vin chaud

Tonique et stimulant, le vin chaud

Le vin est un miroir dans lequel les civilisations reflètent des images multiples – les religions, les systèmes sociaux comme le rapport à la nature et à la santé – en raison de l’évolution de ses usages au cours de l’Histoire : le vin de messe, le vin d’honneur, le vin du travailleur…

Ainsi le vin chaud n’est pas aujourd’hui réservé aux marchés de Noël en Alsace, mais un reflet de traditions auxquelles les professionnels de l’épicerie fine se doivent d’être attentifs, même si les historiens n’ont guère approfondi la question. Selon certains, le vin épicé daterait de l’Empire romain. La première recette codifiée par le gourmet Apicius associait à du vin chauffé, du miel, du poivre, du mastic (résine de lentisque), du laurier, du safran et des noyaux de dattes torréfiés.

Le docteur Jean-Pierre Rifler, dans une étude exhaustive récente puissamment documentée (Les vertus du vin. Éditions Favre. 2022), rappelle que quatre siècles avant Apicius, Hippocrate (460-377 avant notre ère), le “père de la médecine”, vantait déjà les bienfaits du vin et du miel “administré avec à propos et juste mesure”. Quant à Gallien, médecin grec né à Pergame, il donne à l’empereur le conseil qu’il s’appliquait à lui-même : “Je vais me coucher, l’esprit en paix, le corps imbibé de vin d’Aquitaine, ma dernière trouvaille. Je te le conseille vivement, avec du miel et quelques épices. À coup sûr, c’est l’antidote contre nos soucis.” Lettre à Marc Aurèle du 4 janvier 175 (après J.-C.).

Le Moyen Âge s’approprie le vin chaud sous diverses appellations. Chrétien de Troyes l’appelle pimen ou bien Ypocras en Pays catalan, sans doute en hommage à Hippocrate. Grâce au port de Lattes qui reçoit les épices, Montpellier commercialise les vins épicés du Languedoc, y ajoute des clous de girofle et les exporte jusqu’à la cour de Henri III d’Angleterre. Le médecin montpelliérain Arnaud de Villeneuve est formel : “Le bon vin sert de médecin, le mauvais vin est un poison. Buvez-en peu mais qu’il soit bon.” La Faculté recommande alors le vin chauffé au fer rouge, pour “reconstituer la chaleur nécessaire au corps”. Il contient une décoction de sauge, de romarin et d’épices, du poivre surtout. Le vin aromatisé au poivre est-il l’apanage des poivrots ? Certains auteurs avancent que c’est l’origine du mot. Le Dictionnaire de l’Académie Française (8e édition) en doute : “n. m. Il se dit sans malveillance de celui qui a l’habitude de boire avec excès.” Aujourd’hui, poivrot est non seulement familier mais péjoratif. Le succès du vin chaud est assuré depuis le XVIe siècle en Scandinavie grâce roi Gustave Ier qui le fait préparer avec du vin du Rhin, du sucre, du miel et des épices (cannelle, gingembre, cardamome, clous de girofle). Il se répand dans toute l’Europe du Nord sous le nom de Glögg et jusqu’en Italie, sous le nom français de vin brûlé. Tonique et stimulant, le vin chaud est bon pour l’organisme !

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