Etiquetage de l'origine des produits alimentaires COLLECTIF EN VERITE - EXEMPLE LOGO

Les Français veulent la transparence sur l’origine des produits

La généralisation de l’étiquetage de l’origine des produits alimentaires augmenterait les intentions d’achat de produits français, selon une étude réalisée à l’initiative du Collectif En Vérité.

Selon un sondage réalisé par l’institut Appinio pour le Collectif En Vérité, qui milite pour la transparence sur l’origine des produits alimentaires, 86 % des Français trouvent important de disposer de cette information au moment de leur achat. L’étude a été réalisée sous forme de questionnaire en ligne de 15 minutes administré du 14 au 19 septembre 2023 à un millier de personnes représentatives de la population majeure. Elle positionne l’information sur l’origine des produits alimentaires en troisième position après le « rapport quantité prix » et la marque. L’indication de l’origine arrive à égalité avec les informations nutritionnelles.

Les consommateurs sont frustrés

Les Français, à qui on ne la fait pas, sont autant désireux de connaître la provenance des matières premières (85 %) que leur lieu de transformation (82 %). Quatre sondés sur cinq sont même curieux d’avoir une traçabilité complète de l’origine de tous les ingrédients. Leur intérêt pour l’origine est fondée en premier lieu par le vœu de soutenir les producteurs locaux (59 %), suivi de près par un besoin de confiance dans la qualité du produit (57 %). La notion de goût (41 %) arrive ensuite, loin devant la réduction de l’empreinte carbone (29 %).

Les sondés expriment cependant leur frustration quant à la qualité de l’information actuellement disponible. Ils lui accordent une note de satisfaction médiocre, de 6,5/10. En cause, son manque d’accessibilité, de fiabilité et de crédibilité… Les sources d’informations complémentaires (label Origine France Garantie, certification AOP, applications…) restent, elles aussi, insatisfaisantes. Moins de la moitié d’entre eux y prêtent en effet attention au moment de l’achat.

Un logo type Nutriscore pour restaurer la confiance

Militant pour la généralisation de la transparence sur l’origine, le collectif En vérité a fait tester par l’institut de sondages un label « Info Origine ». Celui-ci précise les pourcentages d’ingrédients hors Union Européenne et intra Union Européenne, en détaillant pour cette dernière le pourcentage de chaque pays d’origine. Plus d’un sondé sur deux (55 %) se rallient à l’opinion selon laquelle les marques qui souscriraient à ce logo seraient plus crédibles.

En Vérité a donc cherché à estimer quel en serait l’impact sur les intentions d’achat. Le collectif a présenté aux personnes interrogées des photos produits concurrents avec des logos indiquant des pourcentages d’origine française différents.

Etiquetage de l'origine des produits alimentaires COLLECTIF EN VERITE - EXEMPLE

Des intentions d’achats multipliées

Pour chacun de ces produits, trois intentions d’achats ont été mesurées : sur le produit sans autre indication, sur le produit avec son prix seulement, puis sur le produit avec son prix et le logo Information Origine. Le résultat le plus spectaculaire a été obtenu avec le ketchup bio .nod. Ce produit fabriqué en France avec 93 % d’ingrédients français par Biofuture, cofondateur du Collectif En Vérité, a été comparé à un ketchup à marque de distributeur 7 fois moins cher et avec deux autres de marques de fabricant, respectivement 5 et 3,5 fois moins chers. Sans logo Information d’origine, les intentions d’achats du coûteux ketchup responsable restent scotchées à 1 %. Avec logo, elles décollent à 12 % !

Etiquetage de l'origine des produits alimentaires COLLECTIF EN VERITE - COMPARAISON KETCHUP

Le même exercice a été effectué avec les yaourts bio Vrai, eux aussi les plus intensifs en ingrédients français et les plus chers de leur catégorie. En affichant le logo, ils multiplient les intentions d’achat par deux. Un troisième exemple avec les haricots verts s’est montré moins probant. Le logo Origine n’influe semble-t-il pas sur les intentions d’achat. Sans doute parce que la majorité des acteurs transformant des haricots cultivés en France affichent déjà un drapeau bleu blanc rouge sur leur étiquette, explique le Collectif. Et peut-être aussi parce que ces haricots du Kenya ou de Madagascar se révèlent plus chers que leurs homologues français…

Rendre obligatoire l’étiquetage de l’origine des produits ?

« Quand on donne l’information aux consommateurs, les intentions d’achat peuvent faire ”fois deux” à ”fois dix” sur les marques mieux-disantes et engagées », résume le Collectif En Vérité.  Même s’il n’ignore pas qu’il y a toujours de la déperdition entre le déclaratif d’un sondage et le passage à l’acte d’achat, cette simulation révèle le fort potentiel de transformation attaché à l’institution d’un label d’origine…. À condition qu’il soit étendu à un maximum de produits.

Fort de cette étude, le Collectif En Vérité a annoncé qu’il allait demander aux Parlementaires français « une proposition de loi rendant l’adoption de l’affichage obligatoire d’origine de manière simple et visible », annonce David Garbous, qui vient de succéder à Sébastien Loctin (Biofuture) à la présidence du Collectif En Vérité. Ce dernier espère ainsi créer un « effet de levier » comparable à celui du Nutriscore. Dans les catégories de produits qui ont massivement adopté ce label nutritionnel, les fabricants ont été conduits à améliorer leurs recettes pour les rendre plus saines.

Gare à la multiplication des logos sur l’emballage !

Reste quelques obstacles non négligeables à lever pour le label Origine. Le premier est celui du peu de surface disponible sur les emballages. Ceux-ci tendent à se réduire pour des raisons environnementales. Ils sont en même temps de plus en plus encombrés de mentions obligatoires et de labels volontaires qui se multiplient. D’aucuns avancent la possibilité de remplacer le logo par un QR-Code à scanner. Sans doute utile pour les consommateurs les plus curieux, celui-ci n’aura jamais l’immédiateté d’un scoring visuel. En règle générale, la décision se fait devant le linéaire en quelques secondes. À peine plus d’un tiers des consommateurs prend la peine de consulter une application pour vérifier l’origine, selon l’étude En Vérité.

Un autre enjeu consiste à faire accepter le principe de l’affichage obligatoire. On sait que l’industrie agroalimentaire a longtemps résisté au Nutriscore. Celui-ci ne s’est répandu que sous la pression des autorités de santé et à l’instigation de quelques distributeurs et industriels pionniers et leaders. Il reste aujourd’hui facultatif et ignoré par des pans entiers de l’agroalimentaire (notamment en épicerie sucrée).

Un projet de longue haleine

Les pouvoirs publics auront-ils la volonté d’imposer un dispositif similaire pour l’origine ? Rien n’indique que ce soit dans leurs priorités. En Vérité s’est bien gardé de nommer les élus sensibles à son projet. Il leur faudra quoi qu’il en soit beaucoup de force de conviction pour s’engager. Prochain logo annoncé, celui de l’affichage environnemental doit faire ses premières apparitions l’an prochain en vue d’une généralisation en 2025… Il a été initié il y a dix ans.

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