Le fabricant de sirops et boissons du Sud-Ouest a cultivé le sens gourmet avant de se convertir au bio. Celui-ci s’est imposé comme moyen de préserver la dimension artisanale et familiale de cette entreprise centenaire.
Pour Maison Meneau, le tournant du bio décidé en 1995 était plus qu’un engagement. “C’était une nécessité pour la survie de l’entreprise, explique son président Vincent Lassalle Saint-Jean. Dans les années 1980, l’industrie du sirop s’était orientée vers la production de gros volumes à bas prix, ce qui ne me convenait pas du tout. Pour nous en sortir, j’ai trouvé la piste du bio.”
À l’origine fabrique d’eaux-de-vie créée en 1879, diversifiée dans le caramel et les sirops après son rachat par Maurice Meneau en 1920, elle a été reprise en 1948 par le père de Vincent
Lassalle Saint-Jean. Ce dernier, un pharmacien de Saint-Loubès (Gironde), auteur d’une thèse sur la caramélisation du sucre de canne financée par Meneau, a recentré le liquoriste sur les
sirops à base de fruits et de plantes en faisant, explique Vincent Lassalle Saint-Jean, “le choix de la qualité et du goût.”
Du bio avant la bio
C’est ce savoir-faire artisanal que le dirigeant entend préserver. Une question de culture et d’éducation. “À l’âge de 8 ou 9 ans, j’accompagnais mon père tous les jeudis, dans ses visites commerciales à Biarritz, Mont-de-Marsan ou Pau. Le midi, nous déjeunions au restaurant. J’ai appris à ses côtés à m’intéresser aux recettes, à la cuisine.” Et si l’entreprise ne s’est jamais privée d’innover, complétant son offre par des smoothies, boissons pétillantes et thés glacés, ou dernièrement en inventant un sirop de gingembre, nombre de ses parfums sont restés fidèles aux recettes d’origine. À commencer par le concentré le plus vendu et le préféré de son actuel président, le sirop de grenadine composé par son père !
La gamme est devenue 100 % bio en 1997 et la certification a été obtenue en 1998. Son positionnement premium a logiquement conduit Meneau à se tourner vers la distribution spécialisée où les épiceries fines occupent une bonne place. “Ces dernières années, les épiceries fines ont gagné en légitimité par leur respect du produit, leur offre qualitative et leur capacité à satisfaire le ‘plaisir d’offrir’, constate le dirigeant. Ce sont aussi des magasins à taille humaine, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le respect des autres, la sensibilité aux relations humaines et la protection de la planète font partie du même système de valeurs.”
Donner du sens à l’activité économique
En effet, pour la Maison Meneau, “manger et boire bio, c’est protéger l’Homme et la planète”. Et cette conviction fait dire à Vincent Lassalle Saint-Jean, que “le label équitable est celui qui tient le plus à cœur : le bio équitable nous permet de donner du sens à notre activité commerciale, de mettre l’économie au service de l’homme.” La part des achats du fabricant issus du commerce équitable atteint 35 %, dont 25 % proviennent de petits producteurs.
Meneau, qui produit quatre millions de bouteilles par an, a enregistré ces cinq dernières années une croissance annuelle de son chiffre d’affaires de 12 % en moyenne. L’entreprise n’en est pas moins restée cette “fabrique familiale”, comme la définit Vincent Lassalle Saint-Jean, dont les 22 employés “s’appellent tous par leur prénom”. Comme le revendique Philippe Lassalle Saint-Jean, frère cadet de Vincent et directeur général de Meneau : “Le secret de la longévité tient dans la recette de la bio différence !”
Commerce équitable : du Nord-Sud au Nord-Nord
Meneau soutient des filières de sucre de canne de petits producteurs au Paraguay et au Brésil. En France, il achète les tomates de Marmande, les carottes des Landes, la pomme du Lot-et-Garonne, les pruneaux, kiwis et le raisin rouge de la filière Bio Sud-Ouest. Soumis à des critères qualitatifs, les producteurs bénéficient de contrats de trois ans, avec des tarifs “justes” et des engagements sur les quantités et des critères qualitatifs de sélection des produits.