Comptoir Quatre : une épicerie fine installée dans une ancienne usine de prunes

Contenu proposé par Laura Margis.
Le 3 juin 2025

Fondée par Viviane Martinet en 2018, l’épicerie fine Comptoir Quatre a pris ses quartiers dans une ancienne usine de prunes – avec un chocolatier et un restaurateur – le long d’une route nationale à Castillonnès, à mi-chemin entre Villeneuve-sur-Lot et Bergerac. Rencontre avec Viviane Martinet, qui œuvre depuis des années à dynamiser ce territoire rural devenu sa terre d’accueil.

Le Monde de l’Épicerie Fine – Pouvez-vous nous retracer votre parcours jusqu’à l’ouverture de votre épicerie fine, Comptoir Quatre ?

Viviane Martinet – Après l’obtention de mon baccalauréat européen en 1985 à Bruxelles, j’ai entamé des études de secrétariat de direction économique, que j’ai validées au bout de deux ans. La rencontre de mon futur mari pendant cette dernière année d’études a chamboulé mes plans de carrière, puisque j’ai décidé de déménager en 1988 dans le Lot-et-Garonne pour trouver ma place auprès d’un agriculteur. Les premières années, j’ai travaillé comme hôtesse d’accueil dans un golf, jusqu’en 1990. Cette année-là, nous nous sommes lancés dans l’élevage, le gavage et la transformation de canards gras, tout en cultivant 80 hectares de terres. À l’automne 2011, nous avons entrepris la plantation de 25 hectares de noisetiers. Cette même année, j’ai fondé une association, Saveurs des Bastides, dans le but de promouvoir les produits de la région : conserves de canard, noisettes, noix, vins, miels, pruneaux d’Agen… Ma boutique associative est restée ouverte jusqu’en 2019. Parallèlement en 2018, mon fils a souhaité rejoindre l’aventure entrepreneuriale familiale, et notamment notre exploitation de noisettes. Je me suis alors retirée de l’activité pour, naturellement, lui laisser ma place et j’ai fermé la boutique associative. C’est à la suite de ce changement que je me suis investie dans un nouveau projet qui me tenait à cœur : celui d’ouvrir une épicerie fine en zone rurale.

LMEF – Pouvez-vous nous présenter le concept de votre épicerie fine ?
V.M. – Bien sûr ! Comptoir Quatre est née de mon envie de faire découvrir de bons produits issus de l’agriculture locale et/ou biologique, et de valoriser le savoir-faire artisanal. Si, dans un premier temps, Comptoir Quatre était principalement une boutique de producteurs de la région, je propose aujourd’hui une offre plus diversifiée. Je travaille avec plus de 90 producteurs et artisans, majoritairement situés dans un rayon de 40 kilomètres autour de la boutique. Pour les autres, ils se trouvent un peu partout en France. Mon offre s’élève à environ 500 références, sélectionnées avec soin pour leur mode de fabrication, leur origine et, bien sûr, leur goût. Ma sélection de produits d’épicerie fine, salés et sucrés, est complétée par une cave à vins issus de différentes régions. Je propose également des bières et des spiritueux fabriqués artisanalement.

LMEF – Pourquoi avoir choisi Castillonnès pour y installer votre boutique ?
V.M. – L’opportunité s’est présentée lorsque le chocolatier de Castillonnès a entrepris la création d’un musée du chocolat dans l’ancienne usine de prunes, alors à l’abandon. Ce bâtiment, qui ne demandait qu’à être réhabilité, possédait un énorme potentiel. J’ai ainsi pu bénéficier d’un emplacement pour mon projet d’épicerie fine : un local de 120 mètres carrés à aménager entièrement selon mes goûts et mes besoins. Le village de Castillonnès étant ma terre d’accueil depuis 1988, il m’a paru naturel d’y entreprendre. Pourquoi chercher à travailler dans une ville voisine quand je pouvais, à mon échelle, apporter un peu de dynamisme à ce territoire fragile ? La boutique est située à mi-chemin entre Villeneuve-sur-Lot et Bergerac, sur une route nationale où aucun commerce de ce genre n’existait jusqu’alors. C’est un axe très fréquenté, facilement accessible grâce à une aire de stationnement importante : idéal pour donner envie aux gens de s’arrêter, qu’il s’agisse des locaux – qui constituent la plus grande partie de ma clientèle – ou des touristes.

LMEF – Quel bilan pouvez-vous tirer après sept ans d’ouverture ?
V.M. – C’est une aventure très enrichissante, mais pas facile. En novembre 2018, il y a eu la crise des Gilets Jaunes. En 2020, la pandémie de Covid-19 m’a demandé beaucoup d’adaptabilité pour limiter les dégâts. Et ces dernières années, l’inflation et la guerre en Ukraine n’ont, bien évidemment, pas arrangé les choses. Donc, je dirais que le bilan est plutôt mitigé, même après sept années d’existence. Malgré ces différents bémols, la boutique se porte bien. À part l’année dernière, où j’ai enregistré une baisse de 2 % par rapport à l’année précédente, toutes les autres années ont été marquées par de la croissance.

LMEF – Quels sont vos produits best-sellers ?
V.M. – Nos produits à base de canard, issus de notre propre exploitation – sous la marque Famille Martinet – représentent nos plus grosses ventes. Ensuite viennent le vin, les pruneaux d’Agen, la tarte aux noix et le gin français, artisanal et bio, de la marque Grand Nez.

LMEF – Quels sont vos projets à venir ?
V.M. – Avec mes voisins, nous envisageons de faire venir des bus touristiques sur le site pour proposer une visite du musée du chocolat, suivie d’un repas au restaurant, puis d’une visite de mon épicerie fine. J’envisage aussi d’organiser, chaque mois, une journée de dégustation avec un producteur. Pour le moment, je ne propose que des dégustations spontanées.