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Les Français et le plaisir : un hédonisme parfois contrarié

Les zOOms de l’Observatoire Cetelem, accompagnés par Harris Interactive, se sont intéressés aux sources de plaisir au quotidien ou sur le long terme, à la manière dont elles sont impactées par les différentes crises qui se succèdent depuis ces dernières années. Dans cette première vague, l’étude se concentre sur le ressenti des Français, leur perception de l’importance du plaisir, sur les contraintes extérieures, les événements et leur impact. Analyse.

Interrogés sur leurs sources de plaisir, les Français citent en premier lieu les moments partagés en famille (notamment avec les enfants), ou entre amis, mais aussi les plaisirs de la table (chocolat, restaurant). Le sport et la nature figurent également parmi les sources de plaisirs les plus souvent évoquées spontanément, ainsi que les vacances, le soleil, le farniente. Nombre de plaisirs cités par les Français n’ont pas de dimension commerciale et font partie des  » plaisirs simples « .

Les Français accordent une attention particulière à leur plaisir au quotidien. À l’unanimité ou presque (94%), il est important pour eux de se faire plaisir dans la vie de tous les jours. Un hédonisme fièrement affiché, et partagé par l’ensemble des catégories de population. Néanmoins, trouver du plaisir dans la vie de tous les jours n’est pas une évidence pour tous, et 31% de la population indique avoir des difficultés à le faire.

En règle générale, plus leurs revenus sont élevés, plus il semble facile aux Français de trouver du plaisir dans la vie quotidienne. Même si une majorité, donc, trouve les plaisirs du quotidien relativement accessibles, les Français ne se montrent pas comblés pour autant et expriment une certaine frustration. En effet, 60% d’entre eux indiquent qu’ils voudraient s’offrir plus de petits plaisirs quotidiens que ne leur permettent les contraintes de leur vie. Un sentiment de frustration qui touche davantage les femmes que les hommes (64% vs 55%) et les personnes les plus modestes comparativement aux personnes bénéficiant d’un revenu élevé (69% vs 42%).

Lorsqu’ils comparent leur situation à celle d’il y a 3 ans, les Français ont souvent le sentiment qu’il est plus difficile aujourd’hui de trouver du plaisir (41%), tandis que seuls 18% sont de l’avis contraire. Les 41% restants, quant à eux, ne perçoivent pas de variation. Ce sentiment de perte de plaisir touche davantage les Français les plus modestes (46%, contre 34% seulement chez les plus aisés).

Le budget, obstacle n°1 au plaisir des Français ?

71% des Français voient le temps dont ils disposent aujourd’hui comme un facteur favorisant leur plaisir. Quant aux efforts qu’ils peuvent être amenés à faire pour avoir une bonne hygiène de vie (sport, etc.), ils sont perçus comme favorables au plaisir par 68% de la population. Légèrement plus mitigés lorsqu’ils considèrent leur état physique et psychologique, les Français y voient néanmoins plus souvent un facteur de plaisir qu’un frein.

À l’autre bout du spectre, 51% des Français indiquent nettement une influence négative des événements extérieurs actuels (situation internationale, sanitaire, environnementale, etc.) sur leur plaisir. Une période vécue comme sombre, et dont les doutes se manifestent également dans le porte-monnaie : 45% des Français désignent le budget dont ils disposent actuellement comme un obstacle à leur plaisir. Au total, qu’elle soit positive ou négative, 89% des Français reconnaissent une forme d’influence de leur budget disponible sur leur capacité à se faire plaisir. Une perception qui paraît paradoxale étant donné que spontanément, lorsqu’ils sont interrogés sur leurs sources de plaisir, les Français ne citent pas prioritairement des choses qui peuvent s’acheter.

La question du budget apparaît d’autant plus déterminante que plus des ¾ de la population (77%) mentionnent l’inflation et la crise économique comme l’un des événements récents ayant le plus porté atteinte à leur plaisir quotidien, événement plus souvent cité que la pandémie de Covid-19 (75%). Les Français identifient également la guerre en Ukraine et les attaques terroristes comme ayant eu un impact non négligeable sur leur capacité à éprouver du plaisir au cours des dernières années. Les événements extérieurs sont ainsi loin de laisser les Français indifférents, y compris sur des dimensions moins directement spectaculaires ou sensibles dans son quotidien : plus d’un sur deux estiment aujourd’hui voir son plaisir perturbé par les questions liées aux dérèglements climatiques.

Quelle place pour le plaisir personnel des Français face au monde et aux autres ?

Lorsqu’ils comparent leur propre situation à celles des générations antérieures, les Français tendent à imaginer un passé plus insouciant, plus libre de contraintes que la période actuelle. Les ¾ d’entre eux n’hésitent pas à souscrire, toutes générations confondues, à l’idée que  » les générations précédentes pouvaient trouver du plaisir plus facilement « .

En revanche, lorsqu’ils se comparent à leurs compatriotes à l’heure actuelle, les Français s’estiment souvent mieux lotis (35%, contre 13% s’estimant  » plus à plaindre « , et 52%  » ni plus ni moins à plaindre « ). Lorsqu’ils se comparent au reste de la population mondiale, cette impression est encore plus nette (54%). Quelle que soit leur perception de leur propre situation, les Français se montrent plutôt sensibles au sort des autres : ainsi, 56% d’entre eux déclarent que les difficultés des autres les affectent beaucoup, dont 10% ont le sentiment que cela les handicape au quotidien dans leur capacité à éprouver du plaisir.

En particulier, cet impact peut prendre la forme d’une culpabilité. 60% des Français estiment qu’il est difficile de se faire plaisir sans culpabilité aujourd’hui. Aussi, les Français se montrent souvent tentés par le repli et l’envie de se couper du monde pour retrouver du plaisir (68%).

On ne note pas enfin de différence fondamentale de posture entre les plus aisés et les plus modestes. Certes, les Français les plus aisés vivent davantage la consommation de produits locaux et de saison comme un choix personnel, mais ce n’est pas le cas pour tous les gestes écologiques. Ainsi, le fait de privilégier le train au détriment de l’avion, ou de s’offrir un produit d’occasion, constituent des gestes un peu moins évidents aux yeux des Français les plus aisés.

Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 21 au 25 avril 2022. Échantillon de 1 290 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle de et région de l’interviewé(e).

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