Quelque 300 ostréiculteurs pourront prétendre à l’IGP Huître de Normandie dès sa mise en application fin novembre 2023. Soit 380 concessions sur 1 200 hectares de parcs à huîtres. La production normande est estimée à 25 000 tonnes. Les premières huîtres sous IGP devraient êtres mises en marché en février 2024.
L’lGP Huître de Normandie a été enregistrée le 24 octobre 2023 par la Commission européenne. L’Indication géographique protégée (IGP) est attribuée à des produits alimentaires en fonction de la provenance géographique, de l’existence d’un savoir-faire et du respect d’un cahier des charges garantissant la qualité du produit. C’est un « Signe d’identification de la qualité et de l’origine (Siqo) » officiel qui permet aux produits alimentaires concernés de bénéficier d’une protection au niveau européen et d’une reconnaissance de leur réputation de qualité.
L’IGP Huître de Normandie couvre 4 départements
L’aire géographique de production de l’Huître de Normandie s’étend sur les communes du littoral de quatre départements (Calvados, Eure, Manche, Seine-Maritime), depuis la commune de Granville (50) jusqu’à la commune de Sainte-Marguerite-sur-Mer (76) en passant par Asnelles (14). L’Huître de Normandie est une huître creuse. Sa coquille est dure, de forme régulière, sans partie ébréchée. Le muscle est ferme et maintient la coquille fermée, permettant une bonne conservation lors du transport et de la commercialisation.
La première région ostréicole française
© Comité Régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord
La Normandie est la première région ostréicole française. La production d’huîtres en Normandie était initialement basée sur l’exploitation de gisements naturels. Les huîtres étaient pêchées et stockées sur l’estran, partie du littoral découverte à marée basse, dans l’attente de leur expédition. Exposées à l’alternance des marées, elles se conservaient mieux lors du transport car elles restaient fermées, tandis que les huîtres fraîchement pêchées s’ouvraient et mourraient rapidement. Cette pratique appelée « trompage » s’est alors développée.
Le trompage, un savoir-faire normand
La raréfaction des gisements naturels à la fin du XIXe siècle a conduit au développement des pratiques d’élevage actuelles. Le trompage, typiquement normand, s’est perpétué. Le savoir-faire des ostréiculteurs normands se manifeste également dans la manipulation des poches qui contiennent les huîtres, pour les déplacer sur l’estran afin de favoriser la pousse du coquillage et la formation d’une coquille régulière grâce aux forts courants marins de la Manche.
Seulement deux régions ostréicoles IGP en France
Avant la Normandie, une seule région ostréicole a obtenu une IGP. Il s’agit de Marennes-Oléron. Ce bassin de Charente-Maritime est aussi le seul à recenser des huîtres Label Rouge, la fine claire et la pousse en claire Marennes-Oléron. Les fines et spéciales Marennes-Oléron détiennent également une Certification de Conformité des Produits (CCP) qui valorise la qualité constante des aliments sous cahier des charges. Les huîtres creuses de Bretagne disposent également d’une CCP. Un dossier d’IGP « huître de Bretagne » est en cours d’instruction. Aucune variété d’huîtres ne dispose actuellement d’une Appellation d’origine contrôlée (AOC).
Plus de 10 000 t de produits de la mer normands sous signes de qualité
Dans les produits de la mer, la Normandie détient pour sa part une autre IGP (Bulots de Granville), trois Label Rouge (Coquilles et Noix de Coquilles Saint-Jacques fraîches ou surgelées) et une STG (Spécialité traditionnelle garantie) Moules de Bouchot. Celles-ci recouvent une production totale de 10 419 tonnes et un chiffre d’affaires de 26,6 millions d’euros (chiffres 2020).
Les Siqo bretonnes ont un temps d’avance
La Bretagne possède pour sa part une AOP (Moule de Bouchot de la Baie du Mont Saint-Michel), une STG (Moule de Bouchot), neuf produits Label Rouge dans la conservation et préparation à base de poisson et produits de la pêche. L’ensemble totalise 16 400 tonnes de produits de la mer frais et près de 1 300 tonnes de préparations et conserves à base de poisson, soit 51 % de la production nationale (volumes 2021).
