Citron de menton

L’IGP Citron de Menton anticipe les suites du réchauffement

Petit joyau organoleptique de la Côte d’Azur, le citron de Menton IGP encourage les bonnes pratiques et la recherche variétale afin d’adapter sa culture aux aléas du réchauffement climatique.

Au cours dernières années, les Alpes-Maritimes ont traversé trois périodes de sécheresse et plusieurs épisodes hivernaux de pluies surabondantes. La culture du citron de Menton, spécialité de la ville frontalière bénéficiant d’une Indication Géographique Protégée (IGP), en a subi les conséquences.

La sécheresse réduit la taille des citrons

Citron de menton gros plan

« La qualité des fruits n’a pas été affectée mais une partie d’entre eux étaient moins gros, ce qui nous a conduit à demander à l’Inao une modification temporaire de notre cahier des charges », relate Stéphane Constantin, directeur de l’Association de Promotion du Citron de Menton (APCM). Les consommateurs n’ont pas perçu la différence car les citrons de calibre conforme au cahier des charges initial leur ont en effet été réservés. Les autres, trop petits, ont été orientés vers la transformation.

Autres conséquences, la sécheresse a freiné la croissance des arbres, tandis qu’à l’inverse les épisodes pluvieux ont provoqué d’inquiétants ravinement et éboulement. Suite à ces « nous voulons susciter une prise de conscience collective sur l’importance de préserver et développer ce produit du patrimoine azuréen qu’est le Citron de Menton.», poursuit Stéphane Constantin.

Vingt ans de reconquête

Citron de menton parcelle

Le citron est un agrume « cultivé à Menton depuis le XVè siècle qui a acquis au fil des temps un forte réputation culinaire. Sa production a toutefois commencé à décliner à partir du milieu du XIXè siècle pour quasiment disparaître dans les années 1950 », relate le directeur de l’APCM. Fondée en 2004, celle-ci a obtenu la reconnaissance du citron de Menton en IGP en 2015. Son action a permis la replantation de 6 000 arbres qui ne sont pas tous encore au stade de production.

Joyau gastronomique de la « Perle de la France » (ainsi que le géographe Elisée Reclus qualifiait la ville), le citron de Menton est un redevenu un authentique produit de terroir haut de gamme. Il se caractérise par son zeste très parfumé, son parfum de citronnelle très prononcé et ses taux de jus et de sucre supérieurs aux autres citrons.

Le terroir façonne le goût du citron de Menton

La cité des Alpes-Maritimes « bénéficie d’un microclimat très avantageux pour les agrumes permettant d’en avoir quasiment toute l’année, cultivés en plein air et en plein champ », nous rappelait il y a deux ans le producteur transformateur d’agrume Adrien Gannac, dirigeant de la maison éponyme basée à Menton. Mais comme la ville se situe aux limites septentrionnales des zones de productions de citron, le froid y est plus intense. Les citrons s’en défendent en se chargeant en sucre et en huile essentielle.

Specificités citron de menton

L’autre caractéristique du citron de Menton est qu’il demeure un produit purement artisanal. En effet, sa culture ne peut pas être mécanisée. Le relief montagneux de cette région frontalière de l’Italie ne le permet pas. Les parcelles sont petites et difficilement accessibles. Elles sont principalement exploitées par des particuliers qui récoltent à la main. Actuellement 74 planteurs sont impliqués dans l’IGP, dont la plupart sont des particuliers. Chaque verger IGP Citron de Menton compte une trentaine d’arbres en moyenne.

Une microproduction en progression

C’est pourquoi le citron de Menton reste un produit rare. Sa production annuelle est bon an mal an de 70 tonnes. Une microgouttelette à l’échelle des 12 000 tonnes de citrons français et des 15 millions de tonnes de citrons européens produits chaque année… Mais la production du citron de Menton progresse chaque année, portée par les replantations des 10 dernières années, l’engagement des producteurs locaux et l’intérêt des acteurs du secteur gourmet.

Logo apcm citron de menton

L’APCM s’est en conséquence engagée dans un travail d’action et de recherches sur son adaptation au changement climatique. Principal champ d’intervention : la consommation d’eau. « La culture des agrumes est très consommatrice d’eau et dans une région qui vit principalement du tourisme, il y a un risque de créer des conflits d’usage », analyse Sylvain Trottier, directeur de l’association Conséquences, qui accompagne l’IGP Citron de Menton dans la sensibilisation sur les conséquences du déréglement climatique.

Le premier Salon international de l’agrume

L’APCM travaille avec les parties prenantes à la mise en place de bonnes pratiques « limiter le gaspillage d’eau et préserver l’humidité sols en périodes estivales » décrit Stéphane Constantin. Au programme : récupération des eaux de pluie, paillage, enherbement des parcelles…  Dans une perspective à plus long terme, un partenariat a été engagé avec l’INRAE de Corse à la recherche de variétés moins consommatrices en eau qui resteraient compatibles avec les qualités gustatives du citron de Menton. Le cahier des charges de l’IGP autorise actuellement cinq variétés.

Dans cette bataille contre le déréglement climatique les Mentonnais n’entendent pas rester isolés. Ils cherchent à mobiliser avec les producteurs d’autres régions méditerrannéennes. L’APCM organise ainsi les 5 et 6 avril 2024 dans la ville frontalière le premier « Salon international de l’agrume ». Il accueillera une vingtaine de stands, dont une douzaine de gestionnaires d’indications d’origine, dont la moitié seront italiens, les autres provenant notamment de Grèce, Croatie et Portugal. Et proposera des démonstrations culinaires avec des chefs français et étrangers et des conférences scientifiques.

Citron de menton 2

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