Si la passion des Français pour la bonne chère reste forte, l’évolution des modes de vie menace la tradition française du cuisiné maison, selon une étude NielsenIQ.
Cuisiner soi-même est une habitude bien ancrée en France. En effet, près d’un foyer sur deux réalise la plupart de ses propres plats, selon l’institut d’études conso NielsenIQ. La plupart alterne produits bruts et finis. Un sur dix seulement n’utilise habituellement que des produits finis.
Le vite-fait concurrence le cuisiné maison
Toutefois, l’évolution des modes de vie menace nos traditions culinaires. Ainsi, parmi les sept catégories de foyers définies par NielsenIQ sous l’angle de l’alimentation, celle des « Vite-Fait » réalise la plus forte progression. Sa part augmente en effet de 6 points entre 2019 et 2024.
Cette catégorie, plutôt composée de jeunes familles, manque de temps. Elle privilégie les produits finis et les snacks ou pratique une cuisine d’assemblage. Le temps qu’elle consacre à la préparation de pâtes au pesto au fromage ne dépasse pas 15 minutes.
Le frein du prix des aliments
Deuxième catégorie en hausse, Les Tradis cuisinent tous les jours et consacrent beaucoup de temps aux courses. Leur progression est moindre que celle des Vite-Fait (+2,3 points). Mais celle-ci reste significative, d’autant qu’ils sont les plus nombreux.
Ces foyers plutôt âgés et ruraux sont en partie motivés par des préoccupations économiques. Ils tendent en effet à privilégier les aliments bon marché et cherchent la quantité plutôt que les labels de qualité. Ils peuvent consacrer jusqu’à une heure à la préparation d’une tourte au poulet.
Le poids des régimes alimentaires
Les « Régimes » limitent leur consommation (gras, sucre, cholestérol) ou mangent des produits « sans » (sans gluten, sans sucres ajoutés…). En faible augmentation (+0,3 pt.), ils représentent quelque 10 % des foyers français.
Parmi ces derniers, les familles des Conviviaux et des Esthètes restent stables. Les Conviviaux aiment se faire plaisir, sans se priver et sans faire attention. Ils ont une alimentation plutôt traditionnelle. Les Esthètes calibrent leur alimentation dans le but d’améliorer leurs performances physiques et mentales. ou en baisse (les Bio-locaux et les Conviviaux).
La catégorie des Bio-Locaux est celle qui accuse le plus fort recul (-6,5 points), sans doute majoritairement du fait de la composante « bio », rongée par la crise du pouvoir d’achat. Autour d’un foyer sur dix se classe dans cette catégorie. Le petit groupe des « Conscience Animale », serait également en recul (-1,1 %).
L’entrée s’éclipse mais le dessert résiste
Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte où la tradition du repas complet se perd. Un tiers des foyers limitent leur dîner à un plat plus le dessert. Un cinquième y ajoute le fromage, la même proportion que ceux qui se contentent d’un unique plat. Ceux qui continuent de saliver pour le dîner « entrée, plat, fromage et dessert » forment une toute petite minorité.
Moins de convives au petit déjeuner
Même le petit-déjeuner perd des adeptes. Les jeunes actifs en particulier sont moins nombreux à s’attabler après le réveil. Heureusement, les enfants et ados continuent de l’apprécier, de même que les seniors.
Le temps passé en cuisine rétrécit
La progression des repas déstructurés réduit le temps passé à cuisiner. Près d’un foyer sur deux y passe entre une et quatre heures par semaine. Cette part est en augmentation de trois points par rapport à 2019. Près d’un quart y passe moins d’une heure par semaine, en hausse de 3 points.
De nouvelles brigades d’influenceurs
L’édition de livres et magazines culinaires accompagne cette tendance avec une majorité de publications sur la cuisine « rapide et saine ». Mais le digital prend de plus en plus de place, notamment sur Instagram. Un terrain marketing devenu indispensable pour les marques.