Il fallait une certaine audace pour imaginer implanter dans la cave d’une coopérative vinicole varoise, une gamme complète d’épicerie fine. Cette expérience qui a débuté il y a un peu plus de trois ans à Taradeau dans le Var, a pourtant réussi au-delà de toutes les espérances.
Chacun le sait, une cave coopérative vinicole est avant tout dédiée à la vente de la production de ses adhérents. Et si aux vins, viennent souvent s’ajouter quelques spécialités locales, l’offre va rarement au-delà. C’était le cas à Taradeau où Arnaud Schmidt est arrivé il y a un peu plus de trois ans en qualité de simple vendeur.
Issu du monde de la restauration, il envisage rapidement de faire mieux et autrement. Il trouve les arguments et obtient de sa direction la possibilité de faire un test grandeur nature en intégrant dans les 200 m2 de la cave, la gamme des thés Mariage Frères.
« Ce n’était pas évident, dit-il aujourd’hui, car ce n’était pas leur cœur de métier et je risquais ma place… mais ils m’ont fait confiance. » Choix judicieux, autant pour le producteur de thé qui impose un cahier des charges strict (pas de ventes en ligne, vente exclusive aux particuliers et une commande d’implantation plutôt élevée) que pour notre jeune vendeur, conforté par le succès immédiat de ses 120 thés griffés. Libre d’aller plus loin, il poursuit le développement en créant un comptoir à champagnes et toute une sélection ambitieuse de produits d’épicerie fine (1 500 références) qui permet de réaliser aujourd’hui 350.000 € de CA sur un global de 4 M€. Un chiffre en progression constante, réalisé à 55 % avec la clientèle locale, 35 % la clientèle nationale et seulement 10 % d’étrangers. »
Les confitures d’Anne-Sophie Pic. Passionné par sa mission et promu directeur commercial de l’épicerie fine de la cave, Arnaud peut se féliciter d’avoir imaginé sa stratégie avec d’autres produits que les spécialités régionales dont les prix ne cessent d’augmenter, notamment pour les huiles d’olive et les miels, en raison d’une réelle pénurie de matières premières. En réaction, le commerçant a ouvert son offre aux huiles d’olive de tout le bassin méditerranéen. Sans cesse à l’affût de nouveaux référencements susceptibles de trouver écho auprès de sa clientèle dont le panier moyen (vin compris) se situe autour de 50 €, il est souvent à l’avant-garde des tendances. C’est le cas avec les whiskys. « Après avoir connu un succès fulgurant, note-t-il, les whiskys japonais perdaient un peu de terrain ; nous avons alors imaginé une offre de whiskys français : bretons, lorrains et même corses dont l’originalité attire de plus en plus les amateurs.
Je pense, précise le commerçant, que la clé du succès est dans l’écoute des attentes de la clientèle, des épicuriens qui adorent partager leurs découvertes mais il faut d’abord leur faire plaisir. » C’est ainsi (sur la recommandation d’un client) qu’il a fait entrer ses premières confitures qu’il va lui-même chercher en camion chez un petit producteur des Alpes-de-Haute-Provence. Aujourd’hui, d’autres confitures complètent les étagères : celles d’Anne-Sophie Pic (3 étoiles à Valence) chez qui Arnaud s’est rendu à trois reprises avant d’obtenir la possibilité de vendre dans sa cave, des pots à 8,50 € l’unité. Encore un défi audacieux. « Je suis vraiment heureux des retombées qui sont excellentes, car à ce prix, c’était risqué. Mais je tenais à intégrer la gamme d’un chef emblématique. Nous travaillons aujourd’hui sur la possibilité d’ajouter à notre offre les épices d’Anne-Sophie Pic dont j’apprécie particulièrement la démarche, ajoute-t-il avec enthousiasme. » Un enthousiasme qui est sans aucun doute l’autre raison du succès de cette épicerie fine inattendue dans un village de moins de 2 000 habitants
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