Olivier Costil
En 2025, les Français prévoient de dépenser en moyenne 166 euros pour leur repas de Noël, selon une étude Havas Market. Mais au-delà du budget, c’est la manière dont ils préparent ces fêtes qui évolue profondément. L’intelligence artificielle (IA) s’impose désormais comme un outil pour organiser le réveillon, que ce soit pour imaginer des menus, adapter des recettes ou simplifier la logistique. Ce couplage « IA et repas de fête » est un défi pour les marques et les revendeurs d’épicerie fine : celui de rester visible dans un paysage où les algorithmes dictent une partie des choix des consommateurs.
Les chiffres sont sans équivoque : 53 % des Français de 18 ans et plus utilisent désormais un outil d’IA, selon une étude Kantar menée entre juillet et novembre 2025. ChatGPT domine le marché avec 37 % d’utilisateurs, suivi de Gemini (21 %) et Copilot (8 %). À l’approche des fêtes, un sondage YouGov pour le site de coffrets cadeaux de produits artisanaux français Ici Présent, 37 % des Français ont l’intention d’utiliser l’IA pour choisir leurs cadeaux de noël. Ils sont 51 % chez les moins de 45 ans).
Quant au couplage « IA et repas de fête », il est déjà effectif pour les utilisateurs de l’intelligence artificielle. Parmi les 18-24 ans, un sur deux (52 %) utilise déjà ChatGPT pour cuisiner, que ce soit pour trouver des idées de recettes ou optimiser l’organisation des repas, selon une étude Opinionway pour OpenAI (l’éditeur de ChatGPT).
Une tendance qui tend à se diffuser à l’ensemble de la population : 70 % des utilisateurs de ChatGPT prévoient de s’appuyer sur l’outil pour préparer leur réveillon. L’IA n’est plus un gadget, mais un partenaire, capable de générer des menus originaux (79 %), des listes de courses précises (73 %) ou même des vœux personnalisés (63 %)…
Cette adoption reste toutefois inégale selon les générations. Si 60 % des 18-24 ans estiment que l’IA deviendra courante en cuisine, seuls 33 % des 65 ans et plus partagent cet avis. Une fracture qui reflète des rythmes d’adoption différents mais aussi des attentes distinctes : les plus jeunes recherchent avant tout de la praticité, tandis que les seniors restent attachés aux méthodes traditionnelles.
IA et repas de fête : l’impact pour les marques
L’essor de l’IA dans les cuisines françaises pose un défi de taille aux marques et aux revendeurs : celui de la visibilité. Comme le souligne Vincent Naigeon, fondateur d’Ici Présent, site de vente spécialisé dans les coffrets cadeaux d’artisanat français, « celui qui ne maîtrise pas les techniques nécessaires pour se faire référencer dans les outils d’intelligence artificielle risque effectivement de rester dans l’ombre ».
Pourtant, cette transformation offre aussi des opportunités. Pour Vincent Naigeon « bien se positionner sur les IA implique une méthodologie de création de contenus un peu différents de ceux qui visent à générer du référencement naturel en ceci qu’il est moins basé sur des liens pointant vers d’autres pages internet (backlinks) que sur du texte et des images. »
Au-delà de la visibilité, l’IA modifie aussi les attentes des consommateurs en matière de personnalisation. Les Français ne se contentent plus de recettes génériques : ils recherchent des suggestions adaptées à leurs régimes alimentaires, à leurs préférences, ou à leurs contraintes budgétaires. Proposer des solutions sur mesure, comme des kits repas prêts à l’emploi, des listes de courses optimisées ou des conseils pour adapter les menus à des régimes spécifiques peut être un facteur de visibilité supplémentaire.
L’IA, levier pour mieux vendre les produits artisanaux ?
Dans ce contexte, il devient important de créer du contenu optimisé non seulement pour le référencement naturel, mais aussi pour l’IA. Les algorithmes privilégient les informations claires, structurées et facilement exploitables. Les marques doivent donc soigner leurs descriptions de produits, en mettant en avant les ingrédients, les origines et les suggestions d’utilisation. Les fiches recettes, par exemple, gagent à être détaillées et accompagnées d’images de qualité, afin d’être facilement repérées et utilisées par les outils d’IA.
Proposer des services complémentaires à l’IA peut faire la différence. Les consommateurs recherchent des solutions clés en main, comme par exemple des coffrets « repas de Noël » incluant recettes, ingrédients et astuces d’organisation. Les marques et leurs revendeurs peuvent aussi mettre à disposition des listes de courses téléchargeables ou organiser des ateliers en magasin pour guider les clients dans leurs préparatifs.
La proximité physique pour rester visible en digital
Pour les revendeurs, enfin, miser sur l’expérience client et le local reste un atout majeur. « Les détaillants qui ont pignon sur rue ne sont pas encore directement menacés car les IA actuelles ne permettent pas une recherche aussi précise que Google Maps ou Waze », note Vincent Naigeon. « L’enjeu pour les détaillants est donc de prendre le contrepied des IA en mettant en avant leur boutique physique et leur implication locale », recommande-t-il.
Il suggère donc aux commerces physiques de valoriser leur dimension de commerce physique de proximité. En organisant par exemple des événements qui attirent les clients en magasin ou en communiquant sur leur engagement local via les réseaux sociaux. Face à ”l’algorithmisation” rampante de la société, la commensalité et l’art de vivre à la française n’ont pas dit son dernier mot.
Sources statistiques :
- Étude Havas Market (septembre 2025) : dépense moyenne prévue pour le repas de Noël
- Étude Kantar (juillet-novembre 2025) : adoption de l’IA par les Français
- Étude OpinionWay pour OpenAI (novembre 2025) : usages de ChatGPT en cuisine (téléchargement)
- Étude YouGov pour Ici Présent (octobre 2025) : utilisation de l’IA pour les cadeaux de Noël



