Le fabricant d’emballages alimentaires a annoncé qu’il lancerait la production à grande échelle de briques alimentaires dotées de la première barrière sanitaire à base de fibres en 2025. « Cette solution sera une alternative aux emballages actuels qui contiennent une très fine couche de papier d’aluminium », précise le groupe. Les briques alimentaires sont en effet composées d’environ 75 % de carton, 20 % de polyéthylène et 5 % d’aluminium.
L’aluminium bloque l’oxygène et la lumière. Il permet ainsi de préserver la valeur nutritionnelle et les saveurs des aliments sans réfrigération pendant plusieurs mois. Mais ce métal contribue aussi « à plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre liées aux matériaux de base utilisés » pour la fabrication d’une brique, évalue Tetrapak. D’où son remplacement par une barrière de fibres.
La brique sans aluminium testée à plusieurs millions d’exemplaires
Pour un aliment « faiblement acide », la couche de fibres garantirait une durée de conservation et des propriétés de sécurité alimentaire, de qualité nutritionnelle et organoleptique « comparables » aux emballages aseptiques actuels. Des recherches menées pendant 15 mois sur des millions d’emballages au Japon confirment notamment que cette alternative à l’aluminium « offre au jus de légumes une protection adéquate contre l’oxygène », distille le fabricant d’emballages. De plus, les tests nippons ont montré qu’elle permettait « d’augmenter les taux de recyclage dans un pays où les consommateurs privilégient les cartons sans aluminium. »
Un taux de recyclage encore faible en France
En France, la brique alimentaire est utilisée pour emballer de près de 44 % des volumes de lait, 38 % des jus et nectars et 90 % des soupes vendues. Elle dispose d’une filière de recyclage dédiée. C’est en effet absolument nécessaire pour séparer ses composants fibreux et non fibreux. Son taux de recyclage est estimé à 57 %. Bien qu’en progression, cette proportion reste inférieure à la moyenne des produits ménagers. Cette dernière s’établit en effet à 72 % en 2021 selon Citeo.
Les limites du polyéthylène biosourcé
Quant au polyéthylène, c’est une matière plastique qui protège les aliments de la moisissure. Il est principalement d’origine pétrochimique. Pour réduire son empreinte carbone, Tetra Pak a créé une gamme d’emballages intégrant une part de polyéthylène biosourcé. Celui-ci provient de la transformation de canne à sucre produite au Brésil. Ce choix reste cependant controversé. Pour les défenseurs de l’environnement, les plastiques biosourcés ont en effet l’inconvénient d’encourager l’agriculture intensive et risquent de concurrence la production alimentaire.
100 millions d’investissement par an
Tetra Pak investit 100 millions d’euros chaque année dans le monde dans l’amélioration environnementale de ses briques alimentaires. Les emballages fabriqués avec une structure simplifiée – donc plus facilement recyclables – et une teneur plus élevée de matériaux issus de sources renouvelables sont au cœur de cette stratégie de R&D.
Anticiper la réglementation
Celle-ci vise aussi à anticiper le durcissement des réglementations françaises et européennes sur les emballages. La Commission européenne propose notamment de fixer un taux de 10 % de matières recyclées minimum dans les emballages non-PET d’ici 2030 et de passer à 50 % d’ici 2040. La France s’est donné l’objectif de supprimer l’utilisation d’emballages plastiques à usage unique à ce même horizon.