Initiateur de filières de production équitables en Afrique et Amérique du Sud, André Deberdt, fondateur de Kaoka est aussi un innovateur qui a créé l’une des premières tablettes de chocolat bio. Son fils Guy, qui a pris sa suite à la tête de l’entreprise, marche sur ses pas.
Kaoka est née en 1993 mais son origine remonte à la fin des années 1970 et à l’engagement de son fondateur, André Deberdt. Militant écologiste, ce dernier devient administrateur de l’association de producteurs et consommateurs Nature & Progrès qui donnera naissance au label éponyme. “Mon père avait la conviction qu’il fallait se soucier de l’avenir de la planète et que la bio ne pouvait être dissociée du social”, témoigne son fils Guy, devenu directeur général de Kaoka après le décès d’André Deberdt en 2012, victime du paludisme. Ce dernier participera également à la création de ce qui deviendra l’enseigne Biocoop et cofondera le label Bio Équitable.
De Carpentras au Togo
En 1988, André Deberdt crée une première entreprise à Carpentras (Vaucluse), la Société Provençale de Production de l’Agriculture Biologique (Soppab) qui lance au Togo une filière de fruits bio déshydratés transformés sur place. “Dès le début, il a eu l’intuition de travailler en filières, partant du principe que produire bio nécessite de maîtriser la matière première et d’avoir une relation directe avec le producteur”, relate son fils. L’idée lui vient ensuite d’enrober ces fruits séchés de chocolat bio… Ce qui le conduit à initier un programme de production de cacao bio au Togo, puis à créer l’une des toutes premières tablettes de chocolat bio, en 1991. Un succès qu’il n’aura pas le temps de savourer : une crise politique au Togo ruine la Soppab qu’André Deberdt devra liquider.
Passionné de chocolat, André Deberdt se recentre sur le cacao en créant en 1993 Kaoka, un nom adopté pour sa consonance universelle. Il applique ses principes de “codéveloppement” pour fabriquer des cacaos aromatiques d’exception et qui permettent à leurs producteurs de vivre de leurs récoltes. “Nous sommes dans une relation d’interdépendance gagnant-gagnant avec nos producteurs, auprès desquels nous sommes présents trois mois par an”, résume en effet Guy Deberdt. Capable de mettre en place une coopérative de producteurs de bout en bout, n’hésitant pas investir dans les infrastructures, l’entreprise paie les fèves au-dessus du prix du marché, achète la totalité de la production de ses partenaires et préfinance les récoltes à taux zéro.
Devenue “un acteur majeur du marché mondial du cacao, avec 5 000 tonnes de fèves récoltées, soit 5 % de la production bio mondiale”, selon les estimations de Guy Deberdt, la PME qui produit ses propres tablettes de chocolat, a atteint près de 32 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018. Sans renier ses valeurs : au Pérou, l’entreprise prévoit ainsi de verser 800 000 euros de “primes équitables” pour faire passer la production de ses partenaires de 800 à 1 200 tonnes en quatre ans.
Du cacao pour contrer la coca
Détentrice du label Bio Partenaires, Kaoka soutient quatre origines. En Équateur, la PME a relancé la variété “cacao nacional” en greffant de nouvelles souches issues de recherches agronomiques sur de vieux cacaoyers, qui sont redevenus très productifs. Le même savoir-faire a redonné vie à une production à l’abandon à São Tomé-et-Principe, autrefois appelée “l’île chocolat”, dans le Golfe de Guinée. En République dominicaine, Kaoka s’est associée avec une grande coopérative bio. Au Pérou, la marque a aidé la structuration d’une coopérative de production de cacao aromatique, en Amazonie, dans le cadre d’un programme de l’ONU de lutte contre le narcotrafic.