les surgelés (-8) les fruits et les légumes (-7) et la boulangerie-pâtisserie fraîche (-5 chacun). Le repli des produits secs est moins spectaculaire. Les ventes d’épicerie sucrée, de boissons sans alcool (-3 chacun) et d’épicerie salée (-4) régresseent moins que la moyenne du marché.

Les vins sont les seuls produits bio en hausse, à +2 % et le petit segment des alcools bio (89 M€) est stable. Épicerie sucrée, salée et vins demeurent ainsi les trois principaux piliers de l’alimentation AB, avec respectivement plus de 2 milliards d’euros, près de 1,8 milliard pour l’épicerie salée et plus de 1,2 milliard pour les vins. Les boissons sans alcool pèsent 533 millions d’euros.

Les artisans de bouche grignotent l’épicerie

Ces données globales cachent toutefois des divergences entre circuits de distribution. Lorsque l’on plonge dans le détail des chiffres, on s’aperçoit en effet que les magasins bio sont en baisse sur toutes les catégories sans exception. L’épicerie sucrée y est à -8 % et l’épicerie salée à -7,5. Les boissons sans alcool à -6,5… De son côté, la grande distribution généraliste sauve les meubles, grâce à son image de prix bas, avec –1 sur l’épicerie sucrée et -3,4 sur l’épicerie salée. Elle progresserait de 50% dans les boissons sans alcool. En recul sur le frais, les artisans et petits commerçants progressent sur l’épicerie (+4,5 % en sucré et +2,2 % en salé). Il est vrai que leur poids en épicerie reste six fois moins grand que celui des magasins bio (182 M$ contre 1,18 Md). Le contraste n’en est pas moins fort avec cet autre circuit de distribution spécialisé que sont les magasins bio. Il suggère que malgré l’actuel contexte d’inflation, l’enjeu est autant d’image que de compétitivité prix…

Bilan 2022 de l'épicerie bio

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