Une nouvelle approche de l’épicerie fine à Nantes
Installée dans l’hypercentre de Nantes, The Good Life a ouvert ses portes en février dernier. À la tête de ce commerce qui fait à la fois coffee shop et épicerie fine, Myriam Ferrand est une commerçante aguerrie.
Le Monde de l’Épicerie Fine – Pourquoi avoir choisi d’ouvrir une épicerie fine ?
Myriam Ferrand – Cela fait vingt-cinq ans que je suis dans le commerce et j’ai notamment passé huit ans dans les cosmétiques où j’ai vraiment connu la vente “plaisir” avec des clients qui venaient pour se faire du bien. Forte de ce constat, je m’étais toujours dit que le jour où je me mettrais à mon compte, ce serait pour vendre des bons et beaux produits à des gens qui viennent pour se faire plaisir ou faire plaisir à des personnes qui leur sont chères. Je voulais surtout des produits qui nécessitent beaucoup d’échanges entre le commerçant et son client. D’où la partie épicerie fine de mon magasin avec une offre autour de l’apéritif, des épices, du thé, du café, du chocolat : autrement dit, des choses qui mettent tout le monde d’accord. Mais comme je savais aussi qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui poussent la porte d’une épicerie fine spontanément, je me suis dit qu’il me fallait un deuxième produit d’appel qui fasse que les gens viennent me voir régulièrement. C’est pour ça que j’ai ouvert un espace coffee shop avec le café de spécialité, le thé et des pâtisseries anglaises. Les clients peuvent choisir d’emporter leur commande ou de s’installer autour d’une table en se posant quelques minutes. Je voulais proposer une sélection de produits de niche s’adressant à des gens qui s’y connaissent et sont sensibles au goût.
LMEF – Comment avez-vous construit votre offre ?
M.F – Je me suis rendue sur les salons professionnels comme Gourmet Selection et les Épicures, et j’ai fait énormément de benchmark et pas qu’à Nantes. Je suis allée un peu partout en France pour voir ce qui se faisait. J’ai évité les produits trop locaux et bretons parce qu’on en voit beaucoup par ici et que c’est toujours un peu la même chose. J’ai pris soin de référencer des produits qu’on ne trouvait pas forcément à Nantes.
LMEF – Façade en bois vert anglais, murs en pierres apparentes, parquet : votre boutique joue la carte de l’élégance et de l’espace…
M.F – Oui, je voulais que les produits soient présentés comme dans un écrin, et une déco qui fasse que les gens se sentent un peu chez eux, aient envie de se poser, de rester et c’est ce qui se passe. Les clients entrent souvent pour un café à emporter et finalement, ils choisissent de le prendre sur place. On discute, il y a des échanges et forcément ça leur donne envie de revenir et d’acheter.
LMEF – Il est sans doute un peu tôt pour un premier bilan et parler de panier moyen…
M.F – Oui, même si l’on voit déjà qu’il y a deux types de paniers moyens : celui qui porte sur la petite restauration n’est pas très haut, et pour celui de la partie épicerie en tant que telle, on est sur 35/40 euros. Je suis confiante et je pense que j’ai eu du nez en proposant cette activité de coffee shop : cela fait venir du monde chaque jour dans le magasin et le monde attire le monde. C’est plus dynamique aussi pour moi : même si c’est juste pour un café, une tasse de thé ou un petit gâteau, ce qui compte, c’est qu’il y a du monde ! Et même s’ils n’achètent pas le jour même, je vois souvent revenir cette clientèle qui, à force de visualiser les produits, fini par intégrer l’idée qu’on les trouve ici. Pour le reste, je suis quelqu’un de positif et je sais qu’il faut neuf mois à un an pour qu’un commerce commence à avoir une clientèle fidèle. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire en attendant : j’organise aussi des petits déjeuners, quelques soirées, j’essaie de me faire connaître au maximum et le plus vite possible.
LMEF – Un premier profil de clientèle ?
M.F – Le magasin se trouve rue Mercœur, dans l’hypercentre. C’est une rue un peu “village” avec une clientèle de quartier. On a aussi du passage parce que l’on est voisin de l’hôtel Radisson qui accueille une bonne clientèle de touristes. L’emplacement n’est pas mauvais.
LMEF – Combien de références proposez-vous ?
M.F – J’en ai environ quatre cents. J’attends de voir comment cela va se passer, j’ai pris certains produits qui marchent un peu moins bien que je ne vais forcément recommander… Je pense que dans l’épicerie fine, il faut être en veille concurrentielle tout le temps. Il faut rester hyper à l’écoute des clients, ne pas hésiter à évoluer dans le temps et quand il y a un nouveau produit, il ne faut pas hésiter à le référencer sans en prendre trop dans un premier temps. J’ai choisi d’avoir une grosse largeur d’offre et pas trop de profondeur pour ne pas avoir un stock de dingue sur chaque référence. Il faut faire tourner les produits, montrer au client que l’on a tout le temps des nouveautés, leur donner envie de revenir.
Propos recueillis par Bruno Lecoq