Ce vendredi 3 octobre, la Biscuiterie de Provence fêtera ses 30 ans sur son site de production de Saint-Maurice-sur-Eygues (26). Forte d’une clientèle de plus de 700 épiceries fines, grands magasins et magasins bio, elle emploie aujourd’hui 38 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros par an, dont 20 % à l’export. Interview de son président Frank Bédouin sur les recettes des 30 dernières années et les défis à venir.
LMEF – Comment est née la Biscuiterie de Provence ?
Frank Bédouin – Notre famille a été, pendant plusieurs générations, transformatrice de fruits secs et en particulier d’amandes. En Provence, l’amande est aussi au cœur de nombreuses spécialités locales, comme les calissons ou les nougats. C’était donc naturel de construire notre offre autour de cet ingrédient. Mon oncle voulait sublimer l’amande en créant des biscuits gourmands et 100 % naturels. Nos deux premières recettes, la Croquette de Vinsobres et le Suprême du Ventoux, reflétaient déjà notre philosophie : la gourmandise, la qualité des ingrédients naturels et le savoir-faire artisanal.
LMEF – Quelles ont été les moteurs de la croissance ?
FB – Sur ces bases, nous avons diversifié notre offre et développé beaucoup de produits : nous comptons 120 recettes aujourd’hui. Le lancement de nos recettes bio en 2009 a été un accélérateur. Elles nous ont ouvert les portes du réseau des magasins bio et représentent désormais plus de 50 % de notre production. Nous avons aussi racheté il y a cinq ans la confiserie Le Petit Duc à Saint-Rémy de Provence. Ainsi, notre offre va de la biscuiterie salée et sucrée à la confiture provençale en passant par le chocolat.
« Les amandes de France ont de l’avenir »
LMEF – Comment conciliez-vous tradition et innovation ?
F.B. – Nous restons fidèles à notre terroir tout en adaptant nos produits aux tendances du marché. À partir de nos croquants aux amandes, nous avons ainsi développé dès 1997, une gamme de biscuits apéritifs de notre région. C’est-à-dire avec des nuances de pistou, tomate de Provence, d’ail de notre région, etc. Autre exemple, nos calissons confectionnés à Saint-Rémy, sont de forme carrée et non en losange. Ils contiennent plus de fruits confits que d’amandes. Cela les rend plus moelleux et moins sucrés.
LMEF – D’où viennent vos amandes ?
F.B. – Les amandes que nous utilisons proviennent à 100% du bassin méditerranéen. Elles viennent principalement d’Espagne, un peu d’Italie et dans une faible proportion de Provence. La production française augmente mais elle est très loin de couvrir les besoins de tous les transformateurs français. Je pense toutefois que l’amande de France a de l’avenir. Avec le réchauffement climatique, elle redevient une alternative à la vigne, qui l’avait supplantée dans les régions méridionales françaises.
« Nous oeuvrons à rendre la gourmandise plus saine »
LMEF – Quelle est votre vision de la gourmandise de demain ?
F.B. – Nous travaillons beaucoup pour nous mettre en phase avec tous les changements actuels : le réchauffement climatique, les cultures qui deviennent de plus en plus compliquées, non seulement celles qui sont proches de chez nous mais aussi les plus lointaines comme la culture du cacao. Nous commençons à en tenir compte dans nos recettes. Pareil pour toutes les problématiques liées à l’eau, aux emballages sans plastique et aux transports.
Nous oeuvrons enfin à rendre la gourmandise encore plus saine. Consommer des aliments qui procurent toujours autant plaisir mais contiennent moins de sucre, moins de matières grasses est un enjeu de demain. Or il se trouve que nos choix de privilégier les ingrédients naturels et bio nous y prépare depuis 30 ans…
Propos recueillis par Olivier Costil
30 ANS DE LA BISCUITERIE DE PROVENCE
1995 : fondation de l’entreprise à Visan par Geneviève et Jean-Louis Bédouin. Deux recettes emblématiques voient le jour : la Croquette de Vinsobres et le Suprême du Ventoux, un gâteau moelleux aux amandes sans farine, précurseur sur le marché du sans gluten.
2002 : reprise par Jean-Paul et Frank Bédouin, qui élargissent la gamme avec le Croquet de Provence, un biscuit apéritif décliné en plusieurs recettes.
2006 : inauguration d’un site de production moderne à Saint-Maurice-sur-Eygues, permettant de séparer les productions sans gluten.
2009 : lancement des premières recettes biologiques.
2019 : rachat du confiseur provençal Le Petit Duc.