Alors que la grande distribution réalise la majorité du chiffre d’affaires bio alimentaire en France, l’enseigne spécialisée Biocoop entend rester un “moteur de la structuration du marché”. Sa stratégie : du bio encore plus éthique, des prix plus accessibles et des magasins plus nombreux.
Biocoop se voit en rempart contre les dérives de la bio. “Tant que nous resterons influents, les autres enseignes ne pourront pas faire n’importe quoi”, déclare son président Pierrick de Ronne qui a présenté les résultats du groupe le 29 septembre dernier au magasin de Tolbiac (photo ci-dessus). Le marché grand public des produits bio alimentaires a atteint 11,3 milliards d’euros en France en 2019. La grande distribution en détient 55 %. Biocoop avec 13 % du marché et un chiffre d’affaires de 1,383 Md (1,5 Md prévu cette année) est la première des enseignes spécialisées. Pionnière, la coopérative veut “éviter à la bio de subir le sort de l’agriculture conventionnelle où les producteurs sont systématiquement la variable d’ajustement des prix”, explique le président de la coopérative.
Bio, made in France et zéro déchet
Pour maintenir son cap, Biocoop renforce son caractère d’enseigne engagée. Pionnière du zéro déchet, elle augmente la part des produits non emballés et en vrac qui passeront de 35 à 50 % de son offre à l’horizon 2025. Fer de lance du commerce équitable, l’enseigne espère faire école en la matière. Elle vient de lancer en partenariat avec l’association Ethiquable, le label “Bio équitable en France”. Inspiré de ses propres pratiques, ce label est ouvert à tous les producteurs, y compris ceux qui fournissent la grande distribution.
Prix maximum autorisés et MD
Cette pédagogie par l’exemple n’empêche toutefois pas Biocoop de s’adapter à la concurrence en réajustant son image prix. Une liste de 500 produits à “prix maximum autorisé” s’impose désormais aux magasins adhérents. Les produits à marque Biocoop par ailleurs, passeront de 750 références aujourd’hui à 1 500 d’ici 2025 et de 10 % à 20 % du chiffre d’affaires. Autre pratique “importée” par Biocoop, le déploiement du Click & Collect initié fin 2019, bat son plein : 165 magasins proposent ce service aujourd’hui, soit un quart du parc.
En lice pour reprendre Bio c’Bon
Troisième pilier de cette stratégie, le réseau se développe à grande vitesse : Biocoop a ouvert 78 magasins l’an dernier pour atteindre 623 points de vente. Une soixantaine d’ouvertures ont eu lieu cette année, plus de 80 sont prévues en 2021… De plus, l’enseigne est candidate au rachat de magasins de centre-ville Bio c’Bon en redressement judiciaire. Dans une première offre, Biocoop et son partenaire Marcel Bio, une chaîne de magasins de proximité du sud de la France, ont proposé de reprendre respectivement 72 et 33 magasins et leurs 686 salariés, et de fermer 18 autres unités considérées comme non rentables. Mais l’offre devrait être revue à la hausse, le Tribunal de commerce de Paris ayant appelé les nombreux candidats à améliorer leurs propositions. Outre Biocoop, Auchan, Carrefour, le groupe Zouari (franchisé du groupe Casino et repreneur de Picard) allié à Gilles Piquet-Pellorce, ancien directeur général de Biocoop, sont en lice. En revanche, le tandem Naturalia – Bernardo Sanchez Incera s’est retiré, refusant d’entrer dans la surenchère. Le Tribunal de commerce doit se prononcer le 2 novembre prochain.