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Thés et infusions : des boissons vertueuses !

On prête depuis toujours des vertus bienfaisantes pour la santé au thé et aux infusions et les études médicales sont nombreuses sur ce thème. Quels sont exactement ces bienfaits ? Que recommander à vos clients ? Voici quelques éléments qui vous permettront (principalement après les fêtes) d’apporter une réponse raisonnable à des attentes qui ne le sont pas toujours. 

Vous n’y échapperez pas. Aux premiers jours de janvier et même un peu avant pour la plus prévoyante, une partie de votre clientèle portera inévitablement son intérêt sur les produits réputés pour leurs vertus détoxifiantes, au premier rang desquels le thé et les infusions revendiquent des réponses évidentes. De quoi parle-t-on exactement ?

D’une mode venue des États-Unis ? D’un régime ? Ou d’une vraie médecine ? Teint brouillé, fatigue, anxiété, douleurs, maux de tête, ballonnements… Les bonnes raisons pour se plonger dans une cure détox sont multiples. « Sauf si, bien entendu, on souffre d’une maladie affectant le foie ou les reins ou encore perturbant nos métabolismes, précise la nutritionniste Paule Neyrat*. Car dans ces cas-là, ces systèmes de nettoyage sont débordés et parfois même inefficaces. Il ne s’agit pas alors de se plonger dans une dérisoire détox, mais de se soigner. » Ce préambule est essentiel tant les pouvoirs de conviction d’un marketing bien senti – et Dieu sait que dans le domaine de l’alimentaire, les fausses promesses sont légion – peuvent s’avérer trompeurs. D’autant qu’au positionnement de certaines marques, les médias et le monde de l’édition en ajoutent en publiant articles et ouvrages qui, chaque année à la même époque, poussent nos contemporains vers une quête de pureté intérieure. 

L’épicerie fine n’est pas une pharmacie. Qui dit détox, dit élimination des toxines (pas des graisses) dont nos corps sont envahis et purification « de l’intérieur ». Un vaste programme auquel thés et infusions sont censés apporter une réponse efficace. Pourquoi pas ? Mais vous n’êtes pas diététiciens ou nutritionnistes et vos épiceries fines ne sont pas des pharmacies. Ne vous aventurez pas dans une prescription qui vous engagerait formellement et reposez vous sur des marques reconnues. Votre expertise, c’est le bon, la qualité et la gourmandise. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille tout balayer d’un revers de manche et ne pas se tenir informé. Bien au contraire. Paule Neyrat – bien que très prudente sur ce thème – ne dit pas autre chose lorsqu’elle affirme par exemple que l’on peut se fier aux remèdes de grand-mères dont les bienfaits sont régulièrement confirmés par les études et qui ont un avantage majeur : ils reposent sur l’expérience. La spécialiste ajoute : « C’est dans l’alimentation de tous les jours que réside la meilleure détox : en consommant ce qu’il faut de fruits et de légumes bios, donc moins chargés en pesticides, en buvant aussi suffisamment d’eau afin de faciliter le travail des reins, en respectant ses besoins en sommeil… Et comme le thé et les infusions font boire de l’eau, ils ont naturellement leur place dans ce processus.

Les vertus du thé Quelle que soit sa couleur, le thé est globalement bénéfique à la santé. Et si les récentes études semblent démontrer que le thé vert remporte la palme sur cette question précise, tous les thés, outre le fait d’être particulièrement peu caloriques (sans sucre et lait ajoutés bien sûr), contiennent une quantité de principes actifs au premier rang desquels les antioxydants (plus précisément des polyphénols), connus pour protéger les cellules du corps des dommages causés par les radicaux libres, eux-mêmes générés par le stress, la maladie ou le temps qui passe.

Ces polyphénols joueraient donc un rôle curatif (objet de multiples études) dans le développement des maladies cardiovasculaires, de certains cancers et d’autres maladies liées au vieillissement. Sans vous infliger un cours de biologie, il est peut-être bon de souligner que la présence des trois principaux antioxydants contenus dans le thé (les catéchines, les théaflavines et les théarubigines) peut varier en fonction de plusieurs facteurs comme le climat, la saison, la variété de thé, sa fraîcheur et le temps d’infusion qui est une donnée importante, souvent méconnue des consommateurs. On retiendra également que le thé vert contient davantage d’antioxydants que le thé noir et qu’une consommation de 30 cl de thé vert entraîne dans les heures qui suivent, une augmentation significative de l’activité antioxydante du sang.

De nombreuses études mais pas encore de certitude absolue.Enfin, qu’il soit vert, blanc ou noir, le thé est également considéré comme une source de flavonols qui joueraient eux aussi un rôle bénéfique sur la prévention de certaines maladies. Mais toutes ces affirmations sont naturellement à prendre au conditionnel. Pour les vertus anti-cancer, la Food and Drug Administration s’est clairement prononcée en 2004 en refusant de laisser apparaître ce type d’allégations sur des étiquettes alimentaires. La prudence est de mise. Concernant la perte de poids, quelques études cliniques ont démontré par ailleurs que les catéchines du thé pouvaient entraîner une légère diminution du poids corporel et du pourcentage de matières grasses.

Cet effet pourrait s’expliquer notamment par une augmentation du métabolisme et la diminution du mauvais cholestérol. Cependant, la plupart de ces études portaient sur des extraits purifiés de thé vert et n’ont pas été conduites sur le long terme. Là encore, la prudence est de mise. Elle s’impose en fait sur toutes les annonces reprises ces dernières années par la presse grand public qui a également évoqué les avantages que pourrait avoir le thé vert sur les fonctions cognitives chez les personnes âgées, contre le vieillissement en général et aussi contre le vieillissement de la peau… Même si, manifestement, l’industrie cosmétique n’a pas attendu pour intégrer des extraits de thé vert dans ses produits.

Principe de précaution.Enfin, il faut savoir qu’une consommation importante de thé vert n’est pas toujours recommandée. Notamment aux personnes qui subissent un traitement chimiothérapique, dans certains cas et sous prescription d’un médicament : le Velcade. En outre, le thé vert, par ses effets actifs, diminuerait l’absorption du fer contenu dans les végétaux, ce qui pourrait poser problème aux végétariens. Il serait aussi contre-indiqué avec certains traitements utilisant des anticoagulants ainsi qu’aux personnes souffrant de reflux gastrique ou de hernie hiatale. Voilà, en résumé, ce qui se dit essentiellement sur le thé vert qui, comme toute bonne chose, devrait être consommé de façon raisonnable.

Les tisanes sont sorties du placard

Les tisanes sont redevenues très à la mode en surfant sur la vague de l’écologie et du retour à la nature. Elles s’inscrivent également dans la catégorie des boissons consommées pour leurs supposés bienfaits. A la mode, les tisanes n’ont pas évité les rayons des épiceries fines où elles jouent davantage la carte plaisir dans des combinaisons gourmandes, que celle de la diététique, plutôt réservée aux pharmacies, herboristeries et autres magasins bios. Cela dit et comme pour le thé, la période post-festive peut conduire certains de vos clients à vous interroger sur une thématique santé. Quelle infusion pour drainer un foie fatigué ? Quelle autre pour retrouver une peau lumineuse ou un peu de vivacité ?

La première question qu’il va falloir clairement poser à vos clients porte sur l’effet attendu. Si c’est une recherche de plaisir et bien-être, les infusions dont vous disposez (le plus souvent conditionnées en sachets) vont remplir idéalement cette mission, d’autant que les compositions proposées sauront se montrer créatives et de qualité. Si c’est l’aspect curatif qui prévaut, il faudra préciser que c’est sur la base d’une décoction que les plantes délivrent idéalement leurs principes actifs. Pour ce faire, il faut mélanger la plante dans de l’eau froide et la faire bouillir pendant 2 à 5 minutes. On filtrera naturellement la boisson obtenue avant consommation. C’est moins pratique et l’on se rapproche ici de l’usage préconisé en phytothérapie, une médecine fondée sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels.

Des tisanes saines et savoureuses Dans l’imaginaire collectif, une tisane est une boisson saine. De l’eau et un bout de plante, que ce soit une feuille, une tige, une écorce, un fruit, en vrac ou en poudre et conditionné dans un sachet, c’est du naturel. D’autant plus que la commercialisation des plantes à tisanes est encadrée par des lois et des décrets, le consommateur sait qu’il peut boire son infusion en toute confiance. C’est une information, dans la mesure où lorsque vos clients vont acheter des plantes en vrac sur un marché, ils ne savent pas en général d’où elles viennent, comment elles ont été cultivées, cueillies, conservées et par qui elles ont été manipulées. En outre, personne ne leur dira si elles contiennent des pesticides qui, même s’ils ne sont pas vraiment solubles dans l’eau, n’ont rien de très engageant. En leur proposant une marque de référence, vous leur apportez la garantie d’un produit qui répond à un minimum de normes, le bio étant dans ce domaine un atout.

Pour quels bienfaits ?Si vos clients se plaignent d’avoir trop (ou mal) mangé, sachez qu’ils ne prendront aucun risque, bien au contraire, en consommant une tisane d’anis vert, de badiane, de camomille, de marjolaine, de mélisse, de menthe, de sauge, de serpolet, de thym ou de verveine. Toutes ces plantes sont réputées pour leurs vertus digestives vérifiées depuis des siècles. Si c’est le stress qui les préoccupe, s’ils ont du mal à s’endormir, orientez les du côté des plantes dites « calmantes » dont les vedettes sont le tilleul et la fleur d’oranger mais aussi la mélisse. Et si le tilleul-menthe est un grand classique, c’est qu’il répond à une problématique courante : la difficulté à trouver le sommeil après un repas trop riche.

Vous trouverez sur la toile de nombreux sites sérieux (on évitera pour l’occasion les sites marchands) qui parlent des plantes vues par la phytothérapie : c’est une piste à suivre si l’on veut s’assurer des vertus de telle ou telle variété. Au-delà des vertus digestives et calmantes, les tisanes peuvent offrir des qualités diurétiques et dépuratives qui s’inscrivent nettement dans la tendance détox. Aunée, bardane, bouleau (feuille de), bruyère cendrée, busserole ou raisin d’ours, callune, chiendent, cassis (feuille de), criste marine, fenouil (racine de), frêne (feuille de), fucus, fumeterre, genévrier, orthosiphon, pensée sauvage, piloselle, pissenlit, reine des prés, queue de cerise, sassafras (racine de), sureau noir, thé vert…

Voici, selon la nutritionniste Paule Neyrat, les plus courantes de la panoplie des plantes dites diurétiques. Elles revendiquent aussi, nous dit la spécialiste, une action dépurative, drainant les déchets, éliminant les toxines.« Certaines sont même laxatives aussi. Toutes ces plantes à visées éliminatoires de déchets de toutes sortes, sont souvent vendues en mélange destiné à faire maigrir. C’est là où le bât blesse, prévient Paule Neyrat. »

Plantes amaigrissantes ? Attention, danger ! Sauf en cas de maladie cardiaque, circulatoire ou rénale, notre diurèse se fait normalement. Autrement dit, on mange, on boit et on élimine. Nul besoin de plantes diurétiques, sous quelle forme que ce soit, tisanes ou gélules. Eliminer de l’eau n’a jamais fait maigrir personne, les graisses n’étant pas solubles dans l’eau et encore moins dans l’urine. De plus, quand ces plantes diurétiques sont absorbées régulièrement, elles peuvent être aussi dangereuses que les médicaments du même nom (quand ils sont eux aussi avalés dans l’espoir de maigrir) et engendrer de graves désordres métaboliques. Les plantes laxatives sont tout autant néfastes pour l’équilibre hydro-minéral qu’une diurèse accrue.

Quant aux plantes dépuratives, vendues comme « draineuse des déchets », mots magiques (comme celui de toxines) quand il s’agit d’amaigrissement et surtout de cellulite, on peut se demander vraiment à quoi elles servent. Les lipides stockés dans le tissu gras – qu’il soit ou non cellulitique – ne sont pas des déchets ! Si parmi les centaines de plantes ayant un pouvoir thérapeutique, l’une d’elles avait la faculté de dissoudre les graisses stockées, elle aurait été identifiée. Ce n’est pas le cas !

Que doit-on attendre d’une tisane ?Avant tout, une tisane est un moment de plaisir ! Plaisir du parfum, plaisir de la saveur, plaisir de boire la conscience tranquille (ça n’est pas de l’alcool ni un soda !), plaisir de prolonger un après dîner avec des amis… Les plaisirs apportés par une bonne tisane sont multiples. Surtout si l’on y ajoute celui d’une digestion plus paisible et d’un endormissement tranquille. Une tisane, c’est aussi, comme le thé (qui en fait en est une !), une bonne façon de s’hydrater avec une eau parfumée, chaude ou fraîche selon les saisons et les envies. Les tisanes sont donc un excellent moyen de se désaltérer et d’assurer l’équilibre hydrique de l’organisme. Mais elles relèvent en fait de la phytothérapie, la plus vieille médecine au monde. Aucune plante n’est innocente : toutes contiennent des centaines de principes actifs. Selon les phytothérapeutes, c’est l’interaction de ces différentes substances qui serait à l’origine de leur effet thérapeutique. Certaines de ces plantes sont bénéfiques et sans danger. Ce sont heureusement les plus usuelles.

*Paule Neyrat, nutritionniste auteur de nombreux ouvrages aux Éditions Alain Ducasse. Le dernier paru : Nature (simple, sain et bon) a été publié dans la collection Nature

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