L’interdiction de la fabrication de l’absinthe, en mars 1915, a eu pour conséquencele dépôt, en 1918, de la marque Anis Pernod par le fils d’un industriel de l’absinthe Jules-Félix Pernod, installé à Montfavet, près d’Avignon. Il est le véritable inventeurde cette boisson résultant de l’aromatisation d’un alcool neutre avec des extraits d’anis vert, d’anis étoilé et de réglisse.
Mais c’est Paul Ricard, son concurrent marseillais, qui aura le trait de génie, en 1932, de faire apparaître sur l’étiquette le mot “Pastis”. La loi de prohibition de 1915 était très floue et le monde des spiritueux très actif. En 1920, l’État autorise à nouveau la production de boissons anisées inférieures à 30°, seuil porté à 40° en 1922. Une véritable frénésie s’empare du pastis dans toute la Provence. Jean Giono lui-même, en 1925, dans la Naissance de l’Odyssée, met en garde avec humour ses lecteurs à l’égard du voyage d’Ulysse, qui n’était, selon lui, que le fruit des divagations d’un pêcheur quelque peu “empégué” à l’heure du pastis, un poème de la galéjade et des banquets arrosés !
Grâce à son réseau de distribution structuré, Ricard devance bientôt Pernod, son rival, lorsqu’en 1938, un nouveau décret autorise la vente de pastis et autres boissons anisées à 45°. Pernod qui avait créé le Pernod 40, sauta sur l’occasion pour lancer son Pernod 45 et prépara, en grand secret, un Pernod 51 dontle slogan était “cinq volumes d’eau + un de Pernod” lorsque éclata la guerre de 1939-45. Le 51 était prêt, mais le gouvernement de Vichy, dès 1940, estimant que la défaite était dûe en partie à “la France de l’apéro” décida d’interdire la consommation de toute boisson supérieure à 16° degrés. Les alcools forts étaient de toute façon réquisitionnés par l’occupant.
JEAN-CLAUDE RIBAUT
1 – www.larvf.com/,dix-anises-artisanaux-pour-redorer- le-blason-du-pastis,4518487.asp