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Epicerie Fine Rive Gauche

Institution du 7e arrondissement parisien, L’Épicerie Fine Rive Gauche que tiennent depuis environ 20 ans Nathalie et Pascal Mièvre est devenue une référence pour de nombreux professionnels.

LMEF – Comment se sont déroulés les presque deux mois de confinement ?

Pascal Mièvre – Très bien. Nous nous sommes montrés réactifs à la demande des clients en leur proposant une offre que nous n’avions pas spécialement sous la main et cela a payé. Par exemple, je fais peu de produits frais en dehors du foie gras et du saumon fumé et j’ai fait entrer de la charcuterie, du fromage, du tarama et du pain que nous a fournis chaque jour le célèbre boulanger Jean-Luc Poujauran dont 90 % de la clientèle est dans la restauration. Il s’est adapté pour nous livrer quotidiennement et nous avons fait un carton avec son pain. Comme nous n’avons pas changé nos horaires d’ouverture, nous avons aussi bénéficié du fait que les autres commerçants du quartier qui étaient restés ouverts ont tous réduits la voilure. Après 18h, nous étions donc les seuls à être encore ouverts avec le Franprix du coin. Cela s’est avéré payant. On a vu passer beaucoup de personnes qui sortaient du boulot tard, jusqu’à 19h30 et parfois même 20h.

LMEF – Avez-vous ressenti une demande plus forte de livraisons ?

P.M – Oui. Nous en avons fait plusieurs chaque jour, c’est-à-dire davantage qu’en temps ordinaire. Nous avons essentiellement livré autour de nous les gens qui nous appelaient soit par téléphone – ils réglaient en CB avant -, soit par notre page Facebook. Il s’agissait souvent de nouveaux clients qui ont eu connaissance de notre boutique soit via le site de la mairie du 7e, soit par le grand panneau que j’ai placé à l’angle de la rue Cler… Panneau qui a eu beaucoup plus d’impact puisqu’il n’y avait plus les terrasses des cafés et restaurants ! Ensuite je me suis inscrit sur le site epicery.com qui à l’occasion de la crise sanitaire, à réduit sa commission à 5 % sur le sec. S’ajoutait à cela une participation de 5 € par livraison mais je dois dire que ça a plutôt bien fonctionné. Nous avons assuré jusqu’à 3 commandes par jour par ce biais, c’est donc un complément. Là encore en touchant une clientèle que nous ne connaissions pas avec un point intéressant : 50 % des personnes qui nous avaient passé commande une première fois ont repassé commande.

“Les clients ont adoré nos ventes événementielles”

LMEF – Quels sont les produits qui ont le mieux fonctionné ?

P.M – Mais quasiment tout ce que nous proposions s’est envolé ! Je suis allé m’approvisionner tous les deux jours à Rungis, j’ai fait torréfier mon café deux fois par semaine au lieu d’une seule fois et à chaque que j’ai mis en place des ventes événementielles, j’ai dépassé mes prévisions ! On peut ajouter que les ventes de vin se sont envolées même si j’ai du changer de fournisseur puisque le mien a refusé de me livrer… Ce qui est assez surprenant. Et comme il a fait beau, j’ai battu des records de vente en glaces de chez Berthillon.

LMEF – Pouvez-vous nous donner un exemple ?

P.M – Bien sûr. J’ai reçu un jour un appel de l’apiculteur avec qui je fais chaque année une opération “Miel de printemps” qui a remporté cette année encore un succès fou. Il me demandait si je pouvais aider deux producteurs de sa région : un boucanier et un producteur d’asperges en grande difficulté. J’ai naturellement accepté de rendre deux fois service : à ces entreprises et à mes clients qui ont adoré avoir accès à des produits remarquables à des prix défiants toute concurrence. Je suis à plus de 200 plaques de filets de truite gravlax fumée et j’ai pu écouler 120 kilos d’asperges en une seule journée. Tout simplement en annonçant la bonne affaire – j’étais à 12 € le kilo au lieu de 19 € rue Cler -. Naturellement, c’est un prix que j’ai pu assurer parce que je me suis fourni directement chez le producteur. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas renouveler l’opération, en mai avec les asperges mais aussi en septembre avec des tomates. Ce n’est pas mon métier de vendre des légumes toute l’année – je ne suis pas équipé pour ça – mais si en pleine saison il y a des coups à faire, je crois que c’est bien de les faire. Il faut se réinventer.

LMEF – Se réinventer comment ?

P.M – En étant davantage encore à l’écoute des attentes de nos clients, en les devançant parfois. Il faut surtout s’adapter. Cette année j’ai vendu beaucoup plus de chocolats de Pâques – commandés peu de temps avant chez Voisin à Lyon qui se sont eux aussi montrés réactifs – parce qu’il n’y avait pas de chocolatier ouvert, beaucoup moins en tout cas. J’ai vendu aussi du muguet en pot. Une cinquantaine le 1er mai… Tout ça parce que j’avais pu voir que Monsieur Appert en vendait dans sa boutique et que nous avons pu nous associer sur la commande et faire descendre les coûts de transport. Ce fut une belle opération qui nous a permis de reverser 2 € par pot vendu à la Fondation des Hôpitaux de Paris. Nous avons enfin participé à la distribution de masques à la demande de la mairie du 7e… Un service qui nous a permis de capter encore de nouveaux clients.

LMEF – Pensez-vous avoir réussi à fidéliser de nouveaux clients ?

P.M – Vraiment je crois que oui. Vu ce qui s’est passé je l’espère car nous avons vécu quelque chose de fort, les gens nous ont remercié d’être là pour eux… Je dois dire que cela nous a beaucoup touché. Mais je ne pourrais répondre à cette question de façon plus certaine qu’à la fin du mois de juin. Depuis le 11 mai nous continuons à travailler très correctement même si on sent qu’il y a moins de boulot. Les gens ne sont plus astreints à prendre tous leurs repas à domicile puisqu’ils ont retrouvé le chemin du bureau : certains restaurateurs ont rouvert et proposent de la vente à emporter.

Propos recueillis par Bruno Lecoq

Epicerie Fine Rive Gauche : 
8, rue du Champ de Mars 75007 Paris
Tél. 01 47 05 98 18

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